L’orchestre Les Siècles et François Xavier Roth fêtent le nouvel an avec un programme 100 % français préparé avec le palazetto bru zane



Après le très beau concert de la compagnie La Tempête la semaine dernière à Poitiers (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/01/lensemble-la-tempete-en-tete-daffiche.html), j’ai repris le chemin de La coursive, la salle estampillée Scène Nationale de La Rochelle. En ce début d’année, cette belle salle accueillait l’orchestre Les Siècles dirigé par François Xavier Roth son chef et fondateur. Le programme de ce concert intitulé « Champagne » a été préparé en collaboration avec le Palazetto Bru Zane qui promeut la musique classique française. C’est ainsi, qu’avec le même organisme la phalange, devenue incontournable dans le paysage musical français, a ressorti des placards le très méconnu opéra de Camille Saint Saëns (1835-1921) « Le timbre d’argent » présenté à l’Opéra Comique en 2017 et gravé en CD en 2020. Poursuivant son travail de défricheur, François Xavier Roth a concocté un programme alternant judicieusement « tubes » et raretés. J’ai particulièrement apprécié la diversité des œuvres et des compositeurs, dont une femme : Jeanne Danglas (?-1915). Si l’on connaît très peu de choses sur Danglas, on ne sait ni quand ni ou elle est née, il semble qu’au moins une de ses œuvres soient parvenues jusqu’à nous.


Qui dit concert du nouvel an, dit programme de fête et avec « Champagne » François Xavier Roth a frappé très fort en ne programmant que des œuvres françaises. Le travail de recherche en amont des concerts, réalisé en collaboration avec le Palazetto Bru Zane, est d’autant plus important et remarquable qu’il permet au final de sortir de l’oubli des compositrices comme Jeanne Danglas (?-1915) dont la pièce, joliment intitulée « L’amour s’éveille » séduit le public, venu nombreux, en ce début d’année et des compositeurs comme Émile Waldfeutel (1837-1915) dont les deux pièces « Grande vitesse – galop » et « valse des patineurs », une dans chaque partie, entraîne le public dans un univers très dansant, voire pétillant ; mais ce travail reste considérable et je ne doute pas que François Xavier Roth proposera d’autres programmes aussi beaux que celui ci. C’est « Le carillon » de Jules Massenet (1842-1912) qui ouvre la soirée ; et dès l’entame de cette pièce, charmante au demeurant, j’apprécie la direction ferme, nerveuse, précise de François Xavier Roth visiblement survolté ainsi que la belle musicalité et le talent des musiciens de l’orchestre ; orchestre qui suit d’ailleurs son chef avec une précision millimétrée pendant toute la soirée. La « valse caractéristique » extraite du Ballet du chevalier Jean de Victorin de Joncières (1839-1903) fait partie de ces raretés dont je parlais au début de cette notule et elle est interprétée avec une belle vivacité. Si on ne présente plus Carmen de Georges Bizet (1838-1875), le prélude du IIIe acte est interprété avec talent et sobriété par l’excellente flûtiste Marion Ralincourt, qui est aussi la chef du pupitre flûtes de la phalange. On peut s’étonner de voir le nom illustre de Strauss intégrer «Champagne », mais le compositeur strasbourgeois Isaac Strauss (1806-1888) n’a rien à voir avec la dynastie viennoise (Autriche) ni avec l’allemand Richard Strauss (1864-1949). Plus proche des Strauss autrichiens, il a laissé un beau corpus de musique « festive » qui ne pouvait que correspondre au programme de ce beau lundi soir de janvier, et donc , logiquement, l’intégrer. Si la « Hébé ! Polka » présentée en début de soirée donnerait presque envie de danser, le « quadrille sur Orphée aux enfers », hommage vibrant à Jacques Offenbach (1838-1880), nous entraîne sans coups férir dans un univers vivant, amusant, festif et clôt brillamment un programme réjouissant, très dynamique, voire même « endiablé ». De Camille Saint Saëns (1835-1921) on connaît surtout l’opéra « Samson et Dalila » ; mais « Le timbre d’argent », son premier opéra, est très vite tombé dans l’oubli. Pourtant, il y a de très belles pages dans cet opéra dont la « valse » présentée en cours de soirée (François Xavier Roth et son orchestre l’ont ressorti de l’oubli en 2017 (représentations données avec succès à l’Opéra Comique. Le coffret est sorti en 2020 sous le label « Bru Zane Label). Le public, venu nombreux ne s’y est pas trompé en réservant un accueil très chaleureux à l’ensemble des artistes présents sur la scène de La Coursive.


François Xavier Roth et Les Siècles ont donné un concert de très haute volée lundi soir. En fin de concert, François Xavier Roth n’a pas manqué de remercier le public pour son accueil, de présenter ses vœux au nom de l’orchestre et d’annoncer lui même le bis qu’ils ont interprété : « Bella Polka » d’Émile Waldfeutel. Après le superbe concert de Chambord (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2021/07/lorchestre-les-siecles-celebre-camille.html) l’orchestre Les Siècles a récidivé et, en collaboration avec le palazetto bru zane, a contribué une fois de plus à sortir des placards des compositeurs et des œuvres qui sommeillaient de longue date dans des placards.


Compte rendu, concert. La Rochelle. La coursive, le 10 janvier 2022. Jules Massenet (1842-1912) : Le carillon (valse au cabaret) ; Hervé (1825-1892) : Paris Exhibition (N°6 – espagnoles, N°7 – Séguedille) ; Jeanne Danglas (?-1915) : L’amour s’éveille ; Georges Bizet (1838-1875) : Carmen (prélude de l’acte III – andante), L’arlésienne (Suite N°1 – adagietto) ; Isaac Strauss (1806-1888) : Hébé ! Polka, Quadrille sur Orphée aux enfers (de Jacques Offenbach [1838-1880]) ; Théodore Dubois (1837-1924) : La farandole (deuxième suite – N°5, valse des âmes infidèles) ; Charles Gounod (1818-1893) : Faust (Ballet – N°5 Moderato con moto, Les troyennes) ; Victorin de Joncières (1839-1903) : Valse caractéristique (Ballet du chevalier Jean – N°4) ; Camille Saint Saëns (1835-1921) : Le timbre d’argent (opéra) – valse ; Émile Waldfeutel (1837-1915) : Grande vitesse – galop, valse des patineurs, bis : bella polka ; Ambroise Thomas (1811-1896) : Raymond, (opéra) – ouverture ; Ernest Guiraud (1837-1892) : Gretna-Green – valse ; Philippe Musard (1792-1859) : Ouistiti Polka ; Léo Delibes (1836-1891) : Coppélia - valse lente. Fr-ançois Marie Drieux, violon ; Robin Michael, violoncelle ; Marion Ralincourt, flûte, orchestre Les Siècles. François Xavier Roth, direction.

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