Le banquet céleste revient au Théâtre Auditorium de Poitiers avec un programme Purcell
Les trois odes et « welcome songs » (chansons de bienvenue) du programme sont très denses tant musicalement que vocalement. Et Damien Guillon, chef d’orchestre, et non chanteur en ce chaud lundi soir, connaît son Purcell sur le bout des doigts. La battue est précise, claire nette, nerveuse ; c’est d’autant plus indispensable que la musique de Purcell est certes de toute beauté, subtile mais très piégeuse, complexe et remarquablement construite. Les tempos et les nuances sont quasi parfaits et les chanteurs comme les instrumentistes suivent leur chef avec une précision millimétrée. Dès le début de Fly bold rebellion Z 324 le ténor Thomas Hobbs donne le ton : les œuvres de Purcell seront interprétées avec fermeté et sans faiblesse. La voix de Hobbs est fort belle, bien placée, avec une large tessiture ; elle est également assez claire ce qui correspond assez bien au répertoire baroque anglais en général et au répertoire « Purcellien » en particulier. L’autre ténor, David Tricou, n’est pas en reste et chante Purcell avec un bel aplomb ; le ténor montpelliérain donne à Purcell de beaux accents et la voix est assurée. Néanmoins, je regrette que les deux sopranos invitées, Céline Scheen et Suzanne Jerosme, n’aient aucun solo. Si j’ai apprécié les duos qui leur étaient dévolus pendant toute la soirée un ou deux arias pour chacune d’entre elle auraient été bienvenus d’autant que les voix sont très belles. Le contre-ténor Paul Figuier et la contralto Mélodie Ruvio sont très à l’aise dans un répertoire qui est rempli de pépites pour leurs types de voix aux tessitures larges. La basse Nicolas Brooymans fait honneur à Purcell en chantant avec un bel aplomb les arias qui lui étaient dévolus ; en revanche, si la voix de la deuxième basse, Edward Grint, est fort belle, avec un beau médium et des aigus insolents, les graves sont parfois écrasés et c’est grand dommage car sa performance était proche de la perfection. L’orchestre composé de trois violons et d’une basse continue bien fournie (violoncelle, contrebasse, luth, orgue et clavecin) interprète la musique de Purcell avec talent et suit son chef avec une précision millimétrée. Damien Guillon a réalisé un travail de recherche et de répétitions remarquable en amont des enregistrements studio et des concerts. Et on ne peut que saluer le résultat final qui s’avère être de toute beauté.
C’est un concert de très belle tenue que le banquet céleste a proposé à son public en ce lundi soir. Si je regrette que la salle n’ait pas été complète, le public a réservé un accueil enthousiaste à l’ensemble des artistes présents sur scène.
Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 28 mars 2022. Henry Purcell (1659-1696) : Fly bold rebellion Z 324 ; Why are all the muses mute Z 343 ; From those serene and rapturus joys Z 326. Céline Scheen, Suzanne Jerosme, sopranos ; Paul Figuier, Mélodie Ruvio, altos ; Thomas Hobbs, David Tricou, ténors ; Nicolas Brooymans, Edward Grint, basses. Ensemble Le banquet céleste ; Damien Guillon, direction.
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