Jean Philippe Vasseur, l’aventurier de l’alto. De l’Opéra National de Paris à l’Orchestre des Champs Élysées

En amont du concert Mozart que l’Orchestre des Champs Élysées a donné au Théâtre Auditorium de Poitiers le 23 novembre dernier, Jean Philippe Vasseur, qui est chef du pupitre alto de l’orchestre, a accepté de m’accorder une interview pour évoquer sa carrière, l’Orchestre des Champs Élysées et ses projets en dehors de la phalange.


Une carrière bien remplie


« Je viens d’une famille de musiciens, nous dit Jean Philippe Vasseur. Mon père était trompettiste et a fait ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Personnellement, j’ai essayé beaucoup d’instruments avant de me tourner vers l’alto qui n’était pas mon premier choix. » avant de poursuivre : « J’ai suivi les traces de mon père puisque j’ai aussi fait le CNSMD de Paris. En sortant du conservatoire, j’ai intégré l’Orchestre de Chambre de Radio France ou je suis resté pendant deux ans. Au cour de cette période nous avons, entre autres œuvres, joué Hippolyte et Aricie de Jean Philippe Rameau (1683-1764) ; après cette expérience j’ai intégré pendant dix-huit mois l’orchestre de « Un violon sur le toit » avec Ivan Rebroff qui chantait le rôle principal. ». Ces deux expériences très différentes ont permis à Jean Philippe Vasseur de pratiquer l’alto à un haut niveau et sur la durée dès sa sortie du conservatoire. « Mais ce n’est pas tout car j’ai enseigné l’alto au CNSMD de Lyon pendant 30 ans ; j’ai intégré l’Orchestre de l’Opéra National de Paris ou je suis resté pendant dix-huit ans. Après mon départ de l’Opéra de Paris, j’ai intégré La grande écurie et la Chambre du Roy sous la direction de Jean Claude Malgoire (1940-2018) ; je garde de grands souvenirs de cette période, et notamment un Tancrède, celui d’André Campra (1660-1744), au festival d’art lyrique d’Aix en Provence en 1986. ». Mais Jean Philippe Vasseur est dynamique et déborde de projets ; la grande écurie et la chambre du roy n’est pas le seul orchestre avec lequel il a joué : « J’ai également joué sous la direction de Christophe Coing. En 1991, j’ai joué pendant un moment en quatuor et c’est après un concert que nous avions donné à Paris que j’ai rencontré Philippe Herreweghe. Il était dans la salle et il voulait me rencontrer pour que j’intègre l’Orchestre des Champs Elysées, alors en cours de création, en tant que chef du pupitre alto. Ça fait trente ans que cela dure et c’est une aventure exceptionnelle ; nous avons la chance de bien nous entendre et l’ambiance est excellente au sein de l’orchestre. ». Mais la saison du trentenaire a été précédée d’une période compliquée, voire même difficile ; la pandémie a frappé le secteur culturel de plein fouet avec deux fermetures à la clé et une saison 2020/2021 terminée après seulement quelques semaines : « J’ai plutôt bien vécu les confinements. Ils m’ont permis de faire des choses que je n’avais pas le temps de faire car nous sommes très souvent partis de la maison. Cela m’a aussi permis de réfléchir à des projets que je n’aurais peut-être pas entamé aussi vite en temps normal. »


Des projets plein la tête


Si Jean Philippe Vasseur a, à l’occasion, joué avec le Jeune Orchestre de l’Abbaye en tant que soliste, il a aussi d’autres projets, notamment littéraires : « J’écris avec Dionisio Rodrigo Suarez un livre à quatre mains sur Camille Saint Saëns (1835-1921) intitulé « La fugue de Saint Saëns ». C’est un homme complexe, paradoxal qui s’intéresse à tout. Ainsi, la théorie de Darwin sur l’évolution lui a inspiré le carnaval des animaux ; passionné de sciences Saint Saëns aimait observer les étoiles. Très observateur, curieux de découvrir de nouveaux musicien(ne)s ou compositeurs(trices), il n’hésitait pas à pousser sur le devant de la scène ceux (celles) dont il pensait qu’ils(elles) le méritaient. Dans le cadre de l’écriture de ce livre nous donnerons une conférence en mars 2022, nous irons à Sarezate (Italie) et nous visiterons également une exposition dédiée à Saint Saëns à Paris. ». Mais ce n’est pas tout : « je pense également écrire un dictionnaire musical à destination des (jeunes) musiciens qui incluerait un historique et des termes musicaux du XVIIIe siècle à nos jours ; mais rien n’est encore défini et j’étudie plusieurs pistes de recherches. »


Le moins que l’on puisse dire c’est que Jean Philippe Vasseur a eu une carrière bien remplie au service de la musique. Avec l’Orchestre des Champs Élysées, dont il est le chef du pupitre alto, il a trouvé une certaine stabilité sans pour autant négliger les autres formes d’expression comme l’écriture, par exemple.



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Francesco Durante et Antonio Vivaldi au programme du dernier concert des Estivales du Freney

Un opéra à la montagne : La serva padrona présentée dans le cadre des estivales du Freney d’Oisans

La harpe et la bête : un concert original en ouverture de la saison du Théâtre Auditorium de Poitiers