Cinq questions à … Lorenzo Cipriani, directeur artistique des Estivales du Freney d’Oisans
Il faut savoir que je suis arrivé au Freney d’Oisans totalement par hasard. C’est en discutant avec une personne habitant là à l’année que j’ai découvert le village et en particulier l’église qui était, à l’époque totalement abandonnée et il y avait très peu d’activité dans le village. J’ai donné un concert de clavecin devant un public très peu nombreux et plutôt sceptique. Au final la réaction a été très positive et nous avons initié le festival. Cela n’a pas été évident car il fallait restaurer l’église, faire nos preuve auprès du public, car la vulgarisation de la musique classique est un travail constant, et obtenir la confiance de la municipalité.
De fait, l’église a été restaurée au fur et à mesure que le festival grandissait et prenait de l’importance. Cela étant dit, nous avons encore des difficultés à atteindre le public, même si maintenant le festival est bien implanté dans les alentours du Freney
Depuis l’édition 2023 des Estivales du Freney, vous présentez un opéra « de poche ». Après la Serva padrona de Jean Baptiste Pergolèse (1710-1726), vous avez présenté Bastien et Bastienne de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Comment cette idée vous est elle venue ?
Dans les toutes premières années nous avions, entre autres actions, un projet appelé « chorale d’un soir ». Au fil du temps nous avons voulu avancer et avoir un projet différent. Il n’y a pas de théâtre au Freney d’Oisans mais le parvis de l’église est un théâtre naturel installé dans un décor magnifique. Beaucoup de personnes pensent encore que l’opéra leur est totalement inaccessible. Aussi avons nous décidé de faire venir l’opéra à leur porte. Et depuis deux ans ça fonctionne bien car le public réagit très bien. C’est pourquoi nous allons poursuivre dans cette voie.
Parlez moi des stages que vous organisez pendant le festival.
Nous avons très vite organisé des stages. Si les stages d’orchestre n’ont pas marché comme nous l’espérions (nous les avons d’ailleurs abandonné), les stages de chant choral ont tellement bien pris que nous les avons poursuivi. Nombreux sont les musiciens amateurs à pratiquer dans leur coin. Ces stages sont donc l’occasion pour eux de faire de la musique en communion avec les autres et en toute amitié pendant huit à dix jours ; les concerts finaux sont une fierté pour chacun.
Pendant longtemps vous avez présenté des œuvres méconnues voire oubliées de musique baroque. Pourquoi avoir programmé cette messe pour chœur et orgue de Franz lizst (1811-1886) ?
C’est une demande de l’association « Les estivales du Freney ». Les difficultés financières sont une premières raison ; mais il y avait aussi la volonté de mettre l’orgue en valeur car sa restauration et sa reconstruction dans l’église Saint Arey a demandé de longues années de travaux et de patience.
La missa choralis pour chœur et orgue (composée en 1868, après que Lizst ait reçu les ordres mineurs) est une œuvre difficile – c’est vrai – mais tellement envoûtante. Même si nous manquions cruellement de choristes, je suis heureux de l’avoir programmé.
Avez vous déjà des pistes pour la prochaine édition des Estivales ?
Oui. J’ai déjà des pistes sérieuses car nous allons poursuivre la programmation d’œuvres lyriques et d’oratorios. Ce sont mes fils qui m’ont orienté vers Six Six – cette opérette du jeune Jacques Offenbach (1819-1880) – qui n’est presque jamais montée. Pour l’oratorio, ça sera la version pour orgue du requiem de Gabriel Fauré (1845-1924)
Je vous remercie encore une fois de m’avoir accordé cette entrevue. Bon courage pour la fin de l’été et pour la saison à venir.
Crédit photo : inconnu
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