Lully au programme de l'ensemble Consonance au Grand Théâtre de Tours


 


L’ensemble Consonance est en résidence au festival Concerts d’automne depuis la première édition. Et chaque année François Bazola, son chef et fondateur, propose des programmes originaux. Pour l’édition 2025, la dixième du nom, il a monté un programme autour des opéras de Jean Baptiste Lully (1632-1687), le compositeur favori de Louis XIV. Depuis 2015 Alessandro di Profio programme des concerts de qualité qui attirent de plus en plus de monde. Si Carlo Vistoli a donné un récital intéressant malgré des choix hasardeux, le concert de l’ensemble Consonance était d’une très belle qualité. Le compositeur franco-italien Jean Baptiste Lully (1632-1687) n’avait jamais franchi les portes du Grand Théâtre de Tours. Ce fut chose faite le 18 octobre puisque François Bazola a monté un programme avec des extraits de Phaëton (1683), Psyché (1678), Armide (1686), Roland (1685) et Atys (1676). Pour chanter les différents airs du programme, François Bazola a invité trois artistes qui ont donné le meilleur d’eux même devant un public venu nombreux : Myriam Arbouz (soprano), Clément Debieuvre (haute contre) et Arnaud Richard (baryton basse).





C’est avec Phaëton que François Bazola et Consonance entament la soirée. François Bazola dirige l’ouverture d’une main ferme, précise, nerveuse. L’orchestre parfaitement préparé en amont du concert suit son chef avec une précision millimétrée ; quant aux trois solistes, ils donnent de très belles choses à entendre dans les extraits de Phaëton que François Bazola a sélectionné. Nous avons écouté trois belles voix parfaitement maîtrisées, au large ambitus ; Clément Debieuvre (haute contre), Myriam Arbouz (soprano) et Arnaud Richard (baryton). Psyché est tout aussi bien défendu par l’ensemble Consonance ; cela étant dit le seul « air » moins convaincant dans ceux que nous avons entendu est « Deh piangete al pianto mio – Double rispondete a miei lamenti » interprété par Myriam Arbouz ; Lully a produit là un air étrange dont on peut se demander ce qu’il vient faire en plein milieu d’un opéra français. Avec Armide, on entre dans le fantastique ; la basse Arnaud Richard interprète l’air de Roland « Plus j’observe ces lieux » avec talent, donnant vie au chevalier sans efforts. Quant à Myriam Arbouz, qui chante « Enfin, il est en ma puissance », elle rend avec talent les sentiments contradictoires d’Armide qui oscille entre amour et haine. Dans le même état d’esprit, Renaud, composé et crée en 1685, soit juste un an avant Armide, est au coeur de l’intrigue ; Arnaud Richard interprète « Ah, j’attendrai longtemps – Je suis trahi – prélude – Quel gouffre s’est ouvert » avec conviction. La folie du chevalier, découvrant que sa bien aimée en aime un autre plus jeune et séduisant est fort bien rendue par Richard très investi dans la défense de ce répertoire. Dernier opéra au programme de la soirée : Atys. Cet opéra composé et créé en 1676 a connu une destinée peu commune ; car en effet si des œuvres comme Phaëton sont rarement données, Atys, lui est monté un peu plus régulièrement. Clément Debieuvre Chante ne chante qu’en duo ou en ensemble mais il se montre à la hauteur du défi car la partition est difficile.



C’est un concert remarquable que François Bazola et l’ensemble Consonance ont présenté au public venu nombreux au Grand Théâtre de Tours. Et il ne s’y est pas trompé ce public en réservant un accueil très enthousiaste et très mérité à l’ensemble des artistes présents sur le plateau de l’Opéra de Tours. J’espère un jour voir un opéra de Lully présenté au Grand Théâtre de Tours dans son intégralité.


Compte rendu, concert. Tours. Grand Théâtre, le 18 octobre 2025. Jean Baptiste Lully (1632-1687) : Phaëton (1683) : Astrée, Saturne et troupe chantante, Ouverture – Menuet – Air d’Astrée – Air de Saturne – Air pour les suivants de Saturne – Bourrée – Entracte, Les plaisirs, troupes d’amantes et d’amants fortunés, air – chaconne ; Psyché (1678) : Hommes et femmes affligés, Plainte italienne Deh piangete al pianto mio – Double rispondete a miei lamenti ; Armide (1686) : air de Renaud : Plus j’observe ces lieux, air d’Armide : Enfin il est en ma puissance, Entracte, Gavotte, Canaries, bis : passacaille ; Roland (1685) : Prélude, air de Roland : Ah, j’attendrai longtemps – Je suis trahi – prélude – Quel gouffre s’est ouvert ; Atys (1676) : Le sommeil, Morphée, Phobétor, Phantase, Cybèle ; Ouverture – Sommeil – Entrée des songes agréables – Entrée des nations – Espoir si cher et si doux. Myriam Arbouz, dessus ; Clément Debieuvre, haute contre ; Arnaud Richard, basse. Yuki Koike, 1er violon ; Diana Lee, Maya Enokida, violon ; Anaëlle Blanc Verdin, David Rabinovici, Haute contre de violon ; Ugo Gianotti, taille de violon ; Myriam Bulloz, quinte de violon ; Lucas Peres, viole de gambe ; Marie Amélie Clément, violone ; Gaëlle Lecoq, flûte à bec ; Nathalie Petibon, Xavier Miquel, hautbois et flûte à bec ; Nicolas Rosenfeld, basson et flûte à bec ; Miguel Henry, théorbe ; Jean Miguel Aristizabal, clavecin. Ensemble Consonance ; François Bazola, direction.


Crédit photos : Rémi Angéli

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