Offenbach au programme du concert de clôture des estivales du Freney


                                        @ crédit photo : Les estivales du Freney

Après La serva padrona de Jean Baptiste Pergolèse (1710-1736) en 2023 (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2023/07/un-opera-la-montagne-la-serva-padrona.html) et Bastien et Bastienne de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) en 2024 (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2024/09/bastien-et-bastienne-de-mozart-presente.html), les estivales du Freney présentent une opérette en un acte de Jacques Offenbach (1819-1880) : Le 66. Si en 2023 nous avions retrouvé les deux solistes de la Serva Padrona dans le quatuor de solistes de l’oratorio (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2023/08/francesco-durante-et-antonio-vivaldi-au.html), ce n’est pas le cas lors de l’édition 2025 puisque Lorenzo Cipriani a invité un trio d’artistes qui défend le chef d’œuvre d’Offenbach avec talent. C’est le valeureux petit orchestre des Estives, composé d’une quinzaine de musiciens, qui interprète la partition d’Offenbach sous la direction avisée et vigilante de Lorenzo Cipriani.


Tchaïkovski et Bendel en ouverture de soirée


La soirée débute par deux courtes pièces pour violon et orchestre. De Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) nous écoutons « Chant d’automne » et de Franz Bendel (1833-1874) une polka vive et entraînante, joliment intitulée  « Souvenirs de Hongrie ». Au violon on retrouve la belle violoniste Natalia Gaubery qui nous avait déjà séduits le 27 juillet dernier (). Si « Chant d’automne » est interprété de manière toute douce, la polka, elle, donnerait presque envie de se lever de son siège pour danser la polka et accompagner l’orchestre.


Une mise en scène pleine d’humour


Pour la troisième année consécutive c’est Vincent Cipriani qui assure la mise en scène de l’opéra programmé par Lorenzo Cipriani, le directeur artistique et chef d’orchestre des Estivales du Freney. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le jeune homme s’est beaucoup amusé pendant les répétitions. Entre les scènes de groupes, les chorégraphies de Natacha Schlosser et les scènes « de couple » tout a été préparé avec une précision millimétrée ; les costumes et les décors d’Adeline Whitnell agrémentés des accessoires fournis ici et la par les adhérents de l’association renforcent l’aspect comique de l’opérette. Et malgré « l’absence » du ténor (parfaitement remplacé par Vincent Cipriani pour toutes les scènes parlées), l’ensemble avance sans temps mort, chacun en rajoutant même un peu à l’occasion. L’enterrement de la guitare de Grittly après que Franz, pensant avoir gagné 100 000 florins à la loterie de Vienne, l’a jeté dans le caniveau estimant que ni l’un ni l’autre ne pouvait continuer à être chanteur de rue est un des moments les plus hilarants de la soirée.


Une belle distribution malgré les défaillances


En ce qui concerne Le 66, l’opérette en un acte de Jacques Offenbach, Lorenzo Cipriani a fait confiance à trois très belles voix parfaitement maîtrisées. On regrettera cependant que Gigi Petriashvili (Franz), doté par ailleurs d’une fort belle voix de ténor, soit venu plus en touriste qu’en artiste professionnel dans le massif de l’Oisans.Toute la partition chantée était fort bien interprétée sous la direction vigilante de Lorenzo Cipriani qui l’a installé au sein de l’orchestre. En revanche, le ténor géorgien n’a pas fait d’efforts pour apprendre le français se passant ainsi d’apprendre les répliques parlées. Pour pallier à cette défaillance, c’est le jeune metteur en scène Vincent Cipriani qui a appris cette partie du rôle de Franz et est monté sur la scène pour donner la réplique à Sabine Kovaschazy (Grittli) et Olivier Emont (le colporteur Joseph Bertold). La chanteuse de rue Grittli est interprété par la très belle soprano Sabine Kovaschazy. Si la voix très belle est maîtrisée d’une manière inégalable, j’ai apprécié la rare maîtrise du mot de cette brillante artiste (qui a aussi fait le cours Florent en plus de ses études au Conservatoire de Paris) qui donne la réplique avec un plaisir gourmand à ses partenaires. C’est la basse Olivier Emont qui incarne le colporteur Joseph Bertold ; dès sa première entrée Olivier Emont s’impose comme un roublard prêt à tout pour gagner sa vie de colporteur. Mais il s’avère être plus humain qu’il n’y paraît dès qu’il réalise que Grittli et Franz sont sa belle sœur et son beau frère.


Un orchestre valeureux d’une quinzaine de musiciens


Le « petit » orchestre des Estives ne compte qu’une quinzaine de musiciens, tous professionnels. On notera un changement de 1er violon puisque Natalia Gaubery remplace Giorgio Pertusi à ce poste. La présence de deux violoncelles au lieu d’un, d’un pupitre de Vents mieux fourni et d’une timbale donne à la petite phalange alpine un son et des couleurs plus vifs qu’en 2023. La direction ferme de Lorenzo Cipriani sert parfaitement et les deux petites pièces du début de soirée et l’opérette dont la musique envahit les environs du Freney d’Oisans sans efforts. Nul doute qu’Offenbach aurait apprécié la lecture de Lorenzo Cipriani qui a bien compris tout le comique de ce chef d’œuvre d’une durée qu’on aurait aimé un peu plus longue.


Cette représentation du 66 de Jacques Offenbach est une belle réussite même si j’aurais apprécié de voir un Franz au même niveau que ses partenaires (malgré sa belle voix de ténor) et non deux interprètes pour un seul rôle. Cela étant dit, l’alternance était réussie mais c’est aussi dû au très beau travail de Vincent Cipriani et de ses complices qui ont parfaitement réagi face aux écueils qui se sont dressés sur leur chemin.


Pour l’édition 2026 des estivales du Freney, l’équipe du festival présentera « Le devin du village » opéra en un acte de Jean Jacques Rousseau (1712-1778) qui en écrivit le livret et la musique.


Compte rendu, opéra. Le Freney d’Oisans. Église Saint Arey – parvis, le 2 août 2025. Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : Chant d’automne ; Franz Bendel (1833-1874) : Polka « Souvenirs de Hongrie » ; Jacques Offenbach (1819-1880) : Le 66. Gigi Petriashvili, Franz ; Sabine Kovaschazy, Grittly ; Olivier Emont, Joseph Berthold. Hervé Lecoq, Laurent Smbatyan, Natacha Sch losser, Camille Libercé, Vincent Cirpiani, Alexandre Cipriani comédiens. Orchestre des Estives ; Lorenzo Cipriani, direction. Vincent Cipriani, mise en scène ; Adeline Whithnell, scénographie et costumes ; Natacha Schlosser, chorégraphies et danses.

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