Les amours d'un rossignol : Les adieux de la Simphonie du Marais en forme de feux d'artifices

Après trente-trois ans d'une existence très active et prolixe en événements divers et variés, Hugo Reyne, chef et fondateur de la Simphonie du Marais, a annoncé en août 2019 la fin programmée de l'ensemble pour le mois de septembre 2020, après un ultime concert donné au chateau de la Chaboterie. Parmi tous les engagements de l'ensemble pour cette saison à la fois exceptionnelle et poignante, on note l'enregistrement d'un ultime CD consacré aux amours du rossignol. Amours dont le chant est ici symbolisé par le flageolet, l'une des innombrables formes de flûtes qui existent et dont Hugo Reyne joue avec talent. Dans la notice, écrite par Hugo Reyne lui même, on apprend qu'il existe treize formes différentes de flageolets ; instruments que le flûtiste utilise dans les diverses pièces gravées sur le coffret. Nous apprécions aussi le fait que le coffret contienne aussi un DVD qui présente l'ensemble des flageolets existants.

La période couverte par les musique choisies va du XVIIe siècle au tout début du XXe siècle ; on notera aussi que ce sont principalement des compositeurs français et anglais (le cas de George Friedrich Haendel (1685-1759) est particulier puisque né allemand il s'installa et vécut à Londres ou il composa ses œuvres les plus connues) qui sont au programme de c etrès beau coffret. Après que Hugo Reyne nous ait fait la surprise de fredonner « A la claire fontaine » de manière claire, nette, précise nous notons que les premières pièces jouées sont assez courtes ; cela étant dit elles ont le mérite de présenter les différentes formes de flageolets existants et dont Hugo Reyne parle si bien. Pour illustrer le propos de Reyne, très inspiré, ce sont des pièces composées par Thomas Greeting (vers 1640-1682), John Banister (1630-1679) et Mr Hill (vers 1700- ?) que le flûtiste, qui joue seul, a choisi d'interpréter. Etant donné le nombre très important de concertos pour flûte ou flageolet existants, Hugo Reyne a du faire des choix cornéliens. Et nous retiendrons la très belle interprétation des concertos de Georg-Friedrich Haendel (1685-1759) qu'Hugo Reyne dirige avec style, nerveusement, sans temps mort. On ne peut qu'admirer la sûreté de métier de ce chef charismatique qui s'implique si totalement dans son travail de chef. Nous notons avec plaisir qu'Hugo Reyne, en grand défricheur de talents qu'il est a programmé des compositeurs fort peu connus ; compositeurs dont les œuvres pour flageolet seul, ou pour flageolet et basse continue ou pour flageolet et orchestre sont délicieusement charmantes et pleines d'entrain. Dans ce large catalogue d'oeuvres on notera la charmante sérénade N°1 de Edmé Collinet (Collinet père, 1765-1841) ou encore deux très belles œuvres de Michel Yost (vers 1754-1786) : quatuor N° 1 opus 2 pour flageolet et cordes ; concerto N°5 pour flageolet et orchestre. La délicieuse romance « Le dépit de la bergère » d'Hector Berlioz (1803-1866) pour flageolet et piano entraine l'auditeur dans une douce rêverie. On notera aussi le trait d'humour d'Hugo Reyne qui termine ce double CD remarquable comme il l'avait commencé, avec A la claire fontaine.

Si on ne peut que se réjouir de voir que la Simphonie du marais s'est surpassée pour son ultime opus, nous regrettons aussi que ce si bel orchestre se sépare après son dernier concert (prévu samedi 19 septembre au château de la Chaboterie). Nous saluons aussi le choix d'Hugo Reyne de mettre en avant autant de compositeurs largement méconnus qui ont pourtant composé des pages de toute beauté. Nous souhaitons bon vent et plein succès à Hugo Reyne et aux musiciens que nous espérons revoir au gré de nos pérégrinations.

Compte rendu, critique. CD événement. Musiques de Thomas Greeting (vers 1640-1682) ; John Banister (1630-1679) ; Mr Hills (vers 1700-[?]) ; Jean Pierre Freillon-Poncein (vers 1655-vers 1720) ; Martin Hottelerre (vers 1635-vers 1712) ; Georg-Friedrich Haendel (1685-1759) ; François-Adrien Toulan (1761-1794) ; Michel Yost (vers 1754-1786) ; Nicolas Pfeilsticker (vers 1780- vers 1820) ; Frédéric [Anna-Friedrike] Heinel (1753-1808) ; Hector Berlioz (1803-1869) ; Edmé Collinet (Collinet père, 1765-1841) ; Eugène Roy (1790-1827) ; Louis Julien (1812-1860) ; Philippe Musard (1792-1859) ; Jean Carnaud (Carnaud père, 1781-1861) ; Narcisse Bousquet (1800-1869) ; Eugène Damaré (1840-1919). La simphonie du Marais. Hugo Reyne, flageolet et direction.