Le Paris Mozart Orchestra clôt les Folles journées en région avec panache


De retour à l'abbaye royale de Fontevraud après un après midi pluvieux, nous nous ré-installons dans un auditorium très bien rempli pour un concert consacré à Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Si l'ouverture des Noces de Figaro fait partie des tubes de tout concert instrumental spécial Mozart, on a plaisir à voir jouer le concerto pour flûte et harpe et le concerto pour clarinette dont les sublimes seconds mouvements sont bien connus des mélomanes avertis ou néophytes. Néanmoins j'ai apprécié de les voir ces deux œuvres jouées dans leur intégralité avec des artistes jeunes et talentueux et placés sous la direction d'une cheffe d'orchestre très en forme. Claire Gibault, aphone, ainsi que l'annonce le premier violoncelliste du Paris Mozart Orchestra, remercie le public par la voix de ce sympathique musicien.

Avec Le nozze di Figaro, opéra joué et rejoué sur toutes les grandes scènes françaises et internationales On est sûr de capter l'attention du public aussi nombreux soit il. Claire Gibault dirige l'ouverture du chef d’œuvre de Mozart avec brio. La gestuelle est épurée et la battue claire, nette, précise. Néanmoins, si, un petit grain de folie en plus, vu l'action à suivre, aurait été bienvenu, on apprécie une excellente interprétation de cette si belle musique ; cela étant dit, la musique du divin Mozart résonne joyeusement sous les voûtes en bois de l'auditorium. Après une courte pause, nécessaire pour installer la harpe et le pupitre de la flûtiste, Claire Gibault revient avec Sylvain Blassel et Mathilde Calderini pour interpréter le concerto pour flûte, harpe et orchestre dont l'envoûtant second mouvement est si souvent donné sur certaines radios musicales. La révélation de la soirée est la toute jeune Mathilde Calderini, nommée en septembre dernier, et à moins de trente ans, flûte solo de l'Orchestre National de Lille dirigé par Alexandre Bloch depuis 2016. La jeune femme fait montre d'une maîtrise impressionnante de son instrument se montrant ainsi l'égale des meilleurs flûtistes tels le regretté Jean Pierre Rampal, James Galways Emmanuel Pahud ou Alexis Kossenko pour ne citer qu'eux. Elle interprète la partition de Mozart avec une virtuosité incomparable et dialogue avec son partenaire et l'orchestre en toute simplicité. Le harpiste Sylvain Blassel est, avec Xavier de Maistre, l'un des rares hommes à pratiquer son instrument en tant que soliste. Si d'entrée de jeu on pense à la sémillante et regrettée Lili Laskine dont l’interprétation de ce très beau concerto reste inégalable, Sylvain Blassel n'a rien à lui envier tant lui aussi maîtrise parfaitement son instrument ; Blassel fait résonner sa harpe dans l'auditorium avec une sûreté de métier peu commune. La complicité entre les deux solistes, l'orchestre et la cheffe contribue aussi à donner à ce si beau concerto des couleurs vives et des sonorités foisonnantes que Mozart lui même n'aurait certes pas renié.après un nouvel arrêt por re-préparer le plateau, c'est le clarinettiste Nicolas Baldeyrou qui accompagne la cheffe pour interpréter le concerto pour clarinette et orchestre. Le jeune homme joue sans partition ce qui est d'autant plus remarquable que la musique de Mozart en apparence facile à jouer est redoutablement complexe. Le concerto pour clarinette, le seul que Mozart composa dans sa courte vie, ne fait pas exception. Nicolas Baldeyrou interprète ce concerto mal connu dont, comme pour le concerto pour flûte et harpe, seul le second mouvement est régulièrement donné sur les radios musicales. Ce qui est d'autant plus dommageable que l'ensemble du chef d’œuvre de Mozart est charmant et gagne à être connu dans son intégralité. Baldeyrou rend justice à cette œuvre par une interprétation fine, sobre, avec des nuances parfaites. L'ensemble des musiciens magnifient la musique sublime de Mozart grâce à une implication totale et comme pour le concerto précédent ils en donnent une interprétation quasi idéale.

C'est une très belle soirée que nous ont proposé Claire Gibault et le Paris Mozart Orchestra qui, accompagnés par trois solistes exceptionnels, ont mis en avant deux concertos de toute beauté trop souvent réduits à leurs seuls seconds mouvements ; cela étant dit ces deux mouvements aussi sublimes soient ils ne sauraient «faire» à eux seuls tout un concerto. La très belle interprétation de Mathilde Calderini, la jeune et brillante flûtiste solo de l'Orchestre National de Lille, et de Sylvain Blassel d'une part et de Nicolas Baldeyrou d'autre part ont fait de cette soirée un moment exceptionnel. Le seul point noir à noter est le manque de respect total de certains spectateurs trop pressés qui sont partis en claquant les portes de l'auditorium pendant la reprise du mouvement lent du concerto pour clarinette.

Compte rendu concert. Abbaye royale de fontevraud. Auditorium, le 27 janvier 2019. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Le nozze di Figaro (ouverture) ; concerto pour flûte, harpe et orchestre en UT majeur K 299; concerto pour clarinette et orchestre en la majeur K 622. Sylvain Blassel, harpe ; Mathilde Calderini, flûte ; Nicolas Baldeyrou, clarinette. Paris Mozart Orchestra, Claire Gibault, direction.



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