L’ensemble Consonance s’installe au Grand Théâtre de Tours le temps d’un beau concert

 

Après le brillant concert d’ouverture de Thomas Enhco et Vassilena Sérafimova le vendredi 7 octobre (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/10/bach-mirror-thomas-encho-et-vassilina.html), le festival Concerts d’automne laisse la place à un ensemble qui est en résidence : l’ensemble Consonance fondé et dirigé en 2011 par François Bazola. Pour ce second concert de l’édition 2022 de la manifestation, François Bazola a consacré le nouveau programme de Consonance à trois compositeurs morts ou nés en 1643.

La soirée débute par l’interprétation des airs de cours polyphoniques du très rare Antoine Boësset (1587-1643). La musique de Boësset est charmante et vive et j’ai apprécié la direction ferme et nerveuse de François Bazola qui est visiblement très en forme ; ce qui peut surprendre, par contre, c’est l’interprétation des poèmes en français ancien. Cela étant dit, l’oreille s’y habitue très vite ; si la diction n’est pas toujours parfaite, elle n’en est pas moins très bonne et j’ai apprécié d’entendre sept très belles voix qui passent la rampe sans efforts. Si avec Monarque triomphant on est dans la louange, on passe à la déclaration d’amour quand on écoute Doux complices ou encore Que prétendez vous, mes désirs. J’ai particulièrement apprécié la sonate pour deux violons et basse continue qui a permis aux musiciens de se mettre en avant avec talent tout en donnant aux chanteurs et à Bazola de prendre quelques minutes de repos avant d’entamer les œuvres suivantes. Claudio Monteverdi (1567-1643) a laissé un corpus vocal impressionnant. Si l’Orfeo est le premier opéra connu de l’histoire de la musique, les madrigaux constituent une partie si importante du corpus de Monteverdi qu’ils ont été « divisés » en huit livres. Pour ce concert exceptionnel, François Bazola a sélectionné des madrigaux tirés des livres quatre et huit. Si les madrigaux sont interprétés avec talent, je retiendrais d’abord O ciechi, il tanto affaticar. Mais, les autres madrigaux choisis sont de la même veine et entraînent le public dans un univers qui n’est pas sans rappeler celui des troubadours médiévaux.

François Bazola et l’ensemble Consonance, qui avaient donné un concert mémorable à Candes Saint Martin en août dernier (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/09/lensemble-consonance-clot-le-festival.html), ont récidivé samedi dernier avec un programme de toute beauté qui a aussi permis au public de (re)découvrir le très rare et méconnu Antoine Boësset (1587-1643) ainsi que Guillaume Bouzignac (vers 1583-vers 1643) qui est l’auteur du second bis concédé par Consonance.

Compte rendu, concert. Tours. Grand Théâtre, le 8 octobre 2022. Antoine Boësset (1587-1643) : Airs de cours polyphoniques : Monarque triomphant, Doux complices, Quittez, muses, quittez, Me veux tu voir mourir, Que prétendez vous mes désirs, Noires forests ; Claudio Monteverdi (1567-1643) : Madrigaux extraits des livres quatre, huit et de la selva morale e spirituale : O ciechi, il tanto affaticar, Stogava con le stelle, Io mi son giovinetta, Si ch’io vorrei morire, Piange e sospira, Hor ch’el ciel e la terra, bis 1 : un madrigal extrait du livre 6 ; Marc Antoine Charpentier (1643-1704) : Litanies à la Vierge H 83 ; Bis 2 : un motet de Guillaume Bouzignac (vers 1583-vers 1643). Capucine Keller, Armelle Marq, sopranos ; Madeleine Bazola Minori, mezzo soprano ; Raphaël Mas, haute contre ; Maurizio Rossano, ténor ; Marc Mauillon, baryton ; Renaud Delaigue, basse. Anaëlle Blanc-Verdin, Anne-Sophie Brioude, violon ; Flore Seube, viole de gambe ; Marie Amélie Clément, violone ; Miguel Henry, théorbe ; Bérengère Sardin, harpe ; Jean-Miguel Aristizabal, Clavecin ; Stefano Intrieri, orgue. Ensemble Consonance ; François Bazola, direction.

Crédit photo : Rémi Angeli