Un oratorio méconnu de Mendelssohn donné au cœur de l’Oisans
Le festival « Les estivales du Freney » donnait en ce dernier jour du mois de juillet l’ultime concert de son édition 2022, la vingt et unième du nom. La crise sanitaire a fortement impacté l’association des estivales qui a dû changer ses plans pour le concert du 24 juillet (un concert de musique de chambre en lieu et place de la 5e symphonie de Ludwig Van Beethoven (1770-1827) initialement prévue) et qui, pour son concert final, n’a pu compter que sur une petite vingtaine de choristes pour interpréter l’œuvre au programme de cette ultime soirée. Pour ce concert, toujours un peu particulier puisqu’il clôt le festival tout en permettant à des amateurs de chanter des œuvres du répertoire, Lorenzo Cipriani a visé très haut et fort en programmant un oratorio sacré de Félix Mendelssohn (1809-1847) : Athalia. Si ses autres oratorios, Paulus et Elias sont régulièrement donnés sur les scènes françaises et internationales, Athalia est tombé instantanément tombé dans l’oubli. La pièce est constituée de pièces déjà existantes dont une page de Jean Racine (1639-1699) écrite pour les jeunes filles qui étaient élèves à l’école de Saint Cyr fondée et dirigée par Madame de Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV.
Avant de commencer la soirée, Lorenzo Cipriani prend le micro pour présenter le chef d’œuvre de Mendelssohn au public venu nombreux dans la petite église Saint Arey du Freney d’Oisans. C’est d’autant plus appréciable, Cipriani raconte l’histoire d’Athalia avant le début de chaque tableau qu’Athalia gagne à être connu et que la musique de Mendelssohn, décrit par Cipriani comme « un homme très pieux, à la foi sincère » est de toute beauté. Lorenzo Cipriani dirige l’ouverture de ce très bel oratorio avec talent. Les tempos et les nuances sont idéaux et le petit orchestre des Estives suit son chef avec une précision millimétrées. La petite vingtaine de choristes, tous amateurs, qui compose le chœur des estives met tout son cœur dans l’interprétation des différents psaumes ; et même s’il y a des imperfections et quelques fausses notes ils ont fait honneur à Mendelssohn et à leur chef. Pour interpréter les parties de solistes, Lorenzo Cipriani a invité quatre belles voix féminines : Les sopranos Sabine Kovacshazy, Alice Didier, Yoriko Okumara et l’alto Liat Alkan. Si Yoriko Okumara sort du chœur à deux ou trois reprises pour ses interventions solistes, de très belle tenue par ailleurs, j’ai apprécié de voir qu’elle renforçait un choeur vraiment trop peu nombreux*. L’alto Liat Alkan est d’autant plus méritante que nous avons appris en fin de concert qu’elle avait été piquée par une guêpe peu avant le concert. La belle voix grave et parfaitement maîtrisée de la jeune femme résonne dans l’église ; moderne elle suit la partition sur sa tablette. Cela étant dit, les sopranos Alice Didier et Sabine Kovacshazy n’ont rien à lui envier. Que ce soit en solo ou dans les ensembles, leurs voix s’envolent sous les voûtes de la petite église avec grâce. J’ai également apprécié la diction parfaite des solistes et du vaillant petit choeur des estives qui aurait mérité d’être plus important en nombre.
C’est un beau concert qui a été présenté au public des Estivales du Freney. Il est d’autant plus important qu’il nous a permis de découvrir une œuvre oubliée de Félix Mendelssohn. On ne peut que saluer l’ambition positive de Lorenzo Cipriani, dynamique directeur artistique et chef d’orchestre enthousiaste des Estivales du Freney.
Compte rendu, concert. Le Freney d’Oisans. Église Saint Arey, le 31 juillet 2022. Félix Mendelssohn (1809-1847) : Athalia, oratorio sacré en 6 tableau basé sur l’ancien testament. Sabine Kovacshazy, soprano ; Liat Alkan, soprano ; Yoriko Okumara, soprano ; Alice Didier, alto. Chœur et orchestre des estives ; Lorenzo Cipriani, direction.
* Les stages ont lieu la dernière semaine de juillet dans un cadre remarquable en plein coeur de l’Oisans. Entre les répétitions il est possible de découvrir les alentours de l’Alpe d’Huez, mais aussi de charmants petits villages comme, La Garde, Vénosc , le village d’artisans (un télécabine, installé en bas du village à côté de l’office de Tourisme vous emmènera même aux 2 Alpes) ou Saint Christophe, par exemple.
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