L’orchestre de l’Opéra Royal du château de Versailles donne un concert de très haute volée à La Coursive

 


A peine deux semaines après le somptueux concert du nouvel an donné par Les Siècles et François Xavier Roth (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2022/01/lorchestre-les-siecles-et-francois.html), mes pas me portent de nouveau à La Rochelle ou la scène nationale de la ville « La Coursive », propose un concert de l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles qui est venu avec Samuel Marino, Valer Sabadus et Filippo Mineccia « les trois contre ténors ». Le moins que l’on puisse dire c’est que l’orchestre venu avec un effectif d’une quinzaine de musiciens a mis les petits plats dans les grands et a proposé un programme certes très « classique » mais de très belle tenue dans lequel on trouve outre les tubes habituels des pièces de musique instrumentales.



C’est une rareté qui entame le concert : louverture de l’opéra Il vespasiano de Attilio Ariosti (1666-1729). Stephan Plewniac, qui dirige du pupitre ou il s’est installé au sein de l’orchestre, entraîne ses musiciens dans une interprétation dynamique et nerveuse de cette ouverture qui donne le ton du concert ; il sera placé sous le signe du talent et de la décontraction. J’ai apprécié la direction ferme, nette, précise de Stephan Plewniac qui donne de très belles choses à entendre ; et lorsqu’il lui arrive de « tomber » le violon, le jeune chef (il a quarante ans) se sert de son archet pour diriger chanteurs et orchestre avec autant d’enthousiasme et de bonne humeur que lorsqu’il joue. Avec « l’arrivée de la reine de Saba » extraite de l’opéra Salomon de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Plewniac met en avant les deux excellents flûtistes de l’orchestre que l’on entend par intermittence durant le concert. Comme de bien entendu pas de concert de contre ténor sans quelques extraits d’opéras de Haendel. Et bien sûr l’aria « Lascia la spina, cogli la rosa » tiré de l’opéra « Il trionfo del tempo e del disiganno » fait partie des incontournables, tout comme son pendant « Lascia ch’io pianga mia cruda sorte » (Almira) ; Valer Sabadus interprète cet aria plein de mélancolie et de tendresse avec talent. La belle voix de contre ténor de Sabadus séduit dès les premières notes et entraîne le public, venu nombreux, sans coup férir dans l’univers de Haendel. Filippo Mineccia n’est pas en reste et avec « Sagace è la mano » extrait de l’opéra méconnu de Johann Adolph Hasse (1699-1783) « La spartana generosa » il remet sur le devant de la scène une œuvre qui mérite grandement d’être montée sur scène. Mineccia séduit tout autant que son collègue et remporte un beau succès avec cette très belle rareté. Mais c’est bien le tout jeune Samuel Marino, il n’a pas trente ans, qui surprend le plus le public ; s’il y a des sopranistes en activité comme Fabrice di Falco ou encore Ugo Farell c’est une voix rare et méconnue et le moins que l’on puisse dire c’est qua la voix de Marino couvre une tessiture impressionnante qui lui permet de chanter ce qu’il veut et j’espère seulement qu’il saura se montrer prudent dans l’avenir. Avec « Se il mio amore fu il tuo delitto » extrait de Berenice regina d’Egitto de Haendel Marino utilise avec une aisance incroyable toute l’étendue extraordinaire de sa voix.



C’est un concert de très belle tenue que l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles a proposé au public rochelais qui a accueilli l’ensemble des artistes présents sur scène
avec une ovation largement méritée. Les trois artistes concèdent deux bis, dont un accompagné de la seule basse continue, c’est bien « Signor, oggi rinasco », le final de l’incoronazione di Poppea de Claudio Monteverdi (1567-1643) qui retient l’attention. Stephan Plewniac à la tête de l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles a transcendé ses musiciens et les trois chanteurs avec une direction ferme, nerveuse, précise, nette.


Compte rendu concert. La Rochelle. La Coursive, le 23 janvier 2022.
Attilio Ariosti (1666-1729) : Il vespasiano – ouverture ; Johann Adolf Hasse (1699-1783) : La spartana generosa – aria « Sagace è la mano » ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Il trionfo del tempo e del disiganno – aria « Lascia la spina, cogli la rosa », Berenice, regina d’Egitto – aria « Se il mio amore fu il tuo delitto », Salomon – Arrivée de la reine de Saba, Serse – aria « Crude furie degli orridi abisssi » ; Carl Heinrich Graun (1704-1759) : Cleopatra e Cesare – aria « Tra le procelle assorto » ; Nicola Antonio Porpora (1686-1768) : Polifemo – aria « La gioia immortale che alleta », aria « Alto Giove », Germanico in Germania – aria « Temi lo sdegno mio, perfido traditore » ; Leonardo Vinci (1690-1730) : Artaserse – aria « Vo solcando un mar crudele ». Bis : extrait de l’opéra L’incoronazione di Poppea. Samuel Marino, sopraniste ; Valer Sabadus, contre ténor ; Filippo Mineccia, contre ténor ; Orchestre de l’Opéra Royal du château de Versailles ; Stephan Plewniac, violon et direction.

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