Ludovic Tézier enregistre enfin son premier CD : Verdi à l’honneur de ce premier récital

 



Reconnu de longue date comme l’un des meilleurs barytons Verdi en activité, Ludovic Tézier qui a triomphé au festival Verdi de Parme en octobre dernier (rôle titre dans Macbeth, gala verdiano), sort enfin, sous le label Sony Classical, son premier récital Verdi. L’évènement est d’autant plus remarquable que le baryton marseillais a attendu d’avoir atteint la cinquantaine pour se lancer dans un exercice certes périlleux mais largement réussi. C’est accompagné par l’orchestre du Teatro Comunale de Bologne, placé pour l’occasion sous la baguette de Frédéric Chaslin, que Ludovic Tézier interprète avec gourmandise un compositeur qui a laissé à la postérité quelques uns des plus beaux airs pour baryton du répertoire romantique italien.



D’emblée on note la forme vocale éblouissante de Ludovic Tézier qui est au sommet de son art. Avec la terrible scène de Carlo « Morir ! Tremenda cosa ! Urna fatale del mio destino … Ah, egli è salvo ! Immensa gioia » extraite de La forza del destino, Tézier donne le ton de son premier récital CD ; on peut cependant regretter que les dialogues soient purement et simplement supprimés. Si cela ne pose pas de problèmes pour La forza, pour la mort de Rodrigue « C’est moi Carlos … C’est mon jour suprême… Carlos, écoute » et pour son pendant italien « Son io mio Carlo… Per me giunto è il di supremo… O Carlo ascolta » c’est plus gênant car les échanges entre Carlos et Rodrigue sont quand même plus « consistants » que dans l’extrait de La forza del destino choisi pour le présent CD. L’interprétation de la mort de Posa n’en est pas moins magistrale et l’on ne peut qu’apprécier le fait que le texte a autant d’importance que la musique ; Tézier cisèle avec un art consommé chaque mot, chaque note sans jamais faiblir ni tomber dans la facilité. Si nous apprécions les extraits d’Ernani (malgré la coupure des dialogues au montage), nous saluerons la magnifique interprétation de l’air de Ford, extrait de Falstaff, « E sogno ? O realta ? », air qui permet à Ludovic Tézier de libérer toute la jalousie et l’angoisse de Ford qui, confronté à une épouse incontrôlable, ne sait plus que faire pour rétablir son autorité. Superbes également les interprétations de Macbeth (« Perfidi, al’anglo contro me, v’unite ! Pieta, rispetto, amore »), Rigoletto (« Cortigiani, vil razza, dannata ») et de La traviata (« Di Provenza, il mar, il sol »).Pour accompagner Ludovic Tézier, l’orchestre du Teatro Comunale de Bologne est placé pour l’occasion sous la direction attentive de Frédéric Chaslin. Si on ne peut qu’apprécier la très belle musicalité du chef français, qui connaît fort bien son Verdi on regrettera qu’il manque un petit brin de folie tant dans l’interprétation des introductions musicales que dans l’accompagnement des airs et scènes choisis pour le présent CD. Cependant, ne nous y trompons pas, malgré les réserves émises, c’est un très bel orchestre qui, placé sous la direction d’un chef chevronné, accompagne le baryton marseillais avec panache.


Si on peut regretter qu’il n’y ait pas un petit brin de folie supplémentaire sur un plan strictement musical et que des raretés comme Stiffelio, I lombardi, Jérusalem ou La battaglia di Legnano, par exemple, n’aient pas été programmées, on ne peut que saluer la sortie de ce premier récital en CD qui nous permet d’écouter ou de réécouter quelques uns des plus beaux airs pour baryton de Verdi.


Compte rendu, CD. Giuseppe Verdi (1813-1901) : La forza del destino : Morir ! Tremenda cosa ! Urna fatale del mio destino … Ah, egli è salvo ! Immensa gioia (Don Carlo di Calatrava) ; Don Carlos : C’est moi Carlos … C’est mon jour suprême… Carlos, écoute (Rodrigo, marquis de Posa) ; Ernani : E questo il loco ? Costor sui sepolcrali marni… Oh de’ verd’anni miei (Don Carlo) , vieni meco, sol di rose (Don Carlo) ; Falstaff : E sogno ? O realta ? (Ford) ; Il trovatore : Tutto è deserto… Il balen del suo sorriso (Conte di Luna) ; La traviata : Di provenza il mar, il suol (Germont) ; Macbeth : Perfidi, al’anglo contro me, v’unite ! Pieta, rispetto, amore… ; Nabucco : Dio di Giuda ! L’ara, il tempio… ; Otello : Vanne. La tua meta gia vedo… Credo in un Dio crudel (Jago) ; Rigoletto : Cortigiani, vil razza, dannata (Rigoletto) ; Un ballo in maschera : La vita che t’arride (Renato), Alzati, là tuo figlio … Eri tu che macchiavi quell’anima (Renato) ; Don Carlo : Son io moi Carlo… Per me giunto è il di supremo… O Carlo ascolta (Posa). Ludovic Tézier, baryton, Orchestre du Teatro Comunale de Bologne. Frédéric Chaslin, direction. 1 CD Sony Classical.

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