5 questions à … Jacques François Loiseleur des Longchamps, artiste lyrique


Artiste lyrique et directeur artistique et musical de la compagnie de l’Oiseleur, Jacques François de l’Oiseleur des Longchamps a accepté de nous accorder un entretien afin de parler de son parcours en tant qu’artiste lyrique, de la compagnie de l’Oiseleur, qu’il a fondé en 2009, et des projets à venir pour 2024 à commencer par le très rare drame lyrique et satirique « La conjuration des fleurs » du compositeur Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (1840-1910). Ce compositeur méconnu a pourtant eu une carrière éclectique en tant que chef d’orchestre, compositeur, et chargé de mission pour le gouvernement français, ce qui lui permit de mettre en valeur la musique traditionnelle bretonne, entre autres musiques régionales.


Bonjour. Je vous remercie de m’accorder cet entretien pour le compte de lyriqueinfo.blogspot.com. Nous allons commencer par remonter un peu dans le passé : comment êtes vous devenu artiste lyrique ?


J’ai d’abord, enfant puis adolescent, étudié la guitare et la flûte traversière, sans véritable motivation car mes parents tenaient beaucoup à ce que j’apprenne à jouer de ces instruments. Je suis passé, de mon plein gré, au chant à l’âge de 18 ans ; d’abord comme baryton, puis à l’âge de 20 ans sur le conseil de mon professeur de l’époque, en voix d’alto. Après avoir gagné le prestigieux prix du Concours international de chant de Barcelone Francesco Vinas, j’ai fait carrière pendant une dizaine d’années dans cette tessiture. J’avais une trentaine d’années quand je suis revenu à la tessiture de baryton, principalement pour des raisons de répertoires et de rôles.


Comment est née la Compagnie de l’Oiseleur ? Et quel est son objectif principal ?


La compagnie de l’Oiseleur porte le nom de son créateur. Mon nom remonte au Moyen Âge, époque à laquelle mes ancêtres exerçaient le métier d’oiseleurs, comme Papageno dans La flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Elle est née de ma passion pour la poésie mise en musique pour voix et un instrument (luth, guitare, orgue, clavecin, piano, harpe) de la Renaissance à nos jours, mais aussi de la recherche et l’acquisition au fil des années de milliers de partitions dénichées et chinées çà et là au gré de mes pérégrinations ! Toutes ces partitions sont classées par thème ou par poète et cela a engendré la spécialité de la Cie de l’Oiseleur : les programmes à thèmes : la lune, la rose, la neige, le lac, la mer, la féérie, la berceuse, la valse chantée, l’Olympe, le vin, les prénoms féminins, les arbres, les oiseaux, les chevaux, l’Orient, le Japon, la Chine, la Bretagne, la Méditerranée, Venise, Paris… Victor Hugo, Paul Verlaine, Anna de Noailles, Albert Samain, Henri de Régnier, Alfred de Musset… Mais ce n’est pas tout car nous élaborons des programmes de quasi « résurrection » d’œuvres lyriques oubliées, méconnues, inconnues voire inédites ou de compositeurs et de compositrices moins connus, comme : Armande de Polignac, Augusta Holmès, Clémence de Grandval, Guy de Lioncourt, Jacques de La Presle, Eugène de Lignivillle, Johan-Ernst Galliard, André Bloch,Emile Paladilhe, Adolphe Deslandre ...



Parlez moi de « La conjuration des fleurs » du compositeur Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (1840-1910)


C’est une scène lyrique en 2 parties, un drame satirique, dont le livret a également été mis en vers par Louis-Albert Bourgault-Ducoudray. Elle est dédiée à la Société Horticole de Nantes (ville natale du compositeur) : c’est une parodie des campagnes électorales, une tentative d’émancipation de la femme. L’ensemble part d’un constat de changement climatique, déjà, en 1883 !!! il y a 8 rôles féminins de fleurs (du contralto au soprano aigu) et le Génie (baryton). Nous le donnerons en version de concert avec piano, avec 6 chanteuses. L’œuvre a été créée le 27 janvier 1883 à Paris, salle Herz (où Berlioz avait créé son Enfance du Christ en 1854) avec, à l’époque, 4 cantatrices qui se sont distribuées les 8 rôles, sous la direction de Louis-Albert Bourgault-Ducoudray lui-même. Par contre je n’ai pas réussi à savoir si l’œuvre était accompagnée par un orchestre ou par un piano. J’ai découvert ce compositeur en effectuant des recherches sur le thème de la mer et de la Bretagne et j’ai souhaité aller plus loin dans ma découverte de Louis-Albert Bourgault-Ducoudray et le mettre en valeur à l’occasion de ce projet.



Comment sera-t-il financé ? Le principe est il le même pour chaque projet ?


Malgré de nombreuses démarches, la Cie de l’Oiseleur ne bénéficie hélas d’aucune subvention publique ni du soutien financier ou logistique de grandes sociétés privées. Elle vit seulement de ses recettes, de la vente de certains de ses programmes, et de dons de particuliers. Mais comme Nous travaillons en collaboration avec l’Association Artémoise qui est reconnue d’utilité publique cela permet de défiscaliser tout don effectué pour la Cie de l’Oiseleur.


Y a-t-il des compensations ? Si oui, sous quelle forme ?


Non car nous n’avons pas monté ce projet avec un financement participatif comme font certains ensembles, artistes ou compagnies. Mais grâce à notre partenariat avec l’Association Artémoise, les donateurs bénéficieront de la défiscalisation de leurs dons. Cela nous donne aussi la joie de faire travailler des artistes talentueux et passionnés par leur travail. Il y a également le plaisir de participer à la redécouverte du gigantesque répertoire lyrique ou vocal encore inconnu dont nous disposons.


Je vous remercie encore de m’avoir accordé cet entretien. Je vous souhaite le meilleur pour ce beau projet.


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