La compagnie La tempête présente Les vêpres de Rachmaninov en l’église Saint Julien de Tours

 



Après le très bel Orfeo de Monteverdi, présenté par I gemelli et dont nous avons parlé dans nos colonnes (https://lyriqueinfo.blogspot.com/2021/10/le-festival-concerts-dautomne-presente.html), nous retournons à l’église Saint Julien pour le dernier concert au programme de notre séjour tourangeau : Les vêpres de Sergueï Rachmaninov (1873-1943). La compagnie La tempête, fondée et dirigée par Simon Pierre Bestion depuis ses débuts en 2015, présente un programme d’autant plus ambitieux que le chef d’œuvre de Rachmaninov est chanté A Cappella. L’exercice est périlleux, et le pari risqué, et ce n’est pas tout le monde qui y parvient. La compagnie La tempête, tout comme les ensembles Jacques Moderne et Consonance, est une fidèle du festival Concerts d’automne et on ne peut que saluer son retour à Tours pour l’édition 2021 de la manifestation.

 


Dès notre entrée dans l’église, nous remarquons que la configuration des lieux a changé. En effet le podium, avec quelques marches de chaque côté, est installé dans la nef centrale et dans le sens de la longueur ; et entre les colonnes on voit des installations, assez jolies par ailleurs, pour les lumières. Et nous ne sommes pas déçus car le chœur utilise tout l’espace à sa disposition ; alors que le chœur d’hommes remonte les nefs latérales puis la nef principale en chantant, le chœur de femmes s’installe dans le chœur de l’église. La parfaite «synchronisation » des voix, la direction, claire, nette, précise, nerveuse de Simon Pierre Bestion donne à ces vêpres une dimension intemporelle. On ne peut qu’être admiratif de voir ces vêpres interprétées avec talent, sobriété, sans fausses notes. Côté solistes, nous apprécions la belle voix d'alto de Mathilde Gatouillat qui a chanté sa première intervention en traversant la totalité de la nef principale pour aller ensuite s’installer à l’orgue d’où il chantera par la suite. La voix solide, saine, chaude, puissante de monsieur Abdallah résonne sous les voûtes de l’église Saint Julien et passe le mur du son sans efforts. Le ténor Edouard Monjanel n’a rien à envier à sa collègue et rend justice tant à la liturgie de saint Jean Chrysostome qu’à l’hymne à la liturgie grecque orthodoxe byzantine, œuvres elles aussi chantées A Cappella et sans la moindre faiblesse. Pour les vêpres, Simon-Pierre Bestion a invité le chanteur byzantin Adrian Sirbu dont la voix s’envole sous les voûtes de l’église avec aisance. Adrian Sirbu, membre de l’ensemble graindelavoix, co-dirige avec Bestion lors du chœur d’entrée mais également lorsque les trente deux chanteurs se divisent en un double chœur à la moitié du concert. La mise en espace mise au point permet au public de voir les artistes au plus prêt ce qui est hautement appréciable. Très appréciables également, les lumières de Marianne Pelcerf ; pendant toute la soirée, les belles images végétales donnent l’impression au public d‘être dans une église orthodoxe et non dans une église catholique. Le travail de réflexion mené en amont de ce projet ambitieux, tant par Simon Pierre Bestion, fin musicien et chef de choeur et d’orchestre remarquable, que par Marianne Lecerf aux lumières est d’autant plus remarquable qu’il donne à ces Vêpres une dimension exceptionnelle.



Nous avons assisté à trois concerts de très haute volée, mais les vêpres de Sergueï Rachmaninov présentées par la compagnie La Tempête sont les seules à avoir provoqué une ovation debout. Les très belles lumières de Marianne Lecerf et la superbe interprétation du chef d’oeuvre de Rachmaninov par l’ensemble des artistes, tant solistes qu’artistes des choeurs, a soulevé une immense émotion dans la salle et un enthousiasme d’autant plus important que la performance réalisée était juste splendide.


Compte rendu, concert. Tours. Église Saint Julien, le 16 octobre 2021. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Les vêpres opus 37 ; Liturgie de Saint Jean Chrysostome opus 41 ; Hymne à la liturgie grecque orthodoxe byzantine. Solistes : Adrian Sirbu (soliste pour le chant byzantin) ; Georges Abdallah, Milena Jeliazkova (solistes pour les chants traditionnels). Marianne Pelcerf, lumières. Ensemble La Tempête ; Simon Pierre Bestion, direction.


crédit photos : Rémi Angéli

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Francesco Durante et Antonio Vivaldi au programme du dernier concert des Estivales du Freney

Un opéra à la montagne : La serva padrona présentée dans le cadre des estivales du Freney d’Oisans

La harpe et la bête : un concert original en ouverture de la saison du Théâtre Auditorium de Poitiers