Le Jeune Orchestre de l’Abbaye revient pour un concert 100 % allemand sous la direction de David Stern

 


Décembre 2011 – décembre 2021 : dix ans au cours desquels bien des choses se sont passées. Le Jeune Orchestre de l’Abbaye a évolué, mûri, pris de l’assurance et vu des chefs prestigieux se succéder à sa tête. Dix ans au cours desquels David Stern a mûri sa technique, réalisé de nombreux projets et fait grandir Opéra Fuoco. On ne peut qu’apprécier de voir le chef franco-américain revenir à Saintes pour une nouvelle résidence à la tête de la jeune et talentueuse phalange internationale. Pour cette session exceptionnelle David Stern a programmé des œuvres de deux compositeurs exactement contemporains malgré une différence d’âge de plus de vingt ans : Johannes Brahms (1833-1897) et Robert Schumann (1810-1856).



L
e concert, initialement programmé à l’abbaye aux dames a finalement été déplacé au Gallia Théâtre situé quelques à centaines de mètres de l’abbaye. Cela étant dit, le public du Jeune Orchestre de l’Abbaye est toujours aussi nombreux et fidèle et le programme préparé par David Stern a de quoi séduire dans la mesure ou ces deux œuvres, des œuvres de jeunesse, sont peu connues et contenant pourtant des pages de toute beauté. La sérénade N°1 en ré majeur, opus 11 de Johannes Brahms (1833-1897) ouvre le concert ; David Stern dirige le chef d’œuvre de Brahms avec fermeté. Les tempos et les nuances sont quasi parfaits, les départs sont donnés au cordeau ; l’orchestre visiblement galvanisé par la présence de David Stern sur le podium suit son chef avec une précision millimétrée. Chacun des six mouvements de cette sérénade est ciselé avec un art consommé ; chaque thème, chaque note sont sublimés par un orchestre au sommet de son art.


Au retour de l’entracte, David Stern prend la parole pour remercier le public d’être venu si nombreux : «Cet Orchestre c’est de l’or, il faut continuer à le soutenir. » dit il. Il explique en même temps le contexte de la sérénade de Brahms qui « composera des symphonies plus de trente ans après le décès de Beethoven. ». Quant à Robert Schumann (1810-1856), insatisfait de sa 4e symphonie, il l’a remise plusieurs fois sur le métier. Cependant, c’est la 1ère version, celle composée et créée en 1841, que David Stern a décidé de présenter au public. « Si Schumann n’était pas convaincu par cette version, Brahms, lui, l’était et il l’a éditée sans hésiter. » nous dit Stern avant de se tourner vers ses musiciens pour diriger cette symphonie N°4 en ré majeur opus 11. La direction nerveuse, ferme mais souple, claire, nette, précise de Stern pousse les musiciens à se transcender et à interpréter le chef d’oeuvre de Schumann avec une énergie et un enthousiasme sans cesse renouvelés. Les nuances et les tempos si quasi parfaits et Stern cisèle chaque thème, chaque mouvement tel un orfèvre travaillant un joyau. Cette symphonie composée de quatre mouvements regorge de thèmes de toute beauté dont certains font furieusement penser aux opéras de Giuseppe Verdi (1813-1901).


C’est un concert de très belle volée que le Jeune Orchestre de l’Abbaye et David Stern ont offert au public du Gallia Théâtre en ce beau samedi après midi de décembre. Et le public ne s’y est pas trompé en réservant un accueil très chaleureux, voire même enthousiaste à l’ensemble des artistes présents sur la scène. Et pour le remercier, David Stern et ses musiciens reprennent en bis un extrait de la symphonie de Schumann qu’ils viennent d’interpréter.


Compte rendu, concert. Saintes. Gallia Théâtre, le 18 décembre 2021. Johannes Brahms (1833-1897) : Sérénade N°1 en ré majeur, opus 11 ; Robert Schumann (1810-1856) : Symphonie N°4 en ré majeur, opus 120 (1ère version). Jeune Orchestre de l’Abbaye ; David Stern, direction.

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