L’Orchestre Les Ambassadeurs – La grande écurie poursuit son exploration de l’œuvre opératique de Rameau avec Zoroastre


Alexis Kossenko n’est pas seulement un excellent flûtiste et chef d’orchestre symphonique (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2023/04/alexis-kossenko-sort-le-flutiste-et.html), il est aussi un chef d’orchestre d’opéra très actif. Après la pastorale Acchante et Céphise de Jean Philippe Rameau (1683-1746) dont le CD est sorti fin 2021 (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/02/achante-et-cephise-les-ambassadeurs-la.html), le Centre de Musique Baroque de Versailles et Alexis Kossenko s’attaque à Zoroastre du même compositeur dont la première version est sortie en 1749 avant d’être remis sur le métier et recréé en 1756. Alexis Kossenko profite de son nouveau projet pour sortir de l’oubli la version originale de 1749. C’est une très belle distribution, dominée de la tête et des épaules par une Véronique Gens visiblement très inspirée, qui a été conviée à faire renaître cette version méconnue.


Dès les premières notes de l’ouverture, Alexis Kossenko prend la partition à son compte ; la direction est ferme, nerveuse, précise et la musique de Rameau sonne avec une pompe majestueuse. Qu’il s’agisse de l’ouverture ou des ballets, l’orchestre, Les ambassadeurs – la grande écurie, interprète le chef d’œuvre de Rameau avec panache sous la direction avisée de son chef. Vocalement, c’est une distribution cinq étoiles que Kossenko a réuni pour la renaissance de cette version oubliée de Zoroastre. A tout seigneur, tout honneur, Reinoud Van Mechelen est un très beau Zoroastre ; la voix est ferme, sûre, claque sans efforts. La diction n’est pas parfaite mais le jeune ténor belge fait de louable efforts pour rendre justice au Zoroastre de Rameau. Jodie Devos est une Amélite de très belle tenue ; la jeune femme nous gratifie d’une performance quasi parfaite : aucune faiblesse dans cette voix qu’elle maîtrise avec une maestria digne des meilleures artistes passées et présentes. Quant à la diction elle est parfaite, confirmant ainsi la Lucie de Lammermoor idéale qu’elle fut en février dernier à l’Opéra de Tours (https://toutelaculture.com/spectacles/opera/lopera-de-tours-presente-une-belle-lucie-de-lammermoor/). Tassis Christoyannis est un Abramane de très belle tenue ; la belle voix de basse de Christoyanis confère une autorité et un charisme peu communs au Grand Prêtre d’Ariman. Il manque juste à la basse néerlandaise une diction parfaite pour faire d’Abramane LE personnage de cette nouvelle version du chef d’œuvre de Rameau. Dans les personnages principaux, la grande triomphatrice de la distribution est bien Véronique Gens. On a là une Erinice parfaite : voix parfaitement maîtrisée, tessiture idéale pour un rôle aussi meurtrier, diction parfaite de bout en bout. Mathias Vidal excelle dans les trois courts rôles de Abénis, Orosmade et une furie ; j’aurais sans nul doute apprécié de le voir dans un rôle plus conséquent qu’il aurait mérité d’avoir. Dans les deux petits rôles de Céphise et Cénide Gwendoline Blondeel est convaincante et aurait elle aussi mérité d’apparaître plus longtemps dans cet enregistrement.


Alexis Kossenko et Les ambassadeurs – la grande écurie nous offre une lecture magistrale de cette version originale de Zoroastre qui date de 1749. Si le public connaît très bien, et pour cause, la version de Zoroastre que Rameau composa en 1756 pour « coller » au goût du public de l’époque. Et la distribution qui a été réunie pour l’occasion rend justice au chef d’oeuvre de Rameau avec un panache et un brio exceptionnels, même si la diction est inégale.


Compte rendu, CD. Jean Philippe Rameau (1683-1746) : Zoroatsre. Opéra en 5 actes sur un livret de Louis de Cahusac (1706-1759). Enregistrement inédit de la version originale de 1749. Jodie Devos, Amélite ; Véronique Gens, Erinice ; Reinoud Van Mechelen, Zoroatsre ; Tassis Christoyannis, Abramanne ; Mathias Vidal, Abénis / Orosade / une furie ; David Witzak, Zopire / Ahrmann / un génie / la vengeance ; Gwendoline Blondeel, Céphise / Cénide ; Marine Lafdal-Franc, Zélise / une fée / une furie ; Thibault Lenaerts, une furie. Chœur de chambre de Namur ; Orchestre Les ambassadeurs – La grande écurie. Alexis Kossenko, direction. Label : Alpha classics. Durée : 2 heures 45 minutes 38 secondes.

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