L’Orchestre des Champs Elysées, investit le musée Sainte Croix : l’amour fou en musique

 



Poursuivant notre parcours estival, nos pas nous portent, en ce mercredi soir au musée Sainte Croix, situé à quelques encablures du centre ville de Poitiers. C’est pour mettre en musique l’exposition en cours « L’amour fou » (et d’ailleurs, l’exposition est prolongée jusqu’au 4 juillet) qu’un quatuor, issu de l’Orchestre des Champs Elysées arrive sur site. C’est un concert de musique russe et de musique française tournant autour du trio amoureux que formaient en leur temps la peintre Romaine Brooks italo-américaine (1874-1970), la danseuse russe Ida Rubinstein (1885-1960) et le poète italien Gabriele D’Anunzio (1863-1938) que nous proposent ces musiciens talentueux. Malgré la jauge l’auditorium du musée Sainte Croix était bien rempli pour ce concert particulier de l’Orchestre des Camps Elysées.


Après une présentation bien documentée du trio amoureux (Brooks/Rubinstein/D’Anunzio) autour duquel tourne le programme, le pianiste Franck Van Den Laar s’avance pour interpréter des extraits du Martyre de Saint Sébastien de Claude Debussy (1862-1918). L’original composé pour la danseuse russe Ida Rubinstein (1885-1960) sur un poème de Gabriele D’Anunzio (1863-1938) dure cinq heures, ce qui n’a pas empêché Rubinstein de tourner avec en France et en Europe ; néanmoins, Debussy et D’Anunzio ont repris l’œuvre pour la réduire à 3 heures 30. Dans le même temps, le compositeur André Caplet (1878-1925) a réalisé un arrangement pour piano du chef d’œuvre de Debussy ; ce sont trois extraits de cet arrangement que Frank Van Den Laar interprète en ce frais mercredi soir. Le pianiste néerlandais joue son piano avec une subtilité et un brio uniques ; Le doigté incomparable de Van Den Laar et l’utilisation impeccable de la pédale donnent à ces extraits des couleurs inattendues. Un ou deux extraits un peu plus vifs eussent cependant été bienvenus pour réveiller une salle parfois un peu sérieuse.




Après une courte pause, le temps d’installer les pupitres, les quatre musiciens arrivent pour interpréter la deuxième œuvre au programme de ce concert : Shéhérazade de Nicolaï Rimsky Korsakov (1844-1908). Cette Shéhérazade fut composée pour orchestre mais c’est dans un arrangement pour quatuor (violon/violoncelle/clarinette/piano) que les musiciens de ce soir nous présentent des extraits de Shéhérazade. D’entrée de jeu, on apprécie de voir la belle complicité qui lie les quatre musiciens ; la musique s’envole sous le plafond du musée sans efforts. Si les puristes pourraient être tentés de crier au loup en entendant le chef d’œuvre de Rimsky Korsakov joué par un quatuor, aussi inhabituel soit il on notera quand même que l’arrangement pour violon, clarinette, violoncelle et piano est tout aussi intéressant que l’œuvre originale. Les quatre musiciens sont en totale symbiose tant ils se connaissent bien ; quant à la direction, assurée par le violoniste Martin Reimann, nous en apprécions la précision, la fermeté et la discrétion tant les départs sont donnés sans que l’on s’en aperçoive. Cette interprétation de Shéhérazade pour inhabituelle, voire même surprenante, qu’elle soit nous permet de voir le chef d’oeuvre de Rimsky Korsakov sous un jour nouveau.


C’est un concert très particulier auquel nous avons assisté en ce mercredi de début d’été puisque l’Orchestre des Champs Elysées avait délégué quatre musiciens de talent pour présenter au public, venu nombreux, deux œuvres qui gagnent à être connues. Si le Martyre de Saint Sébastien reste très largement méconnu, essentiellement à cause de sa longueur (5 heures de musique, de danse et de théâtre), l’arrangement pour piano d’André Caplet (1878-1925) permet au moins de connaître la musique que Debussy composa pour le poème de Gabriele d’Anunzio. Quant au mythe de Shéhérazade dont il existe plusieurs versions, le chef d’œuvre de Rimsky Korsakov


Compte rendu concert. Poitiers. Musée Sainte Croix, auditorium. Le 23 juin 2021. Nicolaï Rimsky Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade, extraits (arrangement pour violon, violoncelle, clarinette et piano) ; Claude Debussy (1862-1918) / André Caplet (1878-1925) : Le martyre de Saint Sébastien, trois pièces pour piano. Martin Reimann, violon, Gésine Queyras, violoncelle, Frank Van den Brink, clarinette, Franck Van den Laar, piano.

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