Per l’orchestra di Dresda : Après le CD le concert


Début janvier, j’ai eu le privilège de chroniquer le dernier opus orchestral de l’orchestre Les ambassadeurs – la grande écurie intitulé « Per l’orchestra di Dresda » (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/01/per-lorchestra-di-dresda-lorchestre-les.html). C’est ce CD (le premier d’une collection de trois ou quatre volumes) qui a donné son titre au concert au chocolat programmé en ce dimanche 13 mars à La coursive, la salle, estampillée scène nationale, de La Rochelle. Dès le hall d’entrée j’ai noté que l’orchestre Les ambassadeurs – la grande écurie avait son public ; et il est nombreux et fidèle ce public rochelais. Depuis quelques années, les responsables de La coursive ont fait confiance à Alexis Kossenko et à ses musiciens et ils ont eu raison.


Le concert ne reprend qu’une partie du CD mais quel plaisir d’écouter « en live » cette musique composée par des musiciens contemporains les uns des autres dont une partie a été éclipsée par les « stars » de cette période. On notera qu’Alexis Kossenko a maintenu l’équilibre entre grands noms et compositeurs moins connus, voire méconnus du grand public ; c’est donc une belle occasion d’écouter de très belles pages qu’Alexis Kossenko est allé chercher dans les placards ou elles dormaient. Dès le début de la soirée, Kossenko donne le ton. Il ne se contentera pas de jouer de la flûte et de diriger ; il présente chacune des pièces du programme avec simplicité et humour ce qui est hautement appréciable et met un brin de gaîté et de bonne humeur dans la salle. Avec l’Ouverture en fa majeur ZWV 188 pour deux hautbois, basson et orchestre de Jan Dismas Zelenka (1679-1745) nous avons un très bel exemple de cette musique « remisée » dans les placards. La direction d’Alexis Kossenko est dynamique, nette, précise ; l’orchestre visiblement très en forme, et même sur-motivé, suit son chef avec une précision millimétrée. La musique instrumentale de Zelenka ne manque pas de charme et on ne peut qu’apprécier de le voir mis à l’honneur tant au concert qu’au disque. Si tout le monde connaît les quatre saisons d’Antonio Vivaldi (1678-1741), c’est une autre œuvre du compositeur vénitien que Les ambassadeurs – la grande écurie nous proposent : le concerto RV 576 en sol mineur per la sua altezza reale di Sassonia pour violon principal, hautbois solo, 2 flûtes à bec, 2 hautbois, et orchestre. Si, comme d’habitude, le violon est à l’honneur chez Vivaldi, il n’en oublie pas pour autant les autres instruments et on ne peut qu’apprécier de voir le hautbois solo les deux flûtes à bec et les deux hautbois se joindre à Stefano Rossi, le 1er violon / violon solo de la phalange. L’interprétation de ce concerto foisonnant de musique est de très belle tenue ; c’est aussi l’occasion pour les solistes de se mettre en avant. La battue d’Alexis Kossenko est nerveuse, rigoureuse et sans temps morts ; le chef d’orchestre, qui est un excellent musicien et un fin connaisseur de cette période, donne au chef d’œuvre de Vivaldi de très belles intonations.


Après une courte pause, l’orchestre revient sur le plateau pour la seconde partie du concert. C’est une œuvre de Johann Friedrich Fasch (1688-1758) qu’Alexis Kossenko présente avec humour comme n’étant pas un « petit maître » qui ouvre cette seconde partie est l’ouverture en sol mineur KWVK:g2 c’est une œuvre assez courte mais charmante qui permet de découvrir ce compositeur allemand encore peu connu. Kossenko dirige cette ouverture avec une évidente gourmandise ; dès le début du concert j’ai noté la gestuelle parfois surprenante mais efficace d’Alexis Kossenko qui s’amuse beaucoup sur le podium. Si Kossenko a programmé peu d’œuvres avec flûte, il n’a cependant pas oublié d’en programmer une : le concerto grosso en fa majeur s.234 pour flûte, 2 cors, 3 hautbois, violon solo et cordes de Johann David Heinichen (1683-1729). Pour ce concerto, qu’il dirige depuis le pupitre ou il a rejoint Olivier Bénichou, l’autre flûtiste dont j’ai apprécié la belle performance par ailleurs, la phalange joue avec un vrai plaisir un concerto qui fait partie de ces œuvres ressorties des placards pour notre plus grand plaisir. On notera que la phalange interprète la sinfonia de l’oratorio «I penitenti al sepolcro » de Jan Dismas Zelenka ; oratorio présenté par Kossenko comme étant une œuvre « reflétant la foi sombre et rigoureuse de Zelenka ; c’est une œuvre difficile à interpréter dont on ne sort pas indemne. ». Cependant, il m’est apparu que la sinfonia est bien loin de cet état d’esprit que nous a dépeint Alexis Kossenko qui a pris un malin plaisir à diriger cette sinfonia.


Les ambassadeurs – la grande écurie ont donné, en ce dimanche après midi un concert de très belle tenue. Concert qui a permis la (re)découverte d’œuvres oubliées pendant trop longtemps ; je rappelle que le programme de ce concert est en parti tiré du CD que l’orchestre a sorti en octobre 2021.


Compte rendu, concert. La Rochelle. La coursive, le 13 mars 2022. Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Ouverture en fa majeur ZWV 188 pour deux hautbois, basson et orchestre, oratorio « I penitenti al sepolcro – sinfonia ; Antonio Vivaldi (1678-1741) : concerto RV 576 en sol mineur per la sua altezza reale di Sassonia pour violon principal, hautbois solo, 2 flûtes à bec, 2 hautbois, et orchestre, concerto RV 564a en ré majeur pour violon, 2 hautbois et orchestre ; Georg Philipp Telemann (1681-1767) : concerto en fa majeur TWV 51:F4 pour violon, 2 cors, 2 flûtes, 2 hautbois et orchestre ; Johan Friedrich Fasch (1688-1758) : ouverture en sol mineur KWVK:g2 ; Johann David Heinichen (1683-1729) : concerto grosso en fa majeur s.234 pour flûte, 2 cors, 3 hautbois, violon solo et cordes. Stefano Rossi, violon solo ; Les ambassadeurs – la grande écurie ; Alexis Kossenko, flûte et direction.

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