Per l’Orchestra di Dresda : l’orchestre Les Ambassadeurs – La grande écurie reprend le répertoire de l’Orchestre de Dresde

 

Si Alexis Kossenko, reconnu depuis longtemps comme un excellent flûtiste, a fondé en 2010 l’orchestre Les ambassadeurs qu’il dirige depuis, c’est Jean Claude Malgoire qui fonda et dirigea La grande écurie et la chambre du roy jusqu’à son décès en 2018. Les deux orchestres placés sous la direction de Kossenko quelques mois plus tard ont depuis fusionné pour n’en former plus qu’un : Les Ambassadeurs – La grande écurie. C’est cet orchestre qui vient de sortir le premier volume d’une collection qui reprend le beau et vaste répertoire de l’Orchestre de Dresde. Les compositeurs au programme de ce CD, dont la pochette est d’ailleurs fort jolie , sont tous contemporains les uns des autres et même si certains ont été éclipsés par des collègues plus célèbres comme Georg Philipp Télémann (1681-1767), dont un concerto pour violon et orchestre a été gravé dans le présent CD, Jean Sébastien Bach (1685-1750) ou Georg Friedrich Haendel (1685-1759), ils n’en n’ont pas moins composé de très belles pages, reprises ici avec talent par Les ambassadeurs – La grande écurie et Alexis Kossenko. Pour le présent CD Alexis Kossenko a invité des artistes, instrumentistes et artistes lyriques, talentueux qui gagnent à être connus.

La sonate « Diana sull’Elba » S 200 de Johann David Heinchen (1683-1729) ouvre le programme du CD d’un pas allant, voire même martial, sous la baguette dynamique et ferme d’Alexis Kossenko . Pour cette sonate, Kossenko a invité trois cornistes aguerris (et leurs cors de chasse) : Jean François Madeuf, Pierre Yves Madeuf et Lionel Renoux. La belle performance des trois hommes, visiblement très enthousiastes, voire trop, ne manque pas de tenue. Nous aurions cependant apprécié un poil plus de justesse dans certains passages pas très nets ; mais dans l’ensemble, cette sonate, très martiale, est fort bien interprétée. La direction, dynamique, claire, nette, précise d’Alexis Kossenko sert fort bien le chef d’œuvre de Heinchen qui mériterait de sortir plus souvent des placards ou il sommeille depuis trop longtemps. Le corpus religieux de Heinchen également très méconnu est mis en avant dans le présent CD avec des extraits de deux de ses messes : la missa N°12 S7 dont le Et in spiritum Sanctum est interprété avec une belle sobriété par la mezzo soprano belge Coline Dutilleul. La jeune mezzo est dotée d’une belle voix chaude, à la tessiture large ; le médium est sain, les graves beaux, les aigus insolents. Le baryton suisse Stephan MacLéod n’est pas en reste ; si l’aria « Potrei sovra degli empi » (Dio) extrait de l’opéra Il serpente di bronzo de Jan Dismas Zelenka (1679-1745) est interprété avec fougue permettant aussi à cet excellent artiste de développer ses dons de tragédien, le Crucifixum de la missa N°9 S5 de Heinchen est interprété avec simplicité. Dans les pièces instrumentales, je retiens surtout le concerto pour deux flûtes de Johann Joachim Quantz (1697-1773) qui donne l’occasion à Alexis Kossenko de jouer l’une de ses nombreuses flûtes tout en dirigeant, la charmante sonate en UT pour orchestre de Johann Georg Pisendel (1687-1755) ou encore l’ouverture en si bémol majeur pour deux orchestres de Johann Friedrich Fasch (1688-1758) qui permettent à l’orchestre de s’épanouir et de faire résonner avec bonheur des pièces trop souvent reléguées dans des placards d’où elles sortent trop rarement.

C’est un très beau disque que nous proposent Alexis Kossenko et Les ambassadeurs – la grande écurie en mettant en exergue des œuvres et des compositeurs souvent eclipsés par des collègues plus prestigieux. C’est d’autant plus regrettable qu’il y a dans ces œuvres de très belles pièces auxquelles Kossenko et ses musiciens rendent justice avec talent. Quant aux solistes invités, ils donnent le meilleur d’eux même et participent avec bonheur à cette très belle initiative.

Compte rendu CD. Johann David Heinchen (1683-1729) : Sonate « Diana sull’Elba » S 200, Missa N°12 S7 : Et in spiritum sanctum, Missa N°9 S5 : Concertino, Crucifixus, Concerto en fa Majeur ; Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Il serpente di bronzo ZW761 : « Potrei sovra degli empi » (Dio), I penitenti al sepolchro del redentore ZW 63 : introduction, Missa dei filii ZWV 20 : Christe Eleison ; Georg philipp Telemann (1681-1767) : concerto en ré majeur pour violon et orchestre TWV 53:D5 ; Johann Joachim Quantz (1697-1773) : concerto pour deux flûtes en sol mineur ; Johann Georg Pisendel ( 1687-1755) : sonate pour orchestre en UT mineur J.III.2 ; Johann Friedrich Fasch (1688-1758) : Ouverture pour deux orchestres en Si bémol Majeur. Jean François Madeuf, Pierre Yves Madeuf, Lionel Renoux, cors de chasse ; Stefano Rossi, Violon ; Alexis Kossenko, Amélie Michel, Olivier Benichou, flûte traversière ; Coline Dutilleul, mezzo soprano ; Stephan MacLeod, baryton. Orchestre Les ambassadeurs – La grande écurie ; Alexis Kossenko, direction. 1 CD - aparte music.