La simphonie du Marais fête le solstice d'été à l'abbaye royale de Fontevraud
En
ce premier week-end d'été, l'Abbaye Royale de Fontevraud avait
prévu un programme particulier alliant musique, conférences,
expositions … En ce vendredi 21 juin, c'est le concert de
l'ensemble «la simphonie du
Marais» qui a retenu toute notre attention. L'ensemble qui
était en résidence à l'abbaye du 14 au 21 juin présentait, à
l'occasion de la fête de la musique, le fruit de cinq jours de
travail autour de son programme Bach. Il existe de nombreuses
dynasties de grands musiciens et la famille Bach ne fait pas
exception. Si Jean Sébastien Bach (1685-1750) est le plus
célèbre de la lignée, son père avant lui et plusieurs de ses
oncles étaient également des compositeurs reconnus en leur temps.
Après lui plusieurs de ses fils ont suivi les traces paternelles ;
Wilhelm Friedman Bach (1710-1784) et Carl Philip Emmanuel
Bach (1714-1788) étaient nés du premier mariage de leur père.
Ce sont des œuvres (sinfionias, concertos, fugues … ) du père et
des fils que nous présentaient Huguo Reyne et ses musiciens en cette
belle soirée d'été.
Consacrer
un programme à Jean Sébastien Bach et à ses fils, Wilhelm Friedman
et Carl Philip Emmanuel est souvent un défi. En effet, le père n'a
pas composé de symphonie au sens strict du terme, et les sinfonias
que Jean Sébastien composa constituent les ouverture des cantates
qu'il composa à la chaîne puisqu'il devait fournir une nouvelle
cantate d'une semaine sur l'autre pour l'office du dimanche. Si
aujourd'hui seules deux cent de ces cantates nous sont parvenues,
nous n'écouterons que les sinfonias de deux d'entre elles, la BWV
1046a et la BWV 1045 qui sont remarquablement dirigées par un
Hugo Reyne en grande forme, c'est surtout le concerto
brandebourgeois N°1 qui attire l'attention. Hugo Reyne
visiblement survolté prend le temps de parler des concertos dont il
connaît parfaitement l'histoire. Ainsi apprenons nous que le N°1, a
été repris après que la première mouture eût été envoyée au
Margrave de Brandebourg accompagné d'une lettre dans laquelle il
sollicite un emploi auprès du prince pour pouvoir faire son deuil
après le décès de s première épouse. Pour ce concert, c'est la
première version du concerto N°1 que nous proposent la simphonie du
Marais et Hugo Reyne, c'est à dire sans la polonaise et la gigue.
L'interprétation de la simphonie du Marais est sobre, dynamique ;
quant à la direction d'Hugo Reyne elle est claire, nette, précise.
Nous apprécions d'autant plus cette très belle interprétation, que
ces concertos, très charmants au demeurant, méritent largement leur
retour sur le devant de la scène depuis plusieurs décennies. Avec
la symphonie en ré mineur Falk 65, nous entrons dans
l'univers de Wilhelm Friedman Bach (1710-1784). Le fils aîné de
Jean Sébastien Bach est assez peu connu du public ; pourtant, même
si l'on peut se rendre compte de l'immense influence du père sur
l’œuvre du fils, on apprécie d'entendre une musique à la fois
très différente et très complémentaire de celle de son père.
Nous avons également l'occasion d'apprécier le talent de flûtiste
d'Hugo Reyne qui ayant pris sa place au sein de ses musiciens dirige
avec autant de précision et de rigueur que précédemment. Pour les
mouvements suivants c'est la première violon Sue-Ying Koang qui
dirige depuis sa place avec autant de rigueur, de clarté et de
simplicité qu'Hugo Reyne. Carl Philip Emmanuel (1714-1788) est tout
aussi influencé par son père que son frère tout en conservant un
style propre. Sa symphonie en sol majeur Wq 173 est tout aussi
courte que celle de son frère mais pleine de thèmes charmants,
vifs, entraînants. La simphonie du Marais interprète l’œuvre de
Carl Philip Emmanuel sans temps morts, ciselant chaque note, chaque
thème, chaque mouvement sans céder à la facilité.
Si
nous regrettons sa brièveté, nous avons eu l'occasion d'écouter un
concert de haute volée offert par la simphonie du marais
parfaitement dirigée par un Hugo Reyne très en forme. Si le public
connaît l’œuvre de Jean Sébastien Bach, il connaît nettement
moins celle de son fils aîné Wilhelm Friedman. Sa musique, pour
influencée qu'elle ait été par son père, n'en a pas moins une
personnalité et un style qui lui sont propres ; comme pour les
corpus de ses frères, on peut regretter que la musique de Wilhelm
Friedman soit si peu connue de nos jours. Si Carl Philip Emmanuel est
plus connu que son frère, son œuvre est encore largement méconnue
actuellement alors que le compositeur était reconnu de son vivant.
Et pour remercier le public, hélas bien peu nombreux, la simphonie
du Marais concède deux bis avec la sinfonia en ré majeur BWV 1082
et le célèbre choral «Jésus que ma joie demeure» que Jean
Sébastien Bach composa dans les dernières années de sa vie.
Compte
rendu, concert. Fontevraud. Auditorium, le 21 juin 2019. Jean
Sébastien Bach (1685-1750) : Sinfonia en fa majeur (BWV 1046a),
Concerto brandebourgeois N°1 (première version, 1721), Sinfonia en
ré majeur (BWV 1045), Sifonia (BWV1082, Bis N°1), choral «Jésus,
que ma joie demeure» (Bis N°2) ; Wilhelm Friedman Bach
(1710-1784) : Symphonie en ré mineur (Falk 65); Sue-Ying
Koang : Symphonie en sol majeur (Wq 173). Sue-Ying Koang, violon
solo, La simphonie du Marais. Hugo Reyne, flûte et direction.
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