La dixième édition du festival de Chambord ouvre en fanfare


 


Le festival de Chambord, qui célèbre enfin, et après plus d’un an de fermeture, sa dixième édition, ouvre ses portes à un public impatient de retourner dans les salles de théâtre. A l’origine, le concert d’ouverture devait se dérouler dans le parc du château avec l’Insula Orchestra dirigé par Laurence Equilbey, mais l’évènement a finalement été annulé. Cela étant dit, la réputation de l’Orchestre Centre-Val de Loire / Tours n’est plus à faire et ce très bel orchestre a aussi son mot à dire. Placé sous la direction de la cheffe d’orchestre coréenne Sora Elizabeth Lee, il interprète en ce samedi si particulier des symphonies de deux compositeurs qui se sont croisés brièvement en 1787 sans pour autant entretenir aucunes relations par la suite. De Ludwig Van Beethoven (1770-1827), qui avait une grande admiration pour son aîné Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) la phalange a présenté la symphonie N°3 en mi bémol Majeur « eroïca,». La seconde œuvre de la soirée, est une symphonie de Mozart très populaire mais également très controversée qui nous a été présentée, la Symphonie concertante K297 b pour hautbois, clarinette, cor et basson.



Jean d’Haussonville, directeur général du domaine national de Chambord, ouvre le festival avec un court mot d’accueil avant que la soirée ne commence. Et c’est par l’interprétation de la symphonie concertante K 297 b pour hautbois, clarinette, cor basson et orchestre de Wolfgang Amadeus (1756-1791) que le concert de l’Orchestre Centre-Val de Loire / Tours débute. D’entrée de jeu la jeune cheffe d’orchestre Sora Elizabeth Lee donne le ton de la soirée : Le concert sera dynamique, la direction sera nerveuse, claire, nette, précise, sans concessions. L’introduction orchestrale est dirigée de main de maître par la jeune femme qui donne les départs avec une précision millimétrée et qui vit si totalement la musique qu’elle semble comme hors du temps ; et d’ailleurs, on ne peut qu’être impressionnés par la parfaite maîtrise de cette toute jeune cheffe qui commença sa carrière d’instrumentiste soliste dès l’âge de 8 ans. Côté solistes, ce sont les chefs de pupitres de l’Orchestre Centre-Val de Loire / Tours qui sont sur le devant de la scène. Laura Perrine-Martin (hautbois), François Petit (clarinette), Olivier Hirel (basson) et Julie Moreau (cor) sont en grande forme et le dialogue avec l’orchestre est une véritable pépite que Sora Elizabeth Lee cisèle avec un art consommé. Chaque solo, chaque ensemble, chaque thème est développé avec une finesse incomparable tant par l’orchestre que par les solistes.


Après une courte pause, le temps de faire sortir l’orchestre et d’aménager le plateau pour l’autre œuvre du programme, Sora Elizabeth Lee revient pour diriger la symphonie N°3 en mi bémol majeur « eroïca » de Ludwig Van Beethoven (1770-1827). Cette symphonie, aussi connue que ses petites sœurs comme la N°5, la pastorale (symphonie N°6) ou la N°9 avec solistes et chœur mais peut-être pas aussi populaire, elle n’en regorge pas moins de thèmes connus parfois un peu martiaux, mais très reconnaissables . Sora Elizabeth Lee prend le chef d’œuvre de Beethoven à bras le corps ; l’énergie incomparable de cette jeune femme entraîne le public dans l’univers du compositeur bonnois, la direction est nerveuse,ferme, au cordeau et c’est d’autant plus important que la musique de Beethoven est particulièrement complexe et piégeuse malgré son apparente facilité. Mais ni Sora Elizabeth Lee, ni l’orchestre ne tombent dans la facilité et donnent une lecture remarquablement dynamique et fluide de cette symphonie « fleuve », elle a quatre mouvements, et par moments martiale.


C’est un concert d’ouverture remarquable auquel nous avons assisté. Et même si l’orchestre n’était finalement pas celui prévu à l’origine, cette soirée particulière nous aura permis d’écouter quatre solistes exceptionnels, un orchestre réputé et une toute jeune cheffe dont l’énergie et la « gnaque » ont insufflé un souffle et une vie incroyables dans cette cour royale bien remplie par un public visiblement ravi de revenir enfin assister à des concerts dans un site aussi somptueux.


Compte rendu, concert. Chambord. Cour du château, le 3 juillet 2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie concertante K 297 b pour hautbois, clarinette, cor et basson ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Symphonie N°3 en mi bémol majeur « eroïca ». Laura Perrine-Martin, hautbois ; François Petit, clarinette ; Olivier Hirel, basson ; Julie Moreau, cor. Orchestre Centre-Val de Loire / Tours ; Sora Elisabeth Lee, direction.

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