Ingrid Perruche et Daniel Isoir parlent d’amour à leur public



Pour le deuxième concert de l’édition 2024 du festival de la Dive musique – la treizième du nom – Stéphane Béchy, directeur artistique de la manifestation, a invité la très belle soprano Ingrid Perruche et le pianofortiste Daniel Isoir, bien connu à Seuilly ou il est déjà venu (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/08/daniel-isoir-et-stephanie-marie-degand.html). Le thème de l’édition 2024 de la Dive musique étant l’amour, Ingrid Perruche a monté un programme charmant de mélodie françaises et de lieder allemands. Pour lui permettre de prendre quelques minutes de repos, Daniel Isoir a interprété deux œuvres pour pianoforte.


La soirée débute par un dîner assez décevant, car il s’agissait d’un buffet de salades, de pâtés, terrines, de viandes et autres rillettes accompagnés d’un plateau de fromages et de tartes aux pommes. Si j’ai apprécié l’installation dans les jardins du manoir face à une vue de toute beauté nous permettant de profiter des ballades des montgolfières, j’aurais aimé voir servi un dîner avec entrée plat dessert. Si l’association qui gère le festival n’a que de bonnes intentions en organisant ce moment convivial avant le concert, je regrette justement qu’il n’y ait eu ni véritable convivialité ni proximité entre les convives, chacun s’installant entre membres d’un milieu un peu surfait sans jamais faire l’effort d’aller vers l’autre.




C’est dans une autre salle du manoir, semblable à une ancienne chapelle, que le récital se déroule. Le public nettement moins nombreux que l’an dernier (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2023/08/le-claveciniste-pierre-gallon-ouvre.html) s’installe à sa guise pour profiter de la belle voix d’Ingrid Perruche qui n’est pas une inconnue pour les mélomanes chevronnés. C’est donc une ode à l’amour que le duo Perruche / Isoir nous délivrent avec un plaisir gourmand. Quel que soit le compositeur qu’elle interprète, Ingrid Perruche y met tout son coeur mais aussi une belle énergie ; les tempos et les nuances sont parfaits, donnant à chaque mélodie, à chaque lied des couleurs inattendues ; d’autre part, la diction, parfaite, donne aux poèmes une force peu commune. Elle fait passer avec talent les personnages dépeints dans ces si courtes œuvres par toutes sortes de sentiments contradictoires. Le charmant lied « Dans un bois solitaire » composé par Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) sur un poème français donne le ton de la soirée. Mais c’est avec la comptine « Ah ! Vous dirais je maman » du même Mozart interprétée au pianoforte par un Daniel Isoir très inspiré que le public prend la pleine mesure du talent des deux artistes du jour. De Giovanni Battista Martini (1706-1784) à François-Adrien Boieldieu (1775-1834) en passant par Mozart, Joseph Haydn (1732-1809) ou encore Ludwig Van Beethoven (1770-1828) Ingrid Perruche et Daniel Isoir proposent un beau panorama des mélodies d’amour qui circulent en Europe aux XVIIIe et XIXe siècle.


C’est un récital de très belle tenue auquel nous avons assisté en ce chaud dimanche soir d’août. La voix sublime et envoûtante d’Ingrid Perruche s’est envolé dans cette « petite » salle sans efforts ; quant à Daniel Isoir, excellent musicien et accompagnateur chevronné il a mis en valeur la voix d’Ingrid Perruche avec talent


Compte rendu, concert. Seuilly. Manoir de la Grand Cour, le 18 août 2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : 4 lieder – Dans un bois solitaire, Als Luise die Briefe, Das lied der trennung, An Chloë – , Ah vous dirais je maman ; Joseph Haydn (1732-1809) : 4 lieder – She never told her love, Fidelity, Der Verlassene, Der Erste Kuss – , Fantaisie en fa majeur pour piano forte ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : 3 lieder – Der Kuss, Ich liebe dich, Neues Liebe neues l’ébénisterie ; François-Adrien Boieldieu (1775-1834) : 3 mélodies – Le premier baiser, La brise, Sous l’ombre fleurie ; André Grétry (1741-1813) : 3 romances – La gaïeté villageoise, L’amant rassuré, La carrière, chansonnette ; Luigi Chérubini (1760-1842) : 4 romances tirées du « roman d’Estelle » – Je vais donc quitter pour jamais, Adieu bergère chérie, Que j’aime à voir les hirondelles, J’aime – ; Giovanni Battista Martini (1706-1784) : Les amants heureux / Plaisir d’amour Ingrid Perruche, soprano ; Daniel Isoir, pianoforte.


Crédit photo Ingrid Perruche : Opéra National du Rhin

Crédit photo Daniel Isoir : inconnu

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