L’ensemble Masques donne un beau concert de musique baroque au Théâtre Auditorium de Poitiers

 


A peine rentrée de Paris ou j’avais été au Théâtre des Champs Élysées pour écouter Le chant de la terre de Gustav Mahler (1860-1911) par l’Orchestre des Champs Élysées (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/05/lorchestre-des-champs-elysees-celebre.html), je me suis installée dans l’auditorium, la grande salle du Théâtre Auditorium de Poitiers, pour le concert de l’ensemble Masques, fondé et dirigé par Olivier Fortin. Si le grand écart est incontestablement immense ce sont autant de purs moments de grâce.


Donc, après Le chant de la terre de Mahler, c’est un concert de musique baroque auquel j’ai assisté ; en entrant dans la salle j’ai regretté qu’elle soit si peu remplie pour cette soirée dont le programme était pourtant fort alléchant sur le papier. Si Jean Sébastien Bach (1685-1750) est un grand classique de la période baroque, sa musique pour orchestre et/ou pour clavier n’en est pas moins très difficile à préparer et à interpréter. L’ensemble Masques qui donne ce concert d’une très belle tenue connaît déjà l’auditorium puisqu’il y a enregistré son dernier CD (consacré à Bach) et dont la sortie officielle est annoncée pour le 10 juin prochain. Donc, l’ensemble Masques, fondé et dirigé par Olivier Fortin, entame la soirée avec la suite orchestrale en ré majeur BWV 1068 ; et l’interprétation des sept musiciens du chef d’œuvre du kantor de Leipzig est pleine d’allant, vive. Les danses s’enchaînent avec grâce et l’on aurait presque envie de monter sur le plateau pour danser avec les musiciens de Masques. Les deux concertos, BWV 1061 et BWV 1062 pour deux clavecins permettent au public d’apprécier le talent d’Olivier Fortin, qui dirige depuis le clavecin, et d’Emmanuel Frankenberg qui donnent l’un et l’autre le meilleur d’eux même dans ces œuvres solistes d’une grande difficulté. Car si nous connaissons tous Bach comme un grand compositeur de musique sacrée (200 cantates connues, deux passions, messe en si …) il est aussi extraordinairement productif pour le clavier (variations Goldberg, concertos pour un ou plusieurs claviers …) en laissant des œuvres de toute beauté mais d’une complexité et d’une difficulté piégeuses. Si Jean Henri D’Anglebert (1629-1691) est l’aîné des trois compositeurs (son titre de noblesse est acquis bien plus tard et visiblement non mérité) du programme de ce lundi soir, il n’en est pas moins un compositeur très productif pour le clavier, notamment orgue et clavecin ; mais il excellait aussi à faire des arrangements d’œuvres de ses collègues pour le clavier. Qu’il s’agisse de l’ouverture de Cadmus ou de la suite de Phaéton (courante, sarabande, jeunes zéphyrs, sarabande, chaconne), deux opéras de Jean Baptiste Lully (1632-1687), la transcription pour deux clavecins fonctionne parfaitement ; et Olivier Fortin Emmanuel Frankenberg font résonner leurs instruments avec une belle autorité.


C’est une très belle soirée que nous a proposé l’ensemble Masque qui aurait mérité de jouer devant une salle mieux remplie en ce chaud lundi soir de mai. La belle surprise de ce programme étant la présence de Jean Henry d’Anglebert (1629-1691) le moins connu des trois compositeurs et dont la musique gagne pourtant à être connue.


Compte rendu concert. Poitiers. Auditorium, le 16 mai 2022. Jean Sébastien Bach (1685-1750) : concerto pour deux clavecins en do mineur BWV 1062, suite orchestrale en ré majeur BWV 1068, concerto pour deux clavecins en do majeur BWV 1061 ; Jean Henri D’Anglebert (1629-1691) : ouverture de Cadmus (Lully) suite de Phaéton (Lully) : courante, sarabande, jeunes zéphyrs, sarabande, chaconne ; Jean Baptiste Lully (1632-1687) : . Noyuri Hazama, Simon Pierre, violons ; Katleen Kajioka, alto ; Mélisande Corriveau, violoncelle ; Maria Vahervuo, contrebasse ; Emmanuel Frankenberg, clavecin. Ensemble Masques, Olivier Fortin, clavecin et direction.


Crédit photo : Franck Ferville Bannière (CROP)

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