Concerts au chocolat à La Rochelle : Les frères Arthur et Lucas Jussen enflamment la Coursive

 

Les fratries devenues célèbres grâce au piano ne sont pas légions : en France, par exemple, Katia et Marielle Labèque mènent une carrière exemplaire depuis plus de cinquante ans. C’est des Pays Bas que Arthur et Lucas Jusssen nous viennent ; ils sont jeunes, 26 et 30 ans, et plein de talent. Et en les invitant pour le dernier concert au chocolat de la saison en cours, les responsables de la coursive ont frappé un grand coup car la salle était très bien remplie.

Les deux frères arrivent à La Rochelle avec un programme original dont le point d’orgue est Le sacre du printemps de Igor Stravinsky (1882-1971). La soirée débute avec la sonate pour deux pianos en ré majeur K 448 de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) ; et nous ne sommes pas déçus, tant l’interprétation des deux frères est pleine de vie. Les tempos et les nuances sont idéaux, la pédale est utilisée avec une maîtrise parfaite ; Nul doute que Mozart n’aurait pas désavoué une telle interprétation de son chef d’œuvre. Pour interpréter l’Allegro en la mineur à quatre mains de Franz Schubert (1797-1828) les deux hommes s’installent devant un seul clavier ; et là encore, leur interprétation séduit tant par les tempos et les nuances, parfaits, que par la grâce du jeu des deux frères. La valse, poème chorégraphique pour deux pianos de Maurice Ravel (1875-1937) clôt idéalement la première partie du récital ; cette interprétation superbe du chef d’œuvre de Ravel est si allante qu’elle donne envie de monter sur scène pour valser autour des deux pianos. Au retour de la pause d’une quinzaine de minutes, Arthur et Lucas Jussen interprètent un monument de la musique moderne : Le sacre du printemps d’Igor Stravinsky (1882-1971). Si le chef d’œuvre de Stravinsky provoqua un scandale lors de sa création en 1913 – la musique était trop moderne pour des oreilles peu habituées à des sonorités aussi peu conventionnelles – Le sacre du printemps s’est, par la suite, imposé sur toutes les scènes françaises et internationales. Arthur et Lucas Jussen interprètent avec une vigueur peu commune une partition particulièrement difficile. On ne peut que saluer une si belle lecture du Sacre du printemps ; lecture qu’on aurait presque pu imaginer avec un corps de ballet sur la vaste scène de la coursive.

C’est un récital de très haute volée que les frères Jussen ont offert à un public nombreux et conquis. J’ai apprécié la prise de parole, en français, de Arthur et Lucas Jussen qui ont remercié le public de son accueil avant de concéder un bis « pour que vous ne soyez pas tristes ». Pour clore ce récital, digne des meilleurs pianistes en activité, les deux jeunes gens jouent une courte et charmante pièce de Jean Sébastien Bach (1685-1750).

Compte rendu, concert. La Rochelle. La coursive, le 12 mars 2023. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : sonate pour deux pianos en ré majeur K 448 ; Franz Schubert (1797-1828) : Allegro en la mineur à quatre mains ; Maurice Ravel (1875-1937) : La valse. Poème chorégraphique pour deux pianos ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Le sacre du printemps. Arthur Jussen, piano ; Lucas Jussen, piano.

crédit photo : Marco Borggreve