L’ensemble Divino sospiro met le feu au Grand Théâtre de Tours avec un concert de musique baroque portugaise

 


2022 est estampillée année France Portugal depuis le mois de février dernier. C’est dans ce cadre qu’Alexandro di Profio a invité l’ensemble Il divino sospiro avec un programme « spécial » de musique baroque, classique et romantique portugaise. Avec ce très bel ensemble sont arrivés deux solistes exceptionnels : la soprano Ana Quintans et le sopraniste brésilien Bruno de Sà.



Dès les premières notes, Massimo Mazzeo donne le ton de la soirée : elle sera placée sous le signe du talent et de l’humour car Ana Quintans et Bruno de Sà ne manquent ni de l’un ni de l’autre. La première partie de ce concert particulier est consacrée à la « grande » musique – celle des rois et des cours européennes –, et le Portugal est aussi dynamique que la France en la matière. La soirée débute donc par une ouverture, celle d’Antigono de Antonio Maria Mazzoni (1717-1785). Mazzeo dirige l’orchestre d’une main ferme, nerveuse et utilise des tempos et des nuances quasi parfaits. Avec le bel aria Questi al corfinora ignori extrait de La morte d’Abel de Pedro Antonio Avondano (1714-1782), la soprano Ana Quintas met la barre très haut : La voix est ferme, assurée avec une ample tessiture, les vocalises sont parfaites. L’aria Vanne la bella speme extrait du Perseo de Joao de Sousa Carvalho (1745-1799) permet à Bruno de Sà, le jeune sopraniste brésilien de faire une démonstration exceptionnelle de son talent et de mettre en valeur une tessiture impressionnante. De Sà ne fait aucun effort pour aller des graves aux aigus en passant par un médium parfait ; mais l’amplitude impressionnante de cette jeune et si belle voix, fait un peu penser à Mado Robin si célèbre en son temps pour sa voix aérienne remarquable. 


S
i la première partie était très virtuose, et le duo entre Quitnans et de Sà qui l’achève ne fait pas exception, la seconde est centrée autour de la musique populaire et permet au public de découvrir les talents de comédiens des deux solistes et leur sens de l’humour aigu qui nous entraîne sans coup férir dans un univers trop méconnu. Quintans et de Sà chantent essentiellement des duos parmi lesquels je retiendrai le très beau et doux Solitario de Giuseppe Trotti (vers 1750-vers 1832) dont on ne connaît même pas les dates exactes mais qui composa des mélodies populaires très connues à l’époque. Mais c’est surtout dans Lâ no largo da Sê de Candido Inâcio da Silva (1800-1838) que Bruno de Sà se laisse aller à un numéro de danse sur le plateau du Grand Théâtre tout en chantant avec un plaisir gourmand cette mélodie très charmante et très drôle. C’est aussi l’occasion d’entendre l’orchestre dans un répertoire assez inhabituel ; Massimo Mazzeo prend un malin plaisir à diriger une musique inventive et pleine de vie qui a été oubliée au fil du temps ce qui est grand dommage au demeurant. Et le concert de vendredi dernier était une occasion unique de la (re)découvrir.


C’est un concert de très haute volée que nous ont proposé Il divino sospiro, Ana Quintans et Bruno de Sà. Cette musique portugaise, qui est remplie de pages merveilleuses tant dans sa partie virtuose que dans sa partie populaire, gagne réellement à être connue. Le public ne s’y d'ailleurs est pas trompé en réservant un accueil très très enthousiaste ; Quintas et de Sà ont concédé deux bis à un public enflammé qui aurait volontiers prolongé cette soirée exceptionnelle pendant encore un moment : Solitario et Lâ no largo da Sê.


Compte rendu, concert. Tours. Grand théâtre, le 14 octobre 2022. Musique pour le roi, serenate e oratori : Antonio Maria Mazzoni (1717-1785) : Antigono : ouverture ; Pedro Antonio Avondano (1714-1782) : La morte d’Abel : Questi al corfinora ignori ; Joao de Sousa Carvalho (1745-1799) : Perseo : Vanne la bella speme ; Davide Perez (1711-1778) : L’isola disabitata : Caro sposo, tu non sai. Musique pour le peuple, modinhas e Canzoncine : Marcos Antonio Portugal (1762-1830) : Cosi dolce amante sposo, Cuidados trsites cuidados, Quando a minha Màrcia bela, Você trata ; Candido Inâcio da Silva (1800-1838) : Lâ no largo da Sê ; Giuseppe Trotti (vers 1750-vers 1832) : No eco dos meus gernidos, solitario ; José Palomino y Quintena (1753-1810) : Tanho dentro do meu peito-estremez da saloia, Todos dizem todos juraos, Todos dizem de cupido-Algemas que forg’amor. Bis : Todos dizem de cupido-Algemas que forg’amor de José Palomino y Quintena (1753-1810), Lâ no largo da Sê de Candido Inâcio da Silva (1800-1838). Ana Quintans, soprano ; Bruno de Sâ, sopraniste ; ensemble Divino sospiro ; Masimo Mazzeo, direction.


Crédit photo Massimo Mazzeo : Javier Sierra Patte

Crédit photo Ana Quintans : Gulbekian Cristovao

Crédit photo Bruno de Sà : Inconnu

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