Le jeune Orchestre de l’abbaye ouvre le festival de Saintes en fanfare

 



Poursuivant notre périple musical, nos pas nous portent en l’abbaye aux dames de Saintes dont le festival est un pilier du paysage musical. En 2021, la manifestation fête sa cinquantième édition, et elle sera riche en évènements. Le Jeune Orchestre de l’Abbaye, fondé à l’initiative de Philippe Herrewghe et de l’abbaye y donne deux concerts chaque été sous la direction de son fondateur pour l’un et d’un autre chef pour l’autre. En ce samedi soir, jour d’ouverture du festival de Saintes, c’est Philippe Herreweghe qui dirigeait la phalange avec un programme germano-tchèque de haute volée. Il est à noter que le concert était retransmis en direct à la médiathèque de Saintes, afin de permettre au plus grand nombre d’assister à cette soirée si particulière puisque la manifestation rouvrait ses portes après dix-huit mois compliqués.




Le concert débute par l’ouverture tragique opus 81 que Johannes Brahms (1833-1897) composa et créa en 1880. D’entrée de jeu, Philippe Herreweghe prend les choses à bras le corps. Herreweghe dirige d’une main ferme et nerveuse une phalange parfaitement préparée en amont par les enseignants, qui sont aussi chefs de pupitres ; les tempi et les nuances sont quasi parfaits pendant toute la durée du chef d’œuvre de Brahms. Les jeunes musiciens qui composent la phalange, tous en fin de cycle d’études ou en début de carrière, suivent la battue d’Herreweghe avec une précision millimétrée. On ne peut que saluer la très belle interprétation de cette ouverture tragique par des musiciens qui, comme le rappelait Herreweghe en fin de concert, ne se connaissaient pas huit jours avant. Après une courte pause, Philippe Herreweghe revient avec Victor Julien Laferrière pour interpréter le concerto en si mineur pour violoncelle et orchestre d’Antonin Dvorak (1841-1904). Dès l’arrivée du jeune violoncelliste, on note qu’il joue de mémoire une partition complexe et meurtrière sous une apparente facilité. Là encore, le chef dirige d’une main ferme un orchestre au taquet ; l’introduction orchestrale est interprétée tambour battant par une phalange très en forme. Quant à Victor Julien Laferrière, il joue son violoncelle avec simplicité, maniant l’archet avec aisance, sans jamais forcer le trait. L’interprétation de la musique de Dvorak, déjà très belle dans le premier mouvement du concerto, se sublime au second et au troisième mouvement.


L’abbaye aux dames a ouvert son festival avec un concert de très belle tenue. Le Jeune Orchestre de l’Abbaye a donné deux très belles interprétations d’œuvres très différentes mais dont les pièges ont été surmontés avec brio et virtuosité. Et d’ailleurs le public ne s’y est pas trompé en réservant un accueil enthousiaste à l’ensemble des artistes présents sur scène. Pour prolonger ce moment de grâce, Victor Julien Laferrière concède un bis tout doux : le chant des oiseaux de Pablo Casals (1876-1973).


Compte rendu, concert. Saintes. Abbaye aux dames, le 17 juillet 2021. Johannes Brahms (1833-1897) : ouverture tragique opus 81 ; Antonin Dvorak (1841-1904) : concerto pour violoncelle en si mineur opus 104 ; bis : Pablo Casals (1876-1973) : Le chant des oiseaux. Victor Julien Laferrière, violoncelle ; Jeune Orchestre de l’Abbaye ; Philippe Herreweghe, direction.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Francesco Durante et Antonio Vivaldi au programme du dernier concert des Estivales du Freney

Un opéra à la montagne : La serva padrona présentée dans le cadre des estivales du Freney d’Oisans

La harpe et la bête : un concert original en ouverture de la saison du Théâtre Auditorium de Poitiers