Choeur et Orchestre des jeunes : Quand l'Orchestre des Champs Elysées promeut l'éducation musicale et culturelle des lycéens de Nouvelle Aquitaine


Le chœur et l'orchestre des jeunes est un projet de l'Orchestre des Champs Élysées mis en place en 2014. Depuis cette date, non seulement il a considérablement évolué mais il a pris sa place dans le paysage musical régional. En 2018, le concert était consacré à Hector Berlioz (1803-1869) ; pour l'édition 2019 du concert Chœur et Orchestre des jeunes, c'est Gabriel Fauré (1845-1924) qui était au programme des lycéens venus de toute la région Nouvelle Aquitaine. Son requiem, créé en 1888 a été remanié une première fois en 1893, date à laquelle il rajoute l'Offertoire et le libera me, puis en 1900 à la demande de son éditeur pour l'exposition universelle de Paris. Cependant, pour cette troisième version, celle choisie pour le concert de jeudi, il semble que Fauré ait été très réticent ; c'est pourquoi c'est l'un de ses élèves qui a apporté les dernières modifications demandé par l'éditeur. Pour ce concert, Philippe Herreweghe cède sa baguette à un autre chef d'orchestre ; pour la soirée du 20 mars, c'est Mathieu Romano, chef et fondateur de l'ensemble AEDES, qui a pris la place du chef et fondateur de l'Orchestre des Champs Élysées sur le podium.

Je ne m'étendrai pas sur la suite Pelleas et Mélisande dont je n'ai pu écouter que les dernières minutes, mais visiblement, le jeune chef a pris l'orchestre bien en main dès le début de la soirée. Avec the unquestioned answer, œuvre commandée pour l'occasion à Louis Daval-Frérot (né en 1991), on a une œuvre pour chœur et orchestre certes intimiste mais aussi très exigeante. Le travail réalisé en amont pour cette œuvre a donné aux jeunes, choristes et musiciens, l'occasion de participer à une création mondiale. Et ils l'ont fait avec un enthousiasme, un sérieux et une rigueur tout à leur honneur. La direction de Mathieu Romano est claire, nette, précise et les jeunes musiciens suivent leur chef avec un grand sérieux ; la présence de quelques musiciens issus des rangs de l'Orchestre des Champs Élysées a bien aidé les lycéens.Quant aux choristes, Louis Daval Frérot leur a donné une très belle partition, certes peu évidente mais défendue avec un panache réjouissant ; Mathieu Romano, chef de chœur et d'orchestre averti soutient et dirige le chœur par une gestuelle sans fioritures.Le requiem de Fauré est certes l'un des requiem les plus donnés en concert mais aussi l'un des plus exigeants pour le chœur qui est très sollicité pendant quarante minutes. Si la version choisie, celle de 1900 pour grand orchestre, permet de mieux soutenir le chœur, elle n'en enlève pas moins de pression. Et cette pression se ressent dès le début à l'orchestre qui ne peut éviter quelques fausses notes ; fausses notes qui se répercutent comme en écho dans le chœur. Fort heureusement le chef recadre rapidement, et, malgré ce faux départ, le chœur, dont font aussi partie les enseignants encadrants, donne de très belles choses à entendre. Quel dommage pourtant que le jeune baryton Antoine Roy n'ait pas été aussi convaincant que le chœur ; sa première intervention était peu audible et donnait très franchement l'impression d'être venu sur scène par accident : Voix plus ténorisante que barytonante, peinant à passer la rampe de l'auditorium et sans réelle signature. Le jeune homme, nez piqué dans la partition, surtout pendant l'interprétation de l'Offertoire, a donné la fâcheuse impression de n'avoir pas appris sérieusement cette première et courte intervention ; si son Libera me était mieux chantant et plus audible, globalement il déçoit. Quant à la jeune soprano Maylis Moreau elle livre un Pie Jesu plus convaincant et mordant ; sortie des chœurs, ou elle chantait, elle a d'emblée répondu présente à chaque coup d’œil du chef.

Si, dans l'ensemble, j'ai apprécié ce que j'ai entendu dans l'auditorium mercredi dernier, à commencer par la nouvelle œuvre de Louis Daval Frérot «The unquestioned anwser», j'ai regretté de ne pas voir un baryton plus aguerri pour chanter le requiem de Fauré, malgré les deux courtes interventions qui lui sont dévolues. Quant au projet Choeur et Orchestre des jeunes, soutenu, voire porté à bout de bras par l'Orchestre des Champs Élysées et sa dynamique attachée de presse Clémence Vergnault, on ne peut que souhaiter le voir perdurer, à l'image du grand frère qu'est le Jeune Orchestre de l'Abbaye installé à l'abbaye au dames de Saintes.

Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 20 mars 2019. Gabriel Fauré (1845-1924) : Pelleas et Mélisande suite Op 80, requiem en ré mineur Op 48 (version pour grand orchestre (1900) ; Louis Daval Frérot (né en 1991) : The unquestioned answer. Maylis Moreau, soprano ; Antoine Roy, baryton ; Choeur et Orchestre des jeunes ; Orchestre des Champs Elysées. Mathieu Romano, direction.

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