Les variations au coeur du récital de Cédric Tiberghien au Théâtre Auditorium de Poitiers
Cédric Tiberghien présente les œuvres de son programme
La première chose que j’ai noté, et grandement apprécié, c’est que Cédric Tiberghien a pris la peine de présenté chaque œuvre de son programme. Et il en parle avec amour sans aucune forfanterie, juste pour partager sa passion avec le public. C’est assez rare pour être souligné car Cédric Tiberghien aime partager ; et il ne partage pas qu’avec ses étudiants de l’académie Jarrouski puisqu’il le fait aussi avec son public. Même si la voix portait très bien et passait la rampe sans trop d’efforts, un micro aurait été bienvenu pour une meilleure compréhension. Le travail de recherche qu’il a mené en amont de ses enregistrements et de sa tournée est très impressionnant puisqu’il a été jusqu’à dénicher un compositeur néerlandais, très connu à son époque mais quelque peu oublié depuis sa disparition : Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) qui est aussi le « doyen » de la soirée pusiqu’il faisait la transition entre la période « ancienne » et la période baroque.
De Sweelinck à Beethoven : un programme varié et passionnant
Le grand intérêt de ce programme est sa diversité. Car Cédric Tiberghien a été chercher des œuvres avec des variations dans toute l’histoire de la musique puisque le plus ancien des compositeurs est né en 1562. Mais c’est avec la chaconne de la partita N°2 pour violon seul BWV 1004 de Jean Sébastien Bach (1685-1750) que Tiberghien débute la soirée. Composée pour violon seul par le Kantor de Leipzig, c’est Johannes Brahms (1833-1897) qui la transcrit pour piano ; et pour compliquer les choses, il la transcrit pour la seule main gauche. Tiberghien en donne une très belle lecture ; il adopte des tempos et des nuances parfaits et fait résonner la musique de Bach dans l’auditorium avec talent. La transcription pour la main gauche de Brahms du chef d’œuvre de son illustre prédécesseur donne un nouveau souffle, ou du moins des couleurs inattendues, à cette si belle chaconne. Les six variations sur « Mein Junges leben latein end » de Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) nous permettent de découvrir un compositeur oublié depuis longtemps et dont, pourtant la musique est si belle. Et Cédric Tiberghien interprète ces variations, composées sur une mélodie ancienne, avec talent ; Tiberghien cisèle chaque thème, chaque variation, chaque note tel l’orfèvre qui cisèle une pièce d’art. S’il interprète les 24 variations sur l’ariette « Venni Amore » de Righini en ré majeur WoO 65 de Ludwig Van Beethoven (1770-1827) avec la même rigueur et la même passion, c’est bien la sonate N°11 en la majeur K 331 Alla turca de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) qui accroche un peu plus le public, ne fusse que pour sa célébrissime marche turque (le troisième mouvement de la sonate). Tiberghien, dont les doigts volaient sur le clavier, a parfaitement interprété cette sonate, dont les deux premiers mouvements, un allegro et un menuet, ont été quelque peu éclipsé par la marche turque.
C’est un récital de très belle facture que Cédric Tiberghien a offert au public pictavien et je regrette que la salle ait été si peu remplie car le pianiste parisien est un des grands artistes de sa génération. Pour terminer la soirée, Tiberghien a interprété un extrait d’un concerto pour orgue d’Antonio Vivaldi (1678-1741) transcrit par Jean Sébastien Bach (dans le catalogue il porte le N° BWV 593).
Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 9 novembre 2023. Jean Sébastien Bach (1685-1750) : chaconne de la partita N°2 pour violon seul BWV 1004 (transcription pour la main gauche de Johannes Brahms [1833-1897]), concerto pour orgue BWV 593 (transcription d’un concerto pour orgue d’Antonio Vivaldi [1678-1741]) – bis - ; Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) : six variations sur « Mein Junges leben lat ein end » ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : 24 variations sur l’ariette « Venni Amore » de Righini en ré majeur WoO 65 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : sonate N°11 en la majeur K 331 Alla turca. Cédric Tiberghien, piano.
Crédit photo : Amandine Lauriol (pour l'Académie Philippe Jarrouski)
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