Un noël russe orthodoxe de toute beauté s'invite en l'église Notre Dame La Grande
La
période de l'Avent est une période de recueillement, de prière et
de méditation pour l'ensemble de la chrétienté, que l'on soit
catholique, protestant ou orthodoxe. C'est aussi l'occasion
d'assister à un ou plusieurs des nombreux concerts qui sont donnés
un peu partout en France. C'est ainsi que nous avons eu l'occasion
d'écouter, en ce froid mercredi soir, l'excellent choeur d'hommes
Alexandre Nevski de Saint Petersbourg. D'abord programmé en l'église
Saint Porchaire, située en plein cœur de Poitiers, le concert a
finalement été délocalisé en l'église Notre Dame La Grande
située un peu plus loin et dont l'accoustique est par ailleurs
excellente. C'est un « détail » d'autant plus important que
l'ensemble chante A cappella ; un pari difficile que les chanteurs de
l'ensemble relèvent brillamment.
La
première partie du concert étant consacrée aux chants et prières
du noël orthodoxe russe, il nous a été demandé de ne pas
applaudir entre les mélodies, prières et psaumes qui composent le
début de la soirée. Donc, le concert débute à l'entrée de la nef
ou l'ensemble, qui compte neuf chanteurs, chef inclus, s'est installé
pour la première mélodie. Pour la procession, qui suit imméditement
et nous permet d'entendre chacune des neuf voix au plus près,
l'ensemble chante « Ta nativité Seigneur notre Dieu » avec
une maîtrise inégalable ; les neuf artistes chantent parfaitement
juste, la ligne de chant est impeccable, les voix parfaitement
contrôlées. C'est d'autant plus remarquable que, comme nous le
rappellons régulièrement, chanter A Cappella est un exercice
particulièrement difficile que le choeur Alexandre Nevski réussit
avec talent. Nous apprécions aussi de voir que les chanteurs
s'approprient l'espace du choeur avec simplicité ; les déplacements,
millimétrés et peu nombreux permettent de mettre en avant qui un
soliste, qui un double choeur, accentuent l'impression de
recueillement qui envahit d'entrée de jeu l'église Notre Dame La
Grande. Si nous apprécions la direction discrète, ferme, sans excès
de Boris Satsenko qui dirige au sein même de l'ensemble, nous sommes
également séduits par la belle voix de ce jeune homme, excellent
musicien, chef talentueux qui intervient régulièrement comme
soliste. C'est surtout « Recevez le corps du Christ » qui
nous permet de profiter de cette si belle voix de ténor. Et
cependant c'est l'impressionnante voix de basse de Kiriil Botov qui
interpelle, tant la tessiture grave et apaisante met en valeur chaque
verset des psaumes et prières présentés. C'est Kiriil Botov qui
entonne les proclamations seul comme dans « En paix, prions le
Seigneur » ou en alternance
avec les autres solistes comme dans «Dieu est avec nous ».
Après
une pause bienvenue et méritée, qui lui a permis d'échanger la
soutane contre un costume plus classique, l'ensemble revient pour
interpréter des chants populaires russes. Le programme de cette
seconde partie de soirée nous fait voyager en Russie, Pologne,
Ukraine … Comme en première partie, nous apprécions la parfaite
maîtrise tant vocale que technique de ces hommes qui proposent à un
public sous le charme des chants très doux, voire intimistes, et des
mélodies joyeuses et entraînantes qui nous permettent de découvrir
un autre visage, par ailleurs souvent méconnu, de ces contrées à
la culture millénaire. Si les trois premières mélodies (Koleda,
Saint Soir, Les anges sont apparus au dessus de la crèche)
courtes mais charmantes, séduisent un public conquis, ce sont
surtout des chansons comme Le carillon sonne ou Entre le
bœuf et l'âne gris qui trouvent un écho particulier ; l'une
pour son rythme joyeux et vif, l'autre parce qu'elle est chantée
dans un français parfaitement compréhensible par le ténor Sergueï
Tcipilev.
Même
si l'on peut regretter que l'église Notre Dame La Grande n'ait été
qu'à moitié remplie, c'est un concert de haute volée auquel nous
avons assisté. Le choeur d'hommes Alexandre Nevski de Saint
Petersbourg propose un Noël russe de très belle tenue et fait
découvrir les traditions orthodoxes relativement méconnues en
France ainsi que des mélodies populaires du répertoire russe. Avec
« Entre le bœuf et l'âne gris » l'hommage au noël catholique est
d'autant plus apprécié que le soliste a une diction idéale. Et le
public apprécie si fort la soirée qui llui est proposée qu'il
réserve aux neuf chanteurs un accueil plus que chaleureux. Comme
bis, l'ensemble chante « Douce nuit » en russe, en allemand et en
français ; et, là encore, nous apprécions la diction parfaite de
ces excellents chanteurs auxquels nous souhaitons une tournée pleine
de succès.
Compte
rendu, concert. Poitiers. Eglise Notre Dame La Grande, le 3 décembre
2019. 1ère partie : Magnifie Ô
mon âme (introduction), Ta nativité Seigneur Notre Dieu
(procession). Ta nativité Seigneur Notre Dieu - La vierge en ce jour
enfante l'Eternel ; Bénis le Seigneur Ô mon âme ; En paix prions
le Seigneur ; Dieu est avec nous ; Quel Dieu est grand comme notre
Dieu ; Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton serviteur ;
Accomplissons notre prière véspérale ; Le Christ nait, glorifiez
le ; Gloire à Dieu au plus haut des cieux ; recevez le corps du
Christ (chant de la Sainte Communion) ; Que retentissent nos accents
de victoire. 2de partie : trois
koliadkys de Russie (Koleda, Saint Soir, Les anges sont apparus au
dessus de la crèche) ; La séparation ; Le carillon sonne ; Chanson
d'Oleg le très sage ; On raconte dans la forêt ; Quand la Vierge
berçait son Fils ; Entre le bœuf et l'âne gris ; C'est bon de
vivre, frères ; bis : Douce nuit
chanté en russe, en allemand et en français. Gavriil Andreev,
baryton ; Evguenii Klikov, baryton ; Aleksei Barashev,
ténor ; Grigorii Jutchkovskii, baryton ; Sergueï
Tcipilev, ténor ; Serguei Goloushkin, baryton ; Kiriil
Botov, basse. Choeur d'hommes Alexandre Nevski de Saint
Petersbourg. Boris Satsenko, ténor et direction.
Commentaires
Enregistrer un commentaire