L’Orchestre des Champs Élysées entamme une tournée européenne avec la missa solemnis de Beethoven

 

Pour son premier concert de la saison 2022/2023 au Théâtre Auditorium de Poitiers, l’Orchestre des Champs Élysées a mis la barre très haut en programmant la missa solemnis de Ludwig Van Beethoven (1770-1827). Pour l’occasion, le Collegium Vocale Gent, l’ensemble historique de Philippe Herreweghe, et un beau quatuor de solistes se joignent à la phalange pour un concert d’autant plus exceptionnel qu’il était retransmis en direct sur Radio Classique. Mais c’est le second concert de l’OCE* auquel j’assistais depuis le mois de septembre après celui donné lors du festival Nouvelle Odyssée : https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/09/lorchestre-des-champs-elysees-donne-son.html.


La missa solemnis de Beethoven est un gros morceau du répertoire de la musique sacrée du XIXe siècle’ et elle en est aussi devenu une pièce incontournable. Et dès le début du concert Herreweghe donne le ton de la soirée : elle sera placée sous le signe de la rigueur et de la beauté. Si la musique vocale n’est pas la spécialité de Beethoven, tant les parties chantées sont tendues à l’extrême aussi bien pour le chœur que pour les solistes, la musique orchestrale, elle, est de toute beauté.


Les parties vocales


- Le collegium Vocale Gent : C’est le choeur qui est le plus sollicité et le Collegium Vocale Gent ne faillit pas à son excellente réputation. Il s’est préparé avec la rigueur qui le caractérise et qui fait de chacune de ses apparitions une fête ; et pour la missa solemnis j’ai apprécié d’écouter une interprétation précise,claire, nette. Le sommet de cette soirée étant le Benedictus dans lequel les nuances étaient quasi parfaites ; le recueillement de ce moment suspendu restera sans aucun doute dans les mémoires des spectateurs et des auditeurs. Mais il faut reconnaître que l’accompagnement sublime d’Alessandro Moccia, le sympathique 1er violon de la phalange participe grandement à l’interprétation quasiment magique de cette partie de la missa solemnis.


- Un Quatuor de solistes de très belle tenue : En début de soirée Jean Louis Gavatorta, le directeur général de la phalange annonce le remplacement de Thomas Bauer, souffrant, par le baryton allemand Hanno Müller Brachmann. Dès le début de la soirée on note que les solistes n’ont aucune intervention en soliste. Chaque intervention se fait à quatre avec à de rares moments une phrase chantée par l’un ou par l’autre. Néanmoins nous avons quatre belles voix ; avec un salut particulier à Eva Zaïck que j’avais vue à Chambord l’été dernier dans un concert Vivaldi de toute beauté (https://toutelaculture.com/musique/classique-musique/le-concert-de-la-loge-enflamme-le-chateau-de-chambord-avec-une-soiree-vivaldi-magistrale/).


L’orchestre


Le moins que l’on puisse dire c’est que Beethoven a particulièrement soigné la partition orchestrale. Mais ne nous y trompons pas, si la musique de Beethoven est de très belle facture, elle n’en est pas moins particulièrement complexe, voire retorse ; et la missa solemnis ne fait pas exception. Si l’accompagnement du Collegium Vocale Gent est d’une précision d’orfèvre, le benedictus qui donne la parole au 1er violon Alessandro Moccia est LE moment de la soirée au cours duquel nous avons l’occasion d’assister à un fabuleux dialogue entre le violon et le chœur. La direction de Philippe Herreweghe est d’une précision millimétrée, les départs sont quasi parfaits, les tempos et les nuances sont idéaux.


C’est un concert de très haute volée que l’Orchestre des Champs Elysées a donné au Théâtre Auditorium de Poitiers devant un public nombreux et conquis au vu des nombreux rappels qui ont poussé Herreweghe et ses solistes à revenir plusieurs fois sur le plateau.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 8 décembre 2022. Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Missa Solemnis. Eleanor Lyons, soprano ; Eva Zaïcik, mezzo soprano ; Hanno Müller Brachmann, baryton. Collegium Vocale Gent ; Orchestre des Champs Élysées ; Philippe Herreweghe, direction.


Crédit photo Philippe Herreweghe : Michie I Hendrickx

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