Le festival Messiaen accueille Jean François Heisser pour un récital Manoury / Beethoven de très haute volée.





Après une année 2020 compliquée qui a obligé ses responsables à annuler sa dernière édition, le festival Messiaen a rouvert ses portes le 23 juillet dernier. En ce chaud jeudi après-midi, la charmante petite église Notre Dame de l’Assomption située en haut du village de La Grave, accueille le pianiste Jean François Heisser pour un récital franco-allemand. Du compositeur Philippe Manoury (né en 1952), Jean François Heisser a interprété deux courtes études pour piano : Turbulences et Hommage à Richter (le célèbre pianiste soviétique Sviatoslav Richter (1915-1997) a fait une carrière remarquable tant en Union Soviétique qu’à l’international) et Veränderungen. Les terribles Variations Diabelli de Ludwig Van Beethoven (1770-1827) complètent un récital de très haute volée donné par l’un des meilleurs pianistes actuels.




Avant de débuter le concert, Jean François Heisser laisse la parole à Philippe Manoury (né en 1952) pour présenter les deux études choisies parmi toutes celles qu’il a composé. Pour Turbulences, il évoque les ricochets que font les cailloux quand ils entrent dans l’eau après le lancé. Quant à la seconde, Hommage à Richter, le titre parle pour Manoury qui éprouve une vive admiration pour le célèbre pianiste soviétique, au point de composer deux études dédiées à cet artiste exceptionnel. L’interprétation de Jean François Heisser est rigoureuse, dynamique et sans temps morts ; nous apprécions l’incomparable maîtrise de Jean François Heisser qui se met au service d’une partition certes courte mais complexe et pleine de pièges qu’il évite avec brio. Philippe Manoury revient sur le plateau pour parler de Veränderungen, présentée comme une sonate. Pour composer son chef d’ œuvre, Manoury s’est inspiré des variations Diabelli ; Le compositeur corrézien rappelle qu’à l’origine Ludwig Van Beethoven (1770-1827) n’était pas intéressé par le défi lancé par Anton Diabelli (1781-1858) et qu’il a changé d’avis quand il a su qu’une trentaine de compositeurs avaient été invités par le compositeur viennois à composer des variations sur la valse d’ouverture qu’il proposait. Si l’on ne retrouve pas les thèmes principaux du chef d’œuvre de Beethoven dans la musique de Manoury, il s’en est fortement inspiré pour composer Veränderungen, œuvre commandée par le musée du Louvre. Là encore Jean François Heisser met au service du chef d’œuvre de Manoury une maîtrise incomparable, une technique impeccable et un engagement total. On ne peut qu’être admiratifs de l’interprétation forte, claire, nette, précise de Jean François Heisser qui joue le Steinway mis à sa disposition avec un brio et une maestria rares.


Après un entracte inattendu, le temps de ré-accorder le piano, qui en avait bien besoin après la fin de Veränderungen, Jean François Heisser interprète les Variations Diabelli de Ludwig Van Beethoven (11770-1827). Heisser connaît parfaitement ces variations, au nombre de trente trois, qu’il interprète régulièrement en récital ; la valse de départ donne le ton de cette seconde partie. L’interprétation du chef d’œuvre de Beethoven sera claire, nette, précise ; les tempi et les nuances de Jean François Heisser sont impeccables et on ne peut que saluer la superbe lecture du pianiste qui, comme apaisé après une première partie très intense, caresse les touches du piano avec un calme olympien sans pour autant se déconcentrer. Parmi tous les thèmes de ces variations, on notera le rappel au Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) qui avait grandement impressionné Beethoven en son temps.


C’est un récital de très haute volée auquel nous avons assisté en ce chaud jeudi d’été. Jean François Heisser a donné vie à trois œuvres complexes, piégeuses et d’une rare intensité. Les deux études et le Veränderungen de Philippe Manoury ont trouvé en cette après midi particulière un interprète remarquable auquel le compositeur corrézien a rendu un hommage grandement mérité. Quant aux variations Diabelli, la lecture d’Heisser est sans cesse renouvelée et toujours idéale ; on ne saurait douter que Beethoven eût apprécié l’interprétation d’Heisser qui a clôturé son récital d’une manière quasi parfaite.


Compte rendu, concert. La Grave. Église Notre Dame de l’Assomption, le 29 juillet 2021. Philippe Manoury (né en 1952) : études pour piano (extraits), Veränderungen - deuxième sonate pour piano ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : variations Diabelli. Jean François Heisser, piano.

 

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