Ensemble Jacques Moderne : Un cinquantième anniversaire qui commence très fort
Si 2025 est une année particulière côté compositeurs (Maurice Ravel (1875-1937) fête son cent cinquantième anniversaire en même temps que l’on célèbre les 150 ans de la disparition de Georges Bizet [1837-1875]), elle est aussi spéciale pour l’ensemble Jacques Moderne qui fut fondé en 1975 par le musicologue Jean Pierre Ouvrard (1948-1992). La phalange célèbre donc son cinquantième anniversaire en cette année qui s’annonce d’un dynamisme peu commun. Et cette année si particulière pour l’ensemble Jacques Moderne commence par un concert en collaboration entre la phalange tourangelle, l’université de Tours et le Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours. C’est ainsi que le chœur spécialisé en musique ancienne (chef de chœur Isabelle Cormorais – qui travaille régulièrement avec Joël Suhubiette et Jacques Moderne – tout en assurant un enseignement de qualité à l’université de Tours) et quelques musiciens étudiants du CRR ont rejoint l’ensemble Jacques Moderne pour une soirée au programme alléchant sur le papier.
Si Heinrich Schütz (1585-1672) est le « doyen » du programme de ce mercredi soir il a sans aucun doute inspiré ses successeurs dans une certaine mesure. Les deux pièces de Schütz que les jeunes artistes et les pros interprètent, le sont avec une belle implication tant de la part de l’orchestre (excellent dans Kleine geistliche Konzerte I opus 8 [Leipzig, 1636]) que de celle du choeur (Erhöre mich rufe, SWV 289) même si quelques rares fausses notes se font jour.
Mais c’est surtout l’Ave Maria Stella de Pier Paolo Bencini (1675-1755) qui capte l’attention ; car Bencini, comme tant d’autres, a été éclipsé par ses illustres contemporains : Dietrich Buxtehude (1637-1707) et Jean Sébastien Bach (1685-1750). Le choeur et la soliste, Cécile Dibbon-Lafarge, sont en symbiose totale et la belle musique de Bencini résonne sous les voûtes de la salle des fêtes de l’hôtel de ville avec un éclat peu commun. Le travail de recherche réalisé par Joël Suhubiette en amont du concert est d’autant plsu remarquable que, comme nombre de ses collègues, il cherche à (re)mettre des œuvres oubliées sur le devant de la scène.
La pièce la plus connue de la soirée est bien le motet BWV 227 Jesu meine freunde de Jean Sébastien Bach (1685-1750). Il est interprété par les solistes de l’ensemble Jacques Moderne sans la moindre faiblesse. Tout y est pour séduire le public : diction parfaite, nuances et tempos idéaux, direction ferme. L’ensemble Jacques Moderne fait honneur au kantor de Leipzig avec panache.
C’est un concert de toute beauté que Joël Suhubiette et ses musiciens ont offert à un public venu nombreux à l’hôtel de ville de Tours. Malgré quelques fausses notes éparpillées ici et la les jeunes musiciens et choristes on tenu leur rang et fait honneur à Isabelle Cormorais, leur professeur dont la présence discrète était un soutien important pour les jeunes gens.
Compte rendu, concert. Tours. Salle des fêtes de l’hôtel de ville, le 5 mars 2025. Dietrich Buxtehude (1637-1707) : Cantate Bux WV 15 « Der Herr ist mit mir » ; Pier Paolo Bencini (1675-1755) : Ave Maria Stella ; Alessandro Marcello (1669-1747) : Concerto en ré mineur pour hautbois, cordes et basse continue ; Heinrich Schütz (1585-1672) : Kleine geistliche Konzerte I opus 8 (Leipzig, 1636), Erhöre mich rufe, SWV 289 ; Jean Sébastien Bach (1685-1750) : Motet BWV 227 « Jesu meine freude », Cantate BWV 131 « Aus der tiefen ». Choeur des étudiants en musicologie de l’université de Tours – direction Isabelle Cormerais – ; élèves du conservatoire à Rayonnement Régional de Tours : Anne Clotilde Brioude Dhenain (violon et alto), Yanis Chambrier Itim (violoncelle), Yumito Shimizu Assant (basson), Victor del Greco (orgue), Guillaume Lemaître (orgue). Musiciens invités : Lucas Berton (violon), Anne Sophie Brioude Dhenain (violon et alto), Philippe Canguilhem (hautbois). Solistes de l’ensemble Jacques Moderne : Cécile Dibbon-Lafarge, Axelle Bernage, sopranos ; Olivier Coiffet, ténor ; Guilhem Terrail, contre ténor ; Cyrille Gautreau, basse ; Emmanuel Mandrin, orgue. Ensemble Jacques Moderne ; Joël Suhubiette, direction.
Crédit photo : Romain Serrano
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