L’ensemble Les épopées clôt le festival de la dive musique


 

Comme chaque été, le festival de La dive musique donne son concert de clôture en l’église collégiale Saint Martin de Candes Saint Martin. Ce charmant petit village est situé à une dizaine de kilomètres de Fontevraud l’abbaye et l’on est au point exact de confluence entre la Loire et la Vienne. Le thème de la douzième édition du festival était le chant des oiseaux et la soprano Claire Lefilliâtre, parfaitement accompagnée par Agnès Boissonot-Guilbaut à la viole de gambe et Stéphane Huguet au clavecin, l’a tellement bien assimilé qu’elle a monté un programme « spécial piafs » également réparti entre les trois artistes. C’était aussi l’occasion de constater à quel point la France était, aux XVIIe et XVIIIe siècle, un pays d’un dynamisme culturel exceptionnel tant on voit des compositeurs peu connus comme Honoré d’Ambruys (1660-1702) Jean-Baptiste Drouart de Bousset (1662-1725) ou encore Michel Lambert (1610-1695) côtoyer des grands noms comme Marin Marais (1656-1728), Marc-Antoine Charpentier (1643-1704), François Couperin (1668-1733) ou Jean Philippe Rameau (1683-1764) par exemple.




C’est donc un programme original que l’ensemble Les épopées lyriques propose au public « diviste » fidèle et nombreux. Pour débuter la soirée, Claire Leffiliâtre remonte la nef de la belle église Saint Martin vers le maître autel en interprétant « Rossignolet du bois » (compositeur anonyme) ; l’accompagnement tout en douceur de Stéphane Huguet au clavecin clavecin et de Agnès Boissonot-Guilbaut à la viole de gambe met en valeur la belle voix de soprano de Claire Leffiliâtre. Si la voix passe sans effort la rampe et parvient au public installé au fond de l’église, le texte, lui, nous parvient plus difficilement ; cela ne nous empêche pourtant pas de profiter du talent de ces trois artistes. Ce sont des extraits des troisième et quatrième livres de pièces pour viole de gambe de Marin Marais (1656-1728) qu’Agnès Boissonot-Guilbaut interprète avec talent ; ce compositeur incontournable de la période baroque fut un élève du très mystérieux Monsieur de Sainte Colombe (dont on sait depuis peu qu’il s’appelait Jean mais dont on ne connaît pas les dates exactes de naissance et de décès) loua rapidement l’immense talent de gambiste et de compositeur de son maître qui sortit de l’ombre en 1991 grâce au film Tous les matins du monde de Alain Corneau (1943-2010) d’après le livre éponyme de Pascal Quignard (né en 1948). Stéphane Huguet, interprète lui, « Les folies françaises ou les dominos » de François Couperin (1668-1733) avec talent non sans avoir pris le temps d’expliquer les raisons de ce choix et la signification des couleurs de chaque masque. Il interprète également, entre autres pièces pour clavecin, une œuvre de Louis Claude Daquin (1694-1772) : l’hirondelle extrait du troisième livre de pièces pour clavecin. Cela nous permet de découvrir un compositeur prolifique et assez connu à son époque mais oublié depuis son décès. Parmi les autres œuvres pour voix que Claire Lffiliâtre interprète, Je retiens les deux courtes mais charmantes mélodies de Honoré d’Ambruys (1660-1702) : Petits oiseaux que vous êtes heureux et Le doux silence de nos bois. D’Ambruys est aussi l’un de ces compositeurs qui ont sombré dans l’oubli après leur décès et c’est d’autant plus dommage que le seul livre d’airs parvenu jusqu’à nous, le premier (il en a composé 3 jusqu’en 1702, année de son décès) contient des joyaux.


C’est un concert de très belle tenue que nous ont proposé Claire Leffiliâtre et ses deux compères. La programmation de « stars » de la musique baroque et de compositeurs méconnus, voire oubliés comme par exemple le claveciniste Louis Antoine Dornel (vers 1680-vers 1765), est une occasion unique de (re)découvrir des œuvres qui ont fait les beaux jours de la cour de Louis XIV et de Louis XV. Et le public venu nombreux en ce beau dimanche d’août, ne s’y est pas trompé en réservant un accueil enthousiaste aux trois artistes du jour.


Compte rendu, concert. Candes Saint Martin. Église collégiale Saint Martin, le 20 août 2023. Anonyme : Rossignolet du bois, Quand je menais les chevaux boire ; Étienne Mouliné (1599-1676) : Il sort de nos corps emplumés (concert de différents oiseaux) ; Honoré d’Ambruys (1660-1702) : Livre d’airs : Petits oiseaux que vous êtes heureux, livre d’airs : Le doux silence de nos bois ; Marin Marais (1656-1728) : troisième livre de pièces pour viole de gambe : Charivari, Quatrième livre de pièces pour viole de gambe : La fête champêtre ; François Couperin (1668-1733) : Zéphire modère en ces lieux, troisième livre de pièces pour clavecin : Les folies françaises ou les dominos ; Antoine Forqueray (1672-1744) : La girouette ; Louis-Claude Daquin (1694-1772) : Premier livre de pièces pour clavecin : l’hirondelle ; Jean-Baptiste Drouart de Bousset (1662-1725) : Quatorzième livre d’airs : Pourquoi doux rossignol ; Louis Antoine Dornel (vers 1680-vers 1765) : pièces pour clavecin : Le chant de l’alouette, le petit ramage ; Jean Philippe Rameau (1683-1764) : Nouvelle suite de pièces pour clavecin : La poule ; Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Feuillages verts, naissez – Oiseaux de ces bocages – Sans frayeur dans ce bois, je suis venue (bis) ; Michel Lambert (1610-1695) : Livre d’airs : Chantez petits oiseaux ; Pierre Février (1696-1750) : Second livre de pièces pour clavecin : Les tendres tourterelles. Claire Leffiliâtre, soprano ; Agnès Boissonot-Guilbaut, viole de gambe ; Stéphane Huguet, clavecin. Ensemble Les épopées.


Crédit photo Claire Leffiliâtre : Sébastien Brohier

Crédit photo église Saint Martin de Candes : inconnu

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