L’ensemble Les ombres donne une belle sérénade à Poitiers

L’ensemble Les ombres, fondé et dirigé par Margaux Blanchard et Sylvain Sartre, est un habitué du Théâtre Auditorium de Poitiers. En effet, le concert du 11 février était le troisième d’une série que nous espérons longue. Si le dernier passage de l’ensemble a bercé le public du Théâtre Auditorium de Poitiers (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2023/03/lensemble-les-ombres-berce-la-sieste-du.html) – le jeune et brillant violoniste Théotime Langlois de Swarte avait d’ailleurs intégré la phalange à l’occasion de ce concert un peu particulier puisque la jauge du spectacle était très réduite.

Pour une fois, l’ensemble Les ombres n’est représenté que par ses deux fondateurs et co-chefs d’orchestre : Margaux blanchard et Sylvain Sartre ; ils accompagnent avec talent et sobriété la séduisante mezzo soprano Fiona McGown. Le programme qu’ils ont monté pour cette tournée balaie une large palette de l’histoire de la musique allant du Xe siècle à nos jours. Je note avec plaisir que Margaux Blanchard ne se contente pas de diriger et de jouer de la viole de gambe puisqu’elle compose aussi. Les deux extraits du cycle intitulé Icare (Le temps qui passe et vol de nuit) sont joliment tournés, interprétés avec talent et simplicité et s’intègrent parfaitement au programme tant on les prendrait pour des œuvres de la période baroque.

La soirée débute avec une œuvre de Luciano Berio (1925-2003) : Rossignolet du Bois. La mezzo soprano Fiona McGown fait son entrée non pas par les coulisses mais par le fond de la salle.Cela nous permet d’apprécier la belle voix de mezzo de la jeune femme et une diction parfaite (c’est plus difficile quand les artistes sont sur le plateau) ; par ailleurs, Sylvain Sartre fait, lui, son entrée devant la scène. Dans les pièces instrumentales, On notera la charmante pièce anonyme du Xe siècle, intitulée Harvun qui nous fait remonter dans un lointain passé, à l’époque des. Le Pourquoi doux rossignol de Jean Baptiste de Bousset (1662-1725), également instrumental nous permet de profiter un peu plus longtemps du talent du duo Sartre/Blanchard. Outre la mélodie de Berio et celles de Margaux Blanchard elle même, Fiona McGown interprète aussi des œuvres de Maurice Ravel (1875-1937) – Chanson des cueilleuses de lentisques, Très beaux oiseaux du paradis –, on n’a pas 150 ans tous les jours, ou encore de Jean Philippe Rameau (1683-1764), François Couperin (1668-1738). La jeune femme interprète chaque mélodie avec une parfaite maîtrise de sa voix, une diction parfaite, quelque soit la langue – français, italien, anglais –. L’accompagnement de Margaux Blanchard et Sylvain Sartre est idéal tant dans les tempos que dans les nuances.

C’est un très beau concert que nous ont proposé Les ombres – dont Margaux Blanchard et Sylvain Sartre sont les dignes représentants à l’occasion de cette tournée – et Fiona McGown. Si les trois artistes ont concédé deux bis à un public venu nombreux, nous aurions aimé profiter d’un programme un peu plus long.

Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 11 février 2025. Luciano Berio (1925-2003) : Rossignolet du bois ; Margaux Blanchard (née en 1985) : Icare, le temps qui passe, Icare, vol de nuit ; anonyme (Xe siècle) : Havun (instrumental) ; Maurice Ravel (1875-1937) : Chanson des cueilleuses de lentisques, Très beaux oiseaux du paradis ; Jean Baptiste de Bousset (1662-1725) : Pourquoi doux rossignol (instrumental) ; Jean Philippe Rameau (1683-1764) : Viens hymen ; François Couperin (1668-1738) : Les bergeries ; Claudio Monteverdi (1567-1643) : Possente spirto, Obvilion suave ; Benjamin Britten (1913-1976) : Il est quelqu’un sur terre, The salley gardens ; Joseph Haydn (1732-1809) : John Anderson, Mary’s dream ; Henry Purcell (1659-1695) : Here the deities Approves (instrumental). Margaux Blanchard, viole de gambe ; Sylvain Sartre, flûte traversière ; Fiona McGown, mezzo soprano. Ensemble Les ombres.

Crédit photo Margaux Blanchard et Sylvain Sartre, ensemble Les ombres : JB Millot

Crédit photo Fiona McGown : Thomas Révay