L’ensemble Ars Nova poursuit la célébration de son soixantième anniversaire au Théâtre Auditorium de Poitiers

 


Fondé en 1963 par le compositeur Marius Constant (1925-2004), l’ensemble Ars Nova est le plus ancien ensemble de musique contemporaine encore en activité à ce jour. C’est le compositeur Benoît Sitzia (né en 1990) qui a succédé à Philippe Nahon et Jean Michaël Lavoie à la direction générale d’Ars Nova. Depuis son arrivée en 2019, Sitzia fait montre d’un dévouement peu commun et monte des projets qui méritent qu’on s’y intéresse. Pour le soixantième anniversaire de la fondation d’Ars Nova, plusieurs projets ont vu le jour ; la création mondiale de Carmen, cour d’assises en mai dernier est l’un d’entre eux et il a reçu un bel accueil public et critique (https://toutelaculture.com/spectacles/opera/carmen-cour-dassises-cree-par-lensemble-ars-nova-au-theatre-de-poitiers-ou-comment-le-meurtre-de-carmen-a-inspire-alexandra-lacroix-et-diana-soh/). En cette fin d’année 2023, l’ensemble est venu avec un programme qui contenait trois créations mondiales et une création française. Pour permettre au public de « souffler » un peu entre deux œuvres, le motet Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen ? Opus 74, N°1 composé par Johannes Brahms (1833-1897) en 1877 (la création interviendra en 1878) est interprété par le chœur de l’Opéra de Limoges dirigé par sa cheffe Arlinda Roux Majollari.



La soirée débute par le « mot » de Benoît Sitzia qui rend hommage à Marius Constant, bien sûr, mais aussi à Philippe Nahon, présent dans la salle ce soir là, mais aussi à Jean Michaël Lavoie, l’éphémère directeur de la phalange, et à l’ensemble des musiciens d’Ars Nova dont l’implication sans faille contribue grandement au succès de la phalange. Benoît Sitzia en profite pour saluer le chœur de l’Opéra de Limoges et sa cheffe Arlinda Roux Majollari qui s’est associé à Ars Nova pour cet évènement exceptionnel. J’ai parlé de trois créations mondiales, la première d’entre elles est la nouvelle œuvre de la jeune compositrice Lisa Heute (née en 1991) Du lyrisme de l’obscurité composée en hommage à Marius Constant. Le quintette est dirigé par la jeune cheffe d’orchestre Clémence Le Gac qui est aussi l’assistante de Gregory Vajda à la direction musicale de l’ensemble Ars Nova. La jeune femme est tout de suite à son affaire ; la battue est ferme, le geste sûr. Si Mlle Le Gac montre un talent indéniable pour la direction d’orchestre, Lisa Heute confirme, elle, la très belle impression qu’elle m’avait faite juste avant le premier confinement (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2020/02/le-choeur-et-orchestre-des-jeunes.html). Installé au balcon de l’auditorium le chœur de l’Opéra de Limoges, dirigé avec talent par Arlinda Roux Majollari, interprète un premier extrait du motet Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen ? Opus 74, N°1 de Johannes Brahms (1833-1897). Dès les premières notes j’ai pu apprécier la direction ferme et nerveuse de Roux Majollari, la parfaite maîtrise des voix ; sans oublier la difficulté de chanter A Cappella. Bref, une très belle œuvre interprétée par un chœur de très belle tenue. Après ce premier extrait du chef d’œuvre de Brahms, on assiste à la création française de Ligetidyl de Pete Eötvöe (né en 1944) ; pour la première fois de la soirée c’est Gregory Vajda qui monte sur le podium pour diriger. Vajda dirige d’une main nerveuse et ferme un orchestre qui est au taquet et donne le meilleur de lui même. C’est Clessidra la dernière œuvre de la compositrice lituanienne Justé Janulyté (née en 1984) qui est interprétée en création mondiale avec la même rigueur et la même nervosité que précédemment. Pour terminer la soirée, et comme on est jamais si bien servi que par soi même,Gregory Vajda dirige Post Apocalyptic Pastorale, sa toute dernière œuvre, également en création mondiale.


L’ensemble Ars Nova a une nouvelle fois donné un concert de très belle tenue. La phalange fondée par Marius Constant a célébré son soixantième anniversaire avec panache. Je profite de cette notule pour rappeler que Carmen cour d’assises est en tournée en France et en Europe et qu’elle s’arrêtera à Bordeaux en mars 2024. C’est l’occasion pour ceux/celles qui ne l’ont pas vu au Théâtre Auditorium de Poitiers en mai dernier d’aller voir ce très bel opéra contemporain qui mérite grandement d’être vu.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 23 novembre 2023. Lisa Heute (née en 1991) : Du lyrisme de l’obscurité, hommage à Marius Constant en création mondiale ; Pete Eötvöe (né en 1944) : Ligetidyll en création française ; Justé Janulyté (née en 1984) : Clessidra en création mondiale ; Gregory Vajda (né en 1973) : Post-Apocalyptic Pastorale, en création mondiale ; Johannes Brahms (1833-1897) : Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen ? Opus 74, N°1. Catherine Jacquet, Marie Charvet, violons ; Benoît Morel, alto ; Isabelle Veyrier, violoncelle ; Tanguy Menez, contrebasse ; Aïda Aragoneses Aguado, harpe ; Michel Maurer, piano ; Isabelle Cornélis, Christophe Bredeloup, percussions ; Pascal Contet, accordéon ; Émilien Courait, tuba ; Mathilde Comoy, trombonne ; Matthias Champon, Florian Varmenot, trombone ; Cédric Bonnet, trompettes ; Carl-Emmanuel Fisbach, saxophone ; Philippe Récard, basson ; Eric Lamberger, Céline Millet, clarinettes ; Baptiste Gibier, hautbois ; Pierre-Simon Chevry, flûte ; Ensemble Ars Nova. Choeur de l’Opéra de Limoges. Gregory Vajda, Clémence Le Gac, Arlinda Roux Majollari, direction.


Crédit photo Benoit Sitzia et Gregory Vajda : Stéphanie Molter

Crédit photo Clémence Le Gac : inconnu

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