L’ensemble Ars Nova revient enfin sur la scène du Théâtre Auditorium de Poitiers

 

Grégory Vajda

Après deux ans d’absence pour les raisons que nous connaissons, l’ensemble Ars Nova, fondé par Marius Constant en 1963, revient enfin sur la scène du Théâtre Auditorium de Poitiers. Ce concert que les amoureux de musique contemporaine attendaient avec impatience s’annonce alléchant sur le papier. Si le programme de ce concert exceptionnel tourne essentiellement autour du compositeur estonien Arvo Pärt (né en 1935), Benoît Sitzia, le directeur général de l’ensemble, a ajouté des œuvres d’Igor Stravinsky (1882-1971) et de Charles Ives (1874-1954).




Contrairement à l’habitude, Benoît Sitzia a concocté une mise en espace qui utilise une partie du balcon qui se trouve, du coup, fermé au public et le concert se déroule sans aucun entracte. C’est ainsi que la première œuvre au programme de cette soirée exceptionnelle est interprétée sur le balcon. Le « Pater Noster » d’Igor Stravinsky (1882-1971) est chanté à huit voix et A Cappella ; l’exercice est périlleux et le pari risqué, mais les huit chanteurs invités par Stitzia, et installés dans le dos du public, relèvent le défi avec talent. Le travail réalisé en amont du concert, pendant la semaine de résidence donne un résultat au-delà de toute espérance. Ce Pater Noster est assez court, deux minutes environ, mais suffisamment marquant pur que l’on s’en rappelle. Parmi les autres œuvres vocales inscrites au programme, nous saluerons la belle interprétations de Ein wallfarhtslied d’Arvo Pärt (né en 1935) par Cyrille Gaudreau dont la belle voix de baryton passe bien la rampe malgré une salle mal remplie. Le Stabat Mater du même Pärt, interprété par un beau trio soprano, mezzo, ténor est tout aussi bien chanté. La mise en espace concerne aussi les instrumentistes qui jouent de divers endroits du balcon ou sur le plateau de l’auditorium dont l’espace est parfaitement optimisé. Parmi les œuvres instrumentales sélectionnées par Sitzia dans l’imposant corpus de Pärt, en activité jusqu’en 2019, et particulièrement dans sa deuxième période « tintinabulum », on retiendra essentiellement Most Holy Mother Of God, Für Alina ou encore Cantus in memory of Benjamin Britten. Très belle aussi l’intervention du pianiste Michel Maurer qui était parfaitement accompagné par les « gongs » installés en fond de scène. La direction de Grégory Vajda est précise, ferme, nerveuse, les tempos et les nuances sont quasi parfaits ; Vajda, qui est aussi compositeur est attentif autant à ses chanteurs qu’à ses musiciens et il les accompagne avec talent.


C’est un retour réussi qu’Ars Nova a réalisé au Théâtre Auditorium de Poitiers. Si nous regrettons que la salle ait été si mal remplie, le public présent a réservé un accueil très chaleureux à l’ensemble des artistes présents sur scène.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 8 novembre 2021. Igor Stravinsky (1882-1971) : Pater Noster ; Arvo Pärt (né en 1935) : Arbos, Stauit ei Domine, Trisagion, Beatus Petronius, Ein wallfarhtslied, Für Alina, Most Holy Mother Of God, Cantus in memory of Benjamin Britten,Sequentia, Stabat Mater, Arbos ; Charles Ives (1874-1954) : The unanswered question. Raphaëlle Kenedy, Maud Gnidzaz, sopranos ; Aurélie Bouglé, mezzo soprano ; Christophe Baska, contre-ténor ; Vincent Lièvre Picard, Raphaël Boulay, ténors ; cyrille Gaudreau, baryton basse ; Jan Jeroen Bredewold, basse, Michel Maurer, piano, Ensemble Ars Nova, Grégory Vajda, direction.


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