Rachel Willis-Sorensen interprète Richard Strauss


 

Richard Strauss (1864-1949) a grandement marqué l’histoire de la musique moderne en laissant un corpus musical imposant. S’il a composé plusieurs opéras, dont certains ont une renommée internationale comme Ariane à Naxos, Elektra, Salomé, La femme sans ombre, Le chevalier à la rose ou encore Capriccio, composé et créé en 1942, il a aussi composé plus de 200 lieder pendant toute sa carrière. Les quatre derniers lieder, créés en 1948, juste avant sa disparition, sont au centre du présent CD sorti au premier semestre 2023 sous le label Sony classical. Pour l’occasion les responsables du label a invité la soprano américaine Rachel Willis Sorensen et le chef d’orchestre Andris Nelsons à la tête du Gewandhausorchester de Leipzig.


Dès les premières notes des Quatre derniers lieder, nous sommes prévenus. Son interprétation sera sans excès ; la voix flamboyante de la soprano américaine Rachel Willis-Sorensen est parfaitement maîtrisée. La tessiture ample « colle » parfaitement à la musique si belle et pourtant si difficile de Richard Strauss. Appréciable également la diction idéale de Willis-Sorensen qui cisèle avec un art consommé chaque vers, chaque note. Quant à la direction d’Andris Nelsons, elle est ferme, nerveuse ; Nelsons, très attentif à sa soliste veille à ne pas la couvrir et adopte des tempos et des nuances quasi parfaits. Quant à l’orchestre, sous la baguette ferme et bienveillante de Nelsons il met en valeur avec talent la belle voix de soprano de Willis Sorensen. Avec la scène finale de Capriccio, nous entrons dans l’univers opératique de Richard Strauss ; c’est aussi l’occasion de découvrir la basse allemande Sebastian Pilgrim. Si on peut regretter que Pilgrim n’ait que quelques répliques mineures, cette version studio du final de Capriccio est parfaitement mise en valeur. Cela étant dit cette belle voix de basse aurait mérité d’être mieux utilisée ; mais nous avons quand même droit à de beaux échanges entre Willis Sorensen et Pilgrim qui font honneur à Strauss en donnant à la comtesse et à son majordome de belles couleurs ; les voix de Willis-Sorensen et de Pilgrim sont superbement soulignées et mises en valeur par l’orchestre qui, dirigé d’une main ferme et nerveuse par un Andris Nelsons très inspiré, fait ressortir avec brio la tension et la douleur du chef d’œuvre de Strauss.


C’est un récital de très belle tenue qu’ont gravé Rachel Willis-Sorensen et Andris Nelsons très bien accompagnés par la basse Sebastian Pilgrim et le Gewandhausorchester de Leipzig. Même si Pilgrim aurait mérité d’être mieux mis en avant avec un autre extrait de Capriccio il a au moins permis à ses partenaires de mettre en valeur le beau final du chef d’oeuvre de Strauss.


Compte rendu, CD. Richard Strauss (1864-1949) : Vier letzte lieder TrV 296 ; Capriccio, scène finale TrV 279. Rachel Willis-Sorensen, soprano ; Sebastian Pilgrim, basse ; Gewandhausorchester de Leipzig. Andris Nelsons, direction. Label : Sony classical. Durée : 45 minutes 26 secondes.


Crédit photo : Simon Pauly

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