Julie Fuchs sort un récital Mozart de très haute volée

 


Si Julie Fuchs vient de sortir son quatrième récital au CD, c’est le premier qu’elle grave pour le label Sony classical ; et elle a mis la barre très haut en choisissant des œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Je ne peux cependant m’empêcher de penser en regardant la 1ère de couverture que les équipes auraient pu choisir un autre titre à ce récital remarquable par ailleurs. « Amadè » faisant inévitablement penser aux excentricités, parfois fort coûteuses, du regretté Gérard Mortier, ancien directeur de l’Opéra National de Paris. Cela étant dit, le programme est d’autant plus alléchant que les raretés comme la cantate Per la ricuperata Salute di Ofelia ou encore le lied Das lied der Trennung, par exemple, côtoient les tubes comme Les noces de Figaro ou La flûte enchantée.


C’est « L’ho perduta, me meschina … » le charmant et très court aria de Barbarina au IVe acte des Nozze di Figaro qui ouvre ce récital, histoire de mettre l’auditeur dans le bain. Mais Julie Fuchs fait des merveilles dans des œuvres comme la très rare cantate Per la ricuperata Salute di Ofelia dont l’aria « quell’agnelletta candida » est le seul, et trop court, extrait gravé sur le présent CD. Si le médium et les graves sont de toute beauté, on peut regretter que Fuchs n’ait pas choisi au moins un aria mettant en valeur ses aigus. Mais ne nous y trompons pas j’apprécie d’écouter Mozart interprété par une voix chaude, ronde, chaleureuse comme celle de Julie Fuchs. Je note également dans cet opus de très belle tenue l’interprétation remarquable de l’aria « Tra l’oscure ombre » extrait de la cantate Davide Penitente. Si la célèbre scène avec rondo, « Ch’io mi scordi di te … Non temer amato bene » est interprétée avec panache, il y a sans doute des airs de concerts ou des scènes avec rondo moins connus, voire même oubliés, qui auraient mérité d’être gravés sur ce CD.




Dans le présent CD Julie Fuchs est accompagnée par le très beau Balthasar Neumann Orchestra dirigé par l’excellent chef d’orchestre Thomas Hengelbrock. L’accompagnement des différents airs et lieder choisis par Julie Fuchs est très agréable à écouter tant les tempos et les nuances sont idéaux. Cela étant dit, la musique instrumentale du divin salzbourgeois n’a pas été oubliée. L’andantino du charmant ballet-pantomine Les petits riens est interprété par le Balthasar Neumann Orchestra avec une précision et une rigueur qui leur font honneur. La direction de Thomas Hengelbrock est ferme, nerveuse, dynamique et rend justice à la sublime musique de Mozart. Avec la musique de scène Thamos, König in Ägypten, dont seul l’Allegro vivace assai est interprété ici, nous avons là un nouvel exemple de musique instrumentale qu’on aimerait voir programmé plus souvent.


Julie Fuchs signe là un récital de très belle facture même si j’aurais apprécié de voir programmées des œuvres méconnues, voire oubliées, de Mozart. Mais ne nous y trompons pas, Julie Fuchs défend la musique sublime de Mozart avec un panache et un enthousiasme rafraîchissants qui emmènent l’auditeur dans un univers qui n’appartient qu’à lui.


Compte rendu CD. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : opéra Le nozze di Figaro : L’ho perduta, me meschina (aria de Barbarina, acte IV), Giunse alfin il momento… Deh vieni, non tardar (Aria de Susanna, acte IV), E Susanna non vien … Dove sono i bei momenti (Aria de la comtesse, acte III) ; Ballet-pantomine Les petits riens : andantino ; opéra Die zauberflöte : Ach ich fühl’s es ist werschwunden (aria de Pamina, acte II) ; musique de scène Thamos, König in Ägypten : V – Allegro vivace assai ; opéra Die Entführung aus dem Serail : Ach ich liebte, war so glücklich (aria de Konstanze , acte I) ; contredanse Les filles malicieuses ; Per la ricuperata Salute di Ofelia – cantate : quell’agnelletta candida ; scène avec rondo : Ch’io mi scordi di te … Non temer amato bene ; cantate Davide penitente : Tra l’oscure ombre funeste ; canon : nascoso è il mio sol ; lied : Das lied der Trennung. Julie Fuchs, soprano. Balthasar Neumann Orchestra ; Thomas Hengelbrock, direction. Label : Sony classical. Durée : 58 minutes et 14 secondes


Crédit photo Julie Fuchs : Gérard Uféras

Crédit photo Thomas Hengelbrock : Alamy

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