L’Orchestre des Champs Élysées revient au Théâtre Auditorium de Poitiers avec un programme germano slave

 


Tout juste revenus de Tours ou nous avons assisté à deux concerts de très haute volée au festival Concerts d’automne, nous nous rendons au Théâtre Auditorium de Poitiers pour le premier concert de la saison 21/22 de l’Orchestre des Champs Élysées. Ce programme qui tourne en France et en Europe lance la saison anniversaire de la phalange qui donna ses tous premiers concerts en 1992. Fondée en 1991 à l’initiative de Philippe Herrewghe et d’Alain Durel, le directeur du Théâtre des Champs Élysées de l’époque, la phalange s’est depuis imposée sur les grandes scènes françaises et internationales et s’est implantée à Poitiers ou elle est en résidence au Théâtre Auditorium.



Si on peut regretter que la salle ne soit pas totalement remplie, nous en connaissons tous la raison, nous nous réjouissons de voir les musiciens et leur chef en grande forme et surmotivés par un agenda bien rempli mais aussi par la reprise de l’activité qui a un effet grandement bénéfique. Comme à son habitude, l’Orchestre des Champs Élysées propose un programme ambitieux avec un soliste de très belle tenue. Avec l’ouverture dite « tragique » opus 81 de Johannes Brahms (1833-1897), Philippe Herreweghe dirige une œuvre qu’il connaît parfaitement et qu’il avait dirigée lors du concert d’ouverture du festival de Saintes en juillet dernier (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2021/07/le-jeune-orchestre-de-labbaye-ouvre-le.html). Les musiciens du Jeune Orchestre de l’abbaye avaient d’ailleurs joué cette ouverture avec talent, très motivés qu’ils étaient par la direction de leur chef du jour. Les nuances et les tempos sont quasi parfaits et la direction d’Herreweghe est claire, nette, nerveuse ; l’Orchestre des Champs Élysées interprète le chef d’œuvre de Brahms avec panache sous la baguette ferme et dynamique de son chef. Le concerto pour violoncelle en la mineur opus 129 de Robert Schumann (1810-1856) fut composé l’année même de son décès ; l’extrême difficulté du concerto, et notamment de la cadence finale, fit que Schumann ne vit jamais la création de ce concerto dont la première exécution eut lieu en 1860. Pour l’occasion, les responsables de l’Orchestre des Champs Élysées ont invité le jeune violoncelliste allemand Nicolas Altstaedt. On ne peut qu’apprécier la virtuosité de ce jeune artiste qui relève brillamment le défi que représente le chef d’œuvre de Schumann. Là encore, la direction de Philippe Herreweghe est nerveuse et dynamique et Nicolas Altstaedt interprète la partition de violoncelle soliste avec une belle assurance et ladite cadence finale, sous les doigts de ce musicien brillant, en devient presque facile ; visiblement ému par l’accueil très chaleureux qu’il a reçu, Nicolas Altstaedt interprète en bis un charmant duo pour violoncelle avec la violoncelliste soliste de l’Orchestre des Champs Élysées, qu’il fait venir sur le devant de la scène pour saluer avec lui. On appréciera le geste chevaleresque de ce talentueux musicien. Au retour de l’entracte, l’Orchestre des Champs Élysées interprète la symphonie N°7 en ré mineur opus 70 d’Antonin Dvorak. Éclipsée par la fameuse symphonie N°9 « du nouveau monde », cette symphonie ne manque pourtant pas de très belles pages et de thèmes de toutes beauté que Dvorak est allé chercher tant en Tchécoslovaquie qu’en Europe occidentale. Herreweghe et ses musiciens prennent la symphonie du compositeur tchèque à bras le corps. Chacun des quatre mouvements est ciselé, modelé, interprété avec un art consommé des nuances et des tempos ; les pages les plus connues du chef d’œuvre de Dvorak se trouvent au 3e mouvement et l’on ne peut qu’apprécier la lecture d’Herreweghe qui dirige ses musiciens avec fermeté.


L’Orchestre des Champs Élysées n’a pas failli à son excellente réputation en donnant un nouveau concert de très belle tenue avec u programme particulièrement complexe. Quant à Nicolas Alstaedt il a montré tout son talent et sa valeur dans l’interprétation du concerto pour violoncelle de Schumann.

Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 17 octobre 2021. Johannes Brahms (1833-1897) : ouverture dite « tragique » opus 81 ; Robert Schumann (1810-1856) : concerto pour violoncelle en la mineur opus 129 ; Antonin Dvorak (1841-1904) : symphonie N°7 en ré mineur opus 70. Nicolas Altstaedt, violoncelle ; Orchestre des Champs Élysées. Philippe Herreweghe, direction.

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