L'Orchestre des Champs Elysées débute sa saison 19/20 avec un concert Beethoven.
Après
un très beau concert Offenbach donné par l'Orchestre de Chambre
Nouvelle Aquitaine jeudi dernier, c'est l'Orchestre des Champs
Elysées qui ouvre sa saison 19/20 au Théâtre Auditorium de
Poitiers. Pour cette première soirée c'est Alessandro Moccia, le
sympathique 1er violon de la phalange, qui assure la direction d'un
concert qui s'annonce remarquable. En ce jeudi soir c'est un
programme consacé à Ludwig Van Beethoven (1770-1828) qui est
proposé au public pictavien ; les responsables de l'Orchestre des
Champs Elysées ont invité l'excellent pianiste russe Yuri Martynov
pour interpréter le concerto pour piano N°1.
Des
neuf symphonies que Ludwig Van Beethoven composa pendant sa carrière,
seule la neuvième est devenue mythique, notamment grâce à son ode
à la joie, devenu l'hymne européen depuis de longues années. Quant
aux thèmes de la pastorale (la 6e) et de la cinquième ils font
partie de la culture «populaire» sans pour autant atteindre les
sommets de leur illustre petite sœur. Ce n'est pourtant aucune de
ces trois œuvres qui a été donné en ce jeudi soir à
l'auditorium mais la première d'entre elles. Créée le 21 avril
1800 cette symphonie a fait couler beaucoup d'encre, pas par sa
structure, somme toute très traditionnelle, elle suit encore celle
imposée par Joseph Haydn (1732-1809) puis Wolfgang Amadeus Mozart
(1756-1791), mais plutôt par l'importance de l'orchestre, dont
certains pupitres sont mis en valeur de manière inattendue, doublés,
créés (comme les contrebassons, par exemple). Ajoutons à cela que
le menuet très attendu et apprécié par le public viennois sera
bientôt remplacé par un scherzo. Et le menuet du chef d'oeuvre de
Beethoven, vif, dynamique, « tonitruant » a bousculé un public
viennois peu préparé à des changements aussi importants. Pour ce
concert d'ouverture Philippe Herreweghe laisse sa baguette de chef
d'orchestre à Alessandro Moccia qui dirige la phlange depuis le
pupitre de 1er violon. L'Orchestre des Champs Elysées entame le chef
d'oeuvre de Beethoven avec la fougue qui le caractérise. L'orchestre
met en valeur avec talent chaque thème sans jamais chercher à en
faire trop ; chaque note est ciselée, chaque nuance travaillée au
cordeau. Chacun des quatre mouvements de la symphonie, dont le fameux
menuet, qui n'en est déjà plus vraiment un dans l'esprit
bouillonnant de Beethoven, est interprété avec dynamisme, sans
excès par un Orchestre des Champs Elysées visiblement très
inspiré.
Au
retour de l'entrate l'orchestre accueille le pianofortiste russe Yury
Martynov. Cet élève de Mikhaïl Voskressentsky joue aussi bien du
piano que du clavecin ou du piano forte ; jeudi soir, c'est sur un
pianoforte qu'il interprète le concerto pour piano N°1 de
Beethoven. Composé et créé une première fois en 1795, Beethoven
l'a repris plusieurs fois jusqu'en 1800, année ou son chef d'oeuvre
a été re-créé sous sa forme définitive. Visiblement très
inspiré par le chef d'oeuvre de Beethoven, Yury Martynov
l'interprète avec talent et simplicité. Dès les premières notes,
le pianiste joue sur les nuances avec un talent rare, il explore
chaque thème avec sensibilité sans jamais martyriser son instrument
dont il utilise la pédale avec un art consommé. Nous apprécions
une interprétation à la fois précise, claire, nette, sobre qui
donne au premier des concertos de Beethoven un feu d'artifices de
couleurs et de sonorités somptueuses. Quant à l'Orchestre des
Champs Elysées, il accompagne Yury Martynov avec une attention digne
des meilleurs ; à aucun moment les musiciens ne couvrent Martynov.
L'orchestre et le pianiste dialoguent « de concert », s'écoutant
et se parlant avec une attention peu commune. Le public ne s'y trompe
pas qui réserve un accueil très enthousiaste tant à l'orchestre
qu'à Martynov qui concède deux bis qui nous permettent d'apprécier
grandement l'immense talent de soliste de Yury Martinov. Avec la
bagatelle N°32 op 47 de Beethoven on reste dans l'ambiance ; mais
c'est la célèbrissime Marche Turque de Wolfgang Amadeus
Mozart (1756-1791) qui provoque un bel enthousiasme dans la salle
tant Martynov y met de cœur et de passion.
C'est
un très beau concert que l'Orchestre des Champs Elysées a offert au
public poitevin. Après un programme consacré à Offenbach donné
tout juste une semaine avant par l'Orchestre de Chambre Nouvelle
Aquitaine, c'est donc un programme 100 % Beethoven que nous ont
proposé Alessandro Moccia et Yury Martynov. Programme d'autant mieux
accueilli qu'il nous présentait deux œuvres certes remarquables
mais moins jouées que les illustres « petites sœurs » de la 1ère
symphonie de Beethoven.
Compte
rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 17 octobre 2019. Ludwig
Van Beethoven (1770-1828) : Symphonie N°1, concerto pour piano
N°1, barcarolle op47 N°32 (bis N°1) ; Wolfgang Amadeus Mozart
(1756-1791) : Marche Turque (bis N°2). Yury Martynov,
pianoforte ; Orchestre des Champs Elysées. Alessandro Moccia, 1er
violon et direction.
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