Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia en mode musique américaine à Poitiers

 


Toujours soucieux de renouveler l’offre musicale du Théâtre Auditorium de Poitiers, les responsables de la structure ont proposé à leur public un week-end piano intitulé « pianos piano ». Pour l’occasion, ils ont invité les pianistes Vanessa Wagner, Wilhem Latchoumia et Célimène Daudet. En ce vendredi soir, c’est un récital à quatre mains auquel le public était convié ; artistes éclectiques et talentueux, Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia ont concocté un programme 100 % musique contemporaine venue des États Unis d’Amérique.



Si on peut regretter que la salle n’ait pas été complètement remplie, nous avons eu droit à un récital de très belle tenue. Visiblement très complices, Wagner et Latchoumia jouent leurs pianos avec une bonne humeur communicative ; la complicité des deux pianistes, qui donnent régulièrement des récitals ensemble (comme à Chambord en juillet dernier), est évidente et cela s’entend dans leur jeu. Le programme 100 % américain est un melting pot de musiques minimalistes et de musiques « opératiques ». C’est ainsi que les deux pianistes jouent avec un évident plaisir symphonic dances from West side story de Léonard Bernstein (1918-1990) ; musique transcrite pour le piano par John Musto. Cette musique virevoltante résonne gaiement dans l’auditorium ; Wilhem Latchoumia est même tellement heureux de jouer la musique de Bernstein qu’il danse plus ou moins sur son siège. A l’inverse, la musique de Philipp Glass (né en 1937) est plus intimiste ; Four movements for two pianos (composé en 2008) est l’exemple même de cette musique minimaliste qui était en vogue dans les années 2000. Là encore, les deux compères, malgré la « sévérité » de la musique de Glass, s’amusent beaucoup en interprétant le chef d’œuvre de Glass. Avec Ellis Island de Méredith Monk (née en 1942), Wagner et Latchoumia sortent des placards une œuvre méconnue. Cette œuvre pourtant très belle décrit avec sobriété le passage des migrants à Ellis Island avant leur « admission » aux États Unis ; Wagner et Latchoumia transcrivent avec talent les sentiments contradictoires des migrants et l’impression d’étouffement qu’ils devaient ressentir en entrant à Ellis Island. Plus triomphante, et même « joyeuse », Hallelujah Junction de John Adams (né en 1947) clôture un concert qui alterne judicieusement musique minimaliste, « intimiste » et musique chatoyante, voire dansante.


C’est un récital dynamique que nous ont offert Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia visiblement très en forme en ce vendredi soir de novembre. Le week-end pianos piano ne pouvait mieux commencer et le public ne s’y est pas trompé en réservant un accueil enthousiaste aux deux artistes qui ont concédé deux bis avant de quitter le plateau de l’auditorium.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 12 novembre 2021. Méredith Monk (née en 1942) : Ellis Island ; Philipp Glass (né en 1937) : four movements for two pianos ; John Adams (né en 1947) : Hallelujah junction ; Léonard Bernstein (1918-1990) : symphonic dances from West side story (transcription pour piano : John Musto) ; Eric Satie (1866-1925) : morceau en forme de poire ; Steve Reich (né en 1936) : Piano phase . Vanessa Wagner, piano ; Wilhem Latchoumia, piano.


Crédit photo de Vanessa Wagner : festival de piano - musée de Giverny 

Crédit photo de Wilhem Latchoumia : Jean Baptiste Millot 

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