Hommages, souvenirs et bagatelles : Ars Nova donne un concert de toute beauté au Théâtre Auditorium de Poitiers

 


L’ensemble Ars Nova est l’un des trois orchestres associés au Théâtre Auditorium de Poitiers. Cet orchestre fondé en 1963 par le compositeur et chef d’orchestre Marius Constant (1925-2004) donne deux concerts par saison au TAP et s’apprête à fêter ses soixante ans d’existence. En ce froid et pluvieux lundi de novembre, les musiciens de l’ensemble, et Grégory Vajda, chef d’orchestre et compositeur en résidence pour trois saisons, ont donné le premier concert de la saison en court.


La soirée débute par une création mondiale : Spring, composé par Édith Canat de Chizy (née en 1950). Pour l’occasion, deux harpes ont été intégrées à l’orchestre non en tant qu’instrument concertant, comme le signale en début de soirée Benoît Sitzia, le sympathique directeur général de l’orchestre, mais en tant qu’instrument d’orchestre. L’œuvre est courte, à peine trois minutes, mais de très belle facture ; Grégory Vajda dirige l’ensemble d’une main ferme, précise, sans faiblesse. La seconde création mondiale de la soirée est l’œuvre de Sylvia Lim (née en 1965) : After penn. Si j’ai apprécié Spring, After penn m’a clairement laissé sur ma faim ; s’il n’y a rien à redire sur la direction de Vajda et sur l’interprétation de l’orchestre tous très impliqués, il manque visiblement un « petit quelque chose » en plus, notamment dans les nuances très, trop, souvent pianissimo qui font que les rares personnes installées au fond de la salle n’entendaient pas grand-chose. Si l’intention était excellente, on ne peut que regretter qu’After penn ne soit pas plus abouti. En revanche, j’ai particulièrement apprécié Psappha composé pour percussion solo par Iannis Xenakis (1922-2001) en 1975. le percussionniste de l’ensemble Ars Nova était visiblement survolté ; il a fait vivre le chef d’œuvre de Xenakis avec un dynamisme et un enthousiasme peu communs. Les 13 minutes de Psappha ont passé sans que personne ne s’en rende compte ; et le public n s’y est pas trompé en réservant à ce musicien talentueux une ovation grandement méritée. Grégory Vajda, est aussi compositeur et en accord avec benoît Sitzia, il a programmé Bagatelles canoniques – in memoriam Grygöry Ligeti composé et créé en 2021. les musiciens d’Ars Nova ont fait honneur à leur chef en interprétant son chef d’œuvre avec avec une rigueur et une précision millimétrées. Pour terminer ce beau concert, Ars Nova a interprété Zankend – Stille, stille – Hommage à Marta Kurtag de Judit Varga (née en 1980).


S’il y a eu du moins bien, ce sont des choses qui arrivent, j’ai assisté à un très beau concert de l’ensemble Ars Nova qui a rendu justice avec talent aux compositeurs et compositrices programmés pour l’occasion. Le point d’orgue de la soirée étant bien sûr le Psappha de Iannis Xennakis dont on fête en cette année 2022 le centenaire de la naissance. Je ne peux d’ailleurs que regretter que le public soit venu si peu nombreux car le déplacement valait vraiment le coup.


Compte rendu concert. Poitiers. Auditorium, le 21 novembre 2022. Edith Canat de Chizy (née en 1950) : Spring (création mondiale) ; Grégory Vajda (né en1973) : Bagatelles canoniques – in memoriam Grygöry Ligeti ; Judit Varga (née en1980) : Zankend – Stille, stille – Hommage à Marta Kurtag ; Iannis Xenakis (1922-2001) : Psappha pour percussion solo ; Sylvia Lim (née en 1965) : After penn (création mondiale). Ensemble Ars Nova ; Grégory Vajda, direction.


Crédit photo Ars Nova / Grégory Vajda : Stéphanie Holter

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