L’Orchestre des Champs Elysées investit le Théâtre Auditorium de Poitiers

 


Après un jeu de piste musical, destiné aux familles, mercredi matin, et un concert symphonique, jeudi soir, c’est un concert de musique vocale que nous propose l’Orchestre des Champs Élysées, placé en ce vendredi soir sous la direction de son sympathique 1er violon Alessandro Moccia. Nous connaissons le génie de Mozart pour la musique vocale, mais sa musique aussi superbe soit elle n’en est pas moins terriblement difficile à interpréter et le divin salzbourgeois a tendu bien des pièges à ses interprète féminines. C’est la soprano ukrainienne Kateryna Kasper qui remplace l’artiste initialement prévue et empêchée de venir en raison des restrictions liées à la crise sanitaire. 




La soirée débute par le divertimento N°11 en ré majeur, judicieusement présenté par extraits alternant avec les airs d’opéras du programme. La phalange, visiblement survoltée par la reprise de l’activité est dirigée de sa place par Alessandro Moccia. Les musiciens jouent avec une belle énergie une œuvre difficile à exécuter ; La direction d’Alessandro Moccia toute discrète qu’elle soit, n’en est pas moins nerveuse, claire, nette, précise. On ne peut que saluer la très belle interprétation d’un orchestre survolté par la reprise de l’activité culturelle. Fasciné par la voix humaine en général et plus précisément par les voix de femmes, Mozart leur a composé des mélodies de toute beauté. Mais ne nous y trompons pas, le divin Mozart, sous une apparente facilité, leur a aussi tendu des pièges souvent redoutables (les pyrotechnies de la reine de la nuit dans Die zauberflöte étant l’exemple par excellence des pièges dont nous parlons). Donc, la jeune Kateryna Kasper, soprano ukrainienne de 35 ans, interprète, pour commencer, un extrait du trop rare Rè pastore (le roi berger). Cet opéra que Mozart composa alors qu’il n’avait que 19 ans est l’une des raretés du compositeur alors qu’il y a de très belles pages ; c’est l’une d’elles, l’air d’Aminta, le roi berger, « l’amero, saro costante », que Mlle Kasper interprète avec une fraîcheur bienvenue. Rien ne manque à cette jeune et très belle artiste : voix solide, tessiture large, médium sain, graves et aigus nets, parfaitement placés. L’Orchestre des Champs Elysées accompagne la jeune femme avec talent et subtilité sans jamais couvrir Mlle Kasper. Avec l’aria de Susanna « Giunse alfin il momento … Deh vieni, non tardar » tiré des Noces de Figaro, Kateryna Kasper se permet des ornementations qui lui permettent de valoriser sa voix sans jamais forcer. Si Idomeneo, rè di Creta est plus monté que Il rè pastore il n’est pas toujours évident de trouver  des Ilia convaincantes. Mlle Kasper interprète Quando avran fine omai … Padre,germani addio avec une belle autorité sous l’archet vigilant d’Alessandro Moccia. 





C’est un concert de toute beauté que l’Orchestre des Champs Élysées a présenté à un public visiblement ravi de revenir en salle et de revoir des interprètes qu’il sait être excellents et sur motivés. Nous nous réjouissons également de découvrir Kateryna Kasper une jeune artiste lyrique dont le talent mérite grandement la reconnaissance tant en France qu’en Europe. Nous n’émettrons qu’un seul petit bémol : Mlle Kasper a une gestuelle parfois excessive, mais cela n’altère en aucun cas la très belle interprétation des trois airs choisis pour ce concert. Et le public séduit ne s’y est pas trompé en lui réservant un accueil enthousiaste ; en bis, c’est le bel aria de Pamina (Die zauberflöte) « Ach, ich fühl’s » qui nous est proposé. Cet andante sublime est magnifiquement interprété par une Mlle Kesper visiblement très émue par l’accueil reçu.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 9 juillet 2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : L’amero, saro costante (Aminta - Il re pastore), Giunse alfin il momento … Deh vieni, non tardar (Susanna – le nozze di Figaro), Quando avran fine omai … Padre,germani addio (Illia – Idomeneo, re di Creta), bis : Ach, ich fühl’s (Pamina – Die zauberflöte) ; divertimento N°11 en ré majeur. Kateryna Kasper, soprano ; Orchestre des Champs Élysées ; Alessandro Moccia, violon et direction


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