La musique d’Henri Dutilleux servi par le pianiste Jean Pierre Armengaud



Le compositeur Henri Dutilleux (1916-2013), issu d’une famille d’artistes, laissa, à son décès en 2013, un corpus musical important et varié, dont une dizaine de pièces pour piano. Le pianiste Jean Pierre Armengaud, qui est aussi musicologue et professeur d’université a été contraint de faire des choix cornéliens et a dû sélectionner trois pièces parmi la dizaine d’œuvres pour piano que Dutilleux composa durant sa carrière (et qui furent interprétées, voire même créées, pour certaines, par son épouse Geneviève Joy [1919-2009]) : La sonate (composée entre 1946 et 1948, elle fut créée en 1948 par Geneviève Joy), Le loup (musique de ballet d’abord composée pour orchestre ; elle fut ensuite reprise par Dutilleux et réécrite pour piano. Le loup sous sa nouvelle version fut créé en 1953) et les trois préludes composés entre 1973 et 1988. 



Pianiste rare au CD, Jean Pierre Armengaud revient sous la lumière des projecteurs avec un nouvel opus consacré à Henri Dutilleux (1916-2013). Si le compositeur parisien n’a laissé qu’une dizaine de pièces pour piano, il n’en a pas moins eu une carrière très active. Parmi les œuvres sélectionnées par Armengaud, on notera Le loup. Cette musique de ballet, composée d’abord pour orchestre fut ensuite écrite pour piano et créée en 1953. Curieusement, Le loup ne fut jamais enregistré au disque après sa création scénique ; le nouvel opus gravé par Jean Pierre Armengaud est donc une première mondiale pour le chef d’œuvre de Dutilleux. On ne peut qu’apprécier de voir qu’Armengaud sort Le loup de l’oubli ou il était tombé depuis 1953. Si l’intention est excellente, et l’interprétation au mieux très honnête nous aurions apprécié un peu pus de dynamisme et d’allant pour permettre à l’auditeur d’esquisser un pas de danse sur la belle musique de Dutilleux, certes bien servie mais manquant quelque peu d’entrain. Les trois préludes, eux, sont mieux servis par Jean Pierre Armengaud visiblement plus inspiré par ces œuvres qui ont été composées sur la longueur (entre 1973 pour le premier et 1988 pour le dernier). De toutes les œuvres sélectionnées pour l’enregistrement de ce CD, la sonate est celle qui nous interroge le plus. Là encore, l’intention est excellente mais les tempos et les nuances sont décousus et Armengaud, musicien et musicologue chevronné, semble dépassé par la musique de Dutilleux. Musique qu’il connaît pourtant parfaitement puisqu’il a travaillé avec Henri Dutilleux et a étudié son oeuvre en profondeur en tant que musicologue. Ce travail a abouti à la publication d’un article sur la musique du compositeur dans la revue Histoire de la Touraine : « L’œuvre d’Henri Dutilleux ».



Si nous avons apprécié la musique de ballet le loup retranscrite pour piano malgré une interprétation un peu trop sage et les trois préludes, l’interprétation de la sonate nous a clairement laissé sur notre faim. Néanmoins, ne nous y trompons pas, malgré les réserves émises, ce CD a le très grand mérite de faire sortir des placards, ou elle sommeillait depuis sa création en 1953, la version pour piano du Loup.


Compte rendu CD. Henri Dutilleux (1916-2013) : sonate pour piano, Le loup, trois préludes. Jean Pierre Armengaud, piano. Collection « Grand piano » ; 1 CD GP790.

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