Le festival de Gramat ouvre avec le duo de choc Eric&ric : Ne vous mariez pas les filles


 



Pour la troisième année consécutive, la compagnie Opéra Éclaté a trouvé refuge dans la charmante ville lotoise de Gramat, située non loin de Saint Céré et de Rocamadour. La volonté de Michel Sylvestre, l’actuel maire de Gramat de promouvoir la culture l’a incité à proposer à Olivier Desbordes, le directeur d’Opéra Éclaté à s’installer à Gramat pour y monter un festival de musique mêlant variété et humour sans aucune modération. Le succès, immédiat, a été tel que la manifestation est passée d’une durée de 3 à 5 jours. Opéra Éclaté propose donc des spectacles de chansons plus ou moins « anciennes » car en effet selon les spectacles présentés les chansons ont parfois été écrites et composées dans les années 1930 ; les plus récentes datant des années 1960 à 1980.


Une mise en scène originale et agrémentée de costumes originaux


Olivier Desbordes réalise une mise en scène – ou plutôt une mise en espace, vu la petite taille du plateau – de très belle tenue. Il pousse aussi ses deux artistes à se transcender sans oublier de leur lancer quelques défis comme par exemple « le porter d’Eric » ; fort heureusement pour le dos d’Eric Vignau l’exercice ne dure pas longtemps même s’il est repris une ou deux fois. Les tableaux passent et les costumes parfois loufoques comme la veste garni d’épingles à linge d’Eric Perez parfois très « vintage » comme les vestes à carreaux semblables à celle que porte Louis de Funès dans « Le grand restaurant » lorsqu’il se grime en client pour voir comment son personnel se comporte en son absence. Bref autant de moments réjouissants enperspective.


Deux voix complémentaires au service de chansons qui méritent d’être remises en avant


Pour « Ne vous mariez pas les filles » Eric Perez et Eric Vignau sont remontés dans les années 1930 et 1940 pour remonter tranquillement jusque dans les années 1960 et 1970. Ils ont pris un malin plaisir à monter ce spectacle original dont les chansons sont parfois un peu « sérieuses ». Les deux hommes alternent avec talent duos et solos tout en se grimant et en s’habillant de costumes souvent hilarants chacun dans « son coin » de scène assis devant une table de maquillage. J’ai particulièrement apprécié l’entrée en scène des deux Eric, sur Le jeu de massacre pendant laquelle ils jouent à la « baballe » avec un public réactif et hilare. Et d’ailleurs le public s’esclaffe régulièrement à mesure que les chansons passent. C’est surtout la chanson Les ratés de la bagatelle (La chose) qui nous a le plus fait rire tant Vignau et Perez ont fait ressortir toute leur vis comica sans aucune modération entraînant avec eux les spectateurs ravis. Mais c’est surtout la dernière chanson, Ne vous mariez pas les filles, celle qui donne son titre au spectacle qui provoque une vague de rires francs et spontanés. Les chansons qu’ils chantent seuls tour à tour sont tout aussi réjouissantes : En m’en foutant, par exemple, chantée par Eric Vignau pendant qu’il se grime et qu’il s’emperruque prête à sourire tandis qu’avec Le petit commerce Eric Perez fait rire toute la salle avec sa veste bordée de pinces à linge.


Un duo de musiciens de choc


Pour accompagner Eric Perez et Eric Vignau, les responsables d’Opéra Éclaté ont invité l’excellent saxophoniste Jean Marc Padovani et le brillant pianiste Thierry Gonzalez – son complice. Les deux hommes prennent un réel plaisir à accompagner Perez et Vignau. Ils mettent en valeur les musiques des grands compositeurs qui ont travaillé avec les plus grands poètes de leur temps. Ainsi Boris Vian a collaboré à plusieurs reprises avec Vladimir Kosma (qui a aussi travaillé avec Jacques Prévert) et Kurt Weill (entre autres compositeurs). S’il y a aussi une ou deux chansons de Serge Gainsbourg, le chansonnier a aussi collaboré avec des poètes comme Alain Goraguer et Boris Vian … Autant de musiciens dont Padovani et Gonzalez interprètent les musiques avec talent.


C’est un spectacle très réjouissant et rafraîchissant que nous a proposé le duo de choc Eric&ric. Ils ont été parfaitement accompagnés par Jean Marc Padovani et Thierry Gonzalez. Je ne saurais trop vous recommander d’aller les applaudir à l’occasion car ils méritent tous une vraie reconnaissance pour mettre en avant des chansons souvent oubliées du grand public.


Compte rendu concert. Gramat. Salle de l’horloge, le 6 août 2024. HG.Clouzot/Maurice Yvain : Le jeu de massacre ; Paul Fort/Louis Beydts : Les boules de neige ; Cyrius Bassiak/Ward Single : Ni trop tôt, ni trop tard ; Jacques Prévert/Vladimir Kosma : La chasse à l’enfant, A la belle étoile, Déjeuner du matin ; Boris Vian/Alain Goraguer : Le petit commerce, Ne vous mariez pas les filles ; Boris Vian (poème et musique) : Dernière valse ; Boris Vian/Serge Gainsbourg : Quand j’aurai du vent dans mon crâne ; Alain Mauprey/Didier Mauprey : En m’en foutant ; Boris Vian/Kurt Weill : Nana’s lied ; J Nohain/H Eisler : Mon oncle a tout repeint ; Serge Gainsbourg/Alain Goraguer : Indifférente ; E Marnay/Michel Legrand : Les enfants qui pleurent ; B Vidal, JJ Vital/B Coquatrix : Musique ! Musique ! ; Pierre Dac/Ange Calabrese : Tyrolienne haineuse ; Cyrius Bassiak/Georges Delerue : La vie s’envole ; Jacques Prevert/Henri Crolla : Sanguine ; Jacques Prévert/Léonardo Montana : Le cheval rouge ; Jacques Prévert/Wal Berg : Embrasse moi ; Jean Tranchant (poème et musique) : La complainte de Kesoubah ; M Carré/M Barthomieu : Les ratés de la bagatelle ; Serge Gainsbourg (paroles et musique) : Ce grand méchant vous. Eric Perez, chant ; Eric Vignau, chant ; Jean Marc Padovani, saxophone ; Thierry Gonzalez, piano. Olivier Desbordes, mise en scène


crédit photo Eric Perez : Marion Rivette

crédit photo Eric Vignau : inconnu


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