Musique baroque, musique brésilienne et fado au programme de Joao Paulo Ferreira et Joao Santos
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Voilà plus de trois ans que nous n’avions pas eu le plaisir de voir le contre ténor portugais d’adoption Joao Paulo Ferreira (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2021/12/saint-avertin-de-montevrdi-piazzola-un.html). Il revient dans la charmante église Saint Cyr et Sainte Julitte de Saint Cyr sur Loire – ville de 17 000 habitants environ – située à quelques encablures de Tours avec l’organiste portugais Joao Santos pour un récital original ou la musique baroque côtoie la musique brésilienne et le fado. C’est l’association saint cyrienne « Présence de l’orgue » qui a organisé ce concert sur l’initiative de la présidente de l’association aujourd’hui disparue France Portugal 37. Le but étant bien sûr de mettre l’orgue reconstruit depuis peu en valeur.
@ crédit photo : Serge Clario
Après les remerciements d’usage, car le concert se déroule en présence du consul du Portugal, il commence par une pièce d’orgue composée par le compositeur portugais Antonio Correa Braga dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’il était aussi organiste. Avec « Bataille du 6° ton », l’organiste Joao Santos, fait résonner l’orgue de l’église Saint Cyr et Sainte Julitte avec élégance. Les tempos et les nuances sont parfaits et Santos manie les treize jeux de l’orgue avec une précision peu commune. La musique sort du bel instrument avec grâce et envahit l’église sans efforts tant le bâtiment a été parfaitement restauré par la municipalité. Le premier air d’opéra – Pena tiranna – que Joao Paulo Ferreira interprète est extrait de Amadigi di Gaula de Georg Friedrich Haendel (1685-1759). Ferreira fait siens les sentiments contradictoires de Dardano ; la voix est parfaitement maîtrisée, la tessiture impressionnante, les tempos et les nuances sont parfaits. On notera que Ferreira a programmé un extrait du très rare Cléofide de Johann Adolf Hasse (1699-1783) ; Hasse est bien connu tant par les artistes que par les mélomanes, mais comme tant d’autres compositeurs, une partie de ses œuvres est rare voire oubliée. On ne peut donc que se réjouir de voir ces œuvres rares ou oubliées programmées en récital ou en concert. Après que Joao Santos ait brillamment interprété une Pièce d’orgue de Jean Sébastien Bach (1685-1750), Joao Paulo Ferreira, interprète quatre chansons traditionnelles de son pays d’origine : le Brésil. La encore, on le voit passer d’un registre à l’autre sans efforts passant du contre ténor au ténor ou au baryton tout en nous faisant profiter avec un plaisir gourmand de la belle musique de son pays d’origine. La troisième et dernière œuvre pour orgue est française. La berceuse N°19 opus 31 de Louis Vierné (1870-1937) est parfaitement interprétée par Santos décidément très inspiré. Le programme officiel se termine par trois chansons de fado ; là encore le répertoire est si vaste que Ferreira a dû faire des choix. Mais chaque chanson met en valeur la voix chaleureuse de Joao Paulo Ferreira qui continue à faire le show avec un malin plaisir dans la chapelle ou l’orgue est installé.
Cette performance de toute beauté a permis à Joao Paulo Ferreira de faire profiter le public venu nombreux de sa belle voix dont nous avons pu apprécier la tessiture très étendue qui lui permet de passer avec une aisance confondante de l’opéra à la musique brésilienne puis au fado. Quant à Joao Santos il a fait montre d’un talent inégalable passant brillamment de la musique pour orgue à l’accompagnement sans efforts. Et le public ne s’ est pas trompé en réservant aux deux artistes une ovation debout.
Compte rendu, concert. Saint Cyr sur Loire. Eglise Saint Cyr et Sainte Julitte, le 30 mars 2025. Antonio Correa Braga (?- ?) : Batalha do 6° tom (bataille du 6e ton) --→ œuvre pour orgue seul ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Pena tiranna (extrait de l’opéra Amadigi di Gaula) ; Antonio Vivaldi (1678-1741) : Gemo in un punto e fremo extrait de l’opéra L’olimpiade) ; Johann Adolf Hasse (1699-1783) : Dov’è ? Se affretti (extrait de l’opéra Cleofide) ; Johann Sebastian Bach (1685-1750) : pièce d’orgue BWV 572 ; Chiquinha Gonzaga (1847-1935) : Lua Branca ; Anonyme (1910 – Modinha Brasiliera) : Casinha pequnina ; Jayme Ovalle (1894-1955) : Azulao ; Waldemar Henrique (1905-1995) : Uirapuru ; Louis Vierné (1870-1937) : Berceuse N°19 opus 31 pour orgue seul ; Alain Oulman (1928-1990) : Gaivota (paroles de Alexandre O’Neil), Fado português (paroles de José Regio) ; Alberto Janes (1909-1971) : Foi Deus. Bis : une chanson de Dalida (1933-1987) ; Charles Gounod (1818-1893) : Ave Maria. Joao Paulo Ferreira, contre ténor ; Joao Santos, orgue.
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