Bach, Haendel, Rameau et Couperin au programme du festival de la Dive Musique : Pierre Hantaï ouvre la manifestation avec maestria





Poursuivant notre périple estival, nos pas nous portent à la charmante abbaye de Seuilly en Indre et Loire, à quelques encablures de la ville de Chinon. C’est le grand claveciniste Pierre Hantaï qui ouvre le festival de la Dive Musique qui célèbre en cette année 2021 sa dixième édition. Pour l’occasion le programme tourne autour de Jean Sébastien Bach (1685-1750) et de trois de ses contemporains : Georg Friedrich Haendel (1685-1759) ; Jean Philippe Rameau (1683-1764) et Louis Couperin (vers 1626-1661).



Claveciniste de talent, reconnu de longue date comme l’un des maîtres de cet instrument, Pierre Hantaï est aussi un pédagogue né. En effet, avant de dérouler le programme qu’il a préparé pour cette soirée exceptionnelle, il annonce lui même les ajouts qu’il a effectué ; ajouts par ailleurs tout à fait cohérents puisque Rameau (1683-1764) est l’exact contemporain de J.S Bach et de Haendel nés tous les deux en 1685 alors que Couperin est leur immédiat prédécesseur. Pierre Hantaï nous précise également qu’il a choisi des œuvres des jeunes Jean Sébastien Bach (1685-1750) et Georg Friedrich Haendel (1685-1759), ajoutant même que Haendel n’a plus jamais composé pour le clavecin après son départ d’Allemagne. D’entrée de jeu nous apprécions la technique impeccable d’Hantaï dont les doigts volent sur le clavecin avec une fluidité remarquable ; si l’interprétation du prélude et de la fugue de Jean Sébastien Bach était déjà exceptionnelle, c’est surtout la suite qui retient notre attention. Rappelons au passage qu’au XVIIe siècle la suite comprenait une série de danses différentes selon les pays mais qui commençait toujours par un prélude ; ainsi Pierre Hantaï nous a proposé en ce beau jeudi soir d’été une suite anglaise du kantor de Leipzig. Les danses se succèdent allègrement sous les doigts magiques du claveciniste qui met toute la passion qui l’habite dans son interprétation du chef d’œuvre de Bach. De Georg Friedrich Haendel, Pierre Hantaï n’interprète que la suite N°3 en ré mineur ; La différence avec la suite de Bach est la suivante : la sarabande et la bourrée de la suite de Bach sont remplacées par « air et variations » et « finale presto ». Le jeune Haendel avait un talent certain pour composer pour clavecin et l’on peut se demander pourquoi il a arrêté de composer pour cet instrument après son départ pour Londres ; et cette suite, brillante, est sublimée par un Pierre Hantaï très en forme. Avec Jean Philippe Rameau (1683-1764) et Louis Couperin (vers 1626-1661) la musique baroque française est mise à l’honneur de fort belle manière. Si Rameau a fait une entrée fracassante dans le monde opératique en 1733 avec Hippolyte et Aricie, il ne faut pas oublier qu’à cette période de sa vie il avait déjà composé presque toute sa musique instrumentale et publié son célèbre traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels (qu’il remettra sur le métier à plusieurs reprises entre 1722 et la fin de sa vie). La sarabande qu’a choisi d’interpréter Pierre Hantaï date de 1728 ; Cette danse de « la maturité » ne manque pas d’intérêt et nous aurions sans doute apprécié d’en écouter une ou deux supplémentaires. Louis Couperin (vers 1626-1661), issu d’une famille de musiciens dont il est, avec son neveu François, le plus illustre représentant, a laissé un corpus de musique instrumentale important qui est redécouvert depuis quelques années. Les deux pièces intitulées « Les ombres » sont interprétées avec autorité.


Pierre Hantaï a ouvert le festival de la Dive Musique de manière magistrale en présentant des œuvres de jeunesse de Jean Sébastien Bach et de Georg Friedrich Haendel tout en faisant une incursion bienvenue dans la musique baroque française qui regorge de pépites. On ne peut que saluer la très belle initiative des responsables du festival qui ont fait un coup de maître en invitant l’un des meilleurs clavecinistes en activité.


Compte rendu, concert. Seuilly. Abbaye, le 12 août 2021. Jean Sébastien Bach (1685-1750) : prélude en ré mineur BWV 899, fugue en ré mineur BWV 997, choral « Wer nur den lieben Gott lässt walten » BWV 895, suite anglaise N°2 en la mineur BWV 807 (prélude, allemande,courante, sarabande, bourrée, gigue), air à la manière italienne, Bis : toccata (pièce de jeunesse) ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Suite N°3 en ré mineur HWV 428 (prélude, allemande, courante, air et variations, finale presto) ; Jean Philippe Rameau (1683-1764) : sarabande (composée en 1728) ; Louis Couperin (vers 1626-1661) : Les ombres I, Les ombres II. Pierre Hantaï, clavecin.

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