L’Orchestre des Champs Élysées revient à Poitiers avec un programme 100 % Mozart

 


Poursuivant avec une belle sérénité sa saison du trentenaire, l’Orchestre des Champs Élysées revient au Théâtre Auditorium de Poitiers en compagnie du Collegium Vocale Gent et d’un beau quatuor de solistes (Regula Müllemann, soprano ; Sophie Harmsen, mezzo soprano ; David Fischer, ténor ; Kresimir Strazanac, baryton basse) pour un programme 100 % consacré à Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Ce programme, qui a tourné en Europe (Belgique, Pays Bas, Suisse), s’arrête à Poitiers le temps d’une soirée avant de repartir pour deux dates en Allemagne. Le nom de Mozart étant vendeur, l’auditorium était particulièrement bien rempli en ce froid mardi soir de novembre. ce dont on ne peut que se réjouir ; et comme le concert était en début de soirée, nous avons apprécié de voir nombre d’enfants et d’adolescents venus en famille ou dans le cadre de sorties scolaires.


L’Orchestre des Champs Élysées entame la soirée par l’interprétation de la Symphonie en sol mineur N°40. La direction de Philippe Herreweghe est ferme, nerveuse, précise et les musiciens, visiblement très en forme et soudés par une belle complicité suivent leur chef avec précision. Le thème du 1er mouvement, archi connu fait mouche et résonne dans la salle très attentive ; Les tempos et les nuances adoptés par Herreweghe sont quasi parfaits et on ne peut que saluer le bel engagement de chacun dans l’interprétation du chef d’œuvre de Mozart. Mais c’est bien l’andante, le second mouvement, qui berce doucement le public qui réserve un très bel accueil à l’ensemble des musiciens. Au retour de l’entracte, le Collegium Vocale Gent rejoint l’Orchestre des Champs Élysées et les quatre solistes invités pour la tournée européenne de ce programme Mozart de très belle tenue. La messe en UT mineur restée inachevée est pourtant un petit bijou dont le cœur est bien l’Incarnatus qui fut créé en 1783 par Constance Mozart alors juste mariée. Grand amoureux des voix en général et des voix féminines en particulier, Mozart n’a pas manqué de tendre de multiples pièges à ses interprètes, et la messe en UT mineur ne fait pas exception. Parfaitement préparé, le Collegium Vocale Gent, qui a « fêté » le cinquantième anniversaire de sa fondation par Philippe Herreweghe en 2020, donne le meilleur de lui même de la première à la dernière note. Côté solistes, si Regula Müllemann est dotée d’une belle voix de soprano, nous regrettons que la jeune femme n’ait pas de graves audibles ce qui est quelque peu handicapant quand on chante Mozart, qu’il s’agisse d’une messe ou d’un opéra. Melle Müllemann a certes une belle voix mais elle peine à passer la rampe de l’auditorium et c’est grand domage car « l’Incarnatus est » est honorablement interprété. Si nous apprécions la voix ample, charnue parfaitement maîtrisée de la mezzo soprano Sophie Harmsen qui n’intervient que dans les duos et dans les ensembles, nous regrettons qu’elle n’ait pas d’aria attribué. David Fischer (ténor) et Kresimir Strazanac (baryton basse) n’interviennent que dans les ensembles et complètent avec bonheur la distribution de cette messe en UT sublime bien qu’inachevée.


C’est un concert de toute beauté que l’Orchestre des Champs Elysées a offert à son public. Et si la symphonie fait partie des œuvres les plus jouées, (une autre symphonie moins connue, parmi les œuvres de jeunesse, aurait sans doute été bienvenue) l’Orchestre des Champs Élysées l’a interprété avec brio. Malgré les réserves émises, le quatuor de solistes qui a interprété la messe en UT mineur a donné de très belles choses à entendre.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 23 novembre 2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : symphonie N°40 en sol mineur K 550 ; messe en UT mineur K427. Regula Müllemann, soprano ; Sophie Harmsen, mezzo soprano ; David Fischer, ténor ; Kresimir Strazanac, baryton basse. Collegium Vocale Gent ; Orchestre des Champs Elysées ; Philippe Herreweghe, direction.

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