L'Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine ouvre sa saison 2019/2020 en collaboration avec les Soirées Lyriques de Sanxay
Après
un été riche en évènements divers et variés, l'Orchestre de
Chambre de Nouvelle Aquitaine revient au Théâtre Auditorium de
Poitiers, auquel il est associé, avec un programme léger et très
réjouissant. En effet, ce premier concert de la saison qui débute,
monté en collaboration avec Les soirées lyriques de Sanxay, est
entièrement consacré au compositeur franco-allemand Jacques
Offenbach (1819-1880). Pour ce concert qui s'annonce remarquable, les
responsables des deux structures ont invité quatre artistes lyriques
français talentueux et prometteurs. C'est aussi l'occasion de
(re)découvrir le chef d'orchestre Laurent Campellone invité par
Jean François Heisser à diriger la phalange pour son premier
concert de la saison. Nous apprécions aussi de voir que le programme
allie savamment tubes et raretés ; appréciables également les
extraits uniquement musicaux tirés de La gaîté parisienne,
fussent-ils arrangés, qui permettent de reprendre son souffle entre
deux extraits vocaux.
L'Orchestre
de Chambre Nouvelle Aquitaine entamme ce concert par l'ouverture
de La grande duchesse de Gérolstein. Nous regretterons une
interprétation un peu rapide et des nuances pas toujours au
rendez-vous mais Laurent Campellone prend son orchestre en
main avec une parfaite sûreté de métier. Nous apprécions égalment
une direction ferme et dynamique ; une qualité nécessaire quand
s'attaque à Offenbach. C'est la jeune mezzo soprano Delphine
Haïdan qui ouvre la soirée vocale ; si son « Dites lui qu'on
l'a remarqué » est techniquement excellent, on regrettera une
fâcheuse tendance à poitriner et à forcer sur le registre grave au
détriment du médium et des aigus ; c'est d'autant plus dommage que
la voix est saine, solide, avec une large tessiture. En revanche
Mélanie Boisvert séduit dès sa première entrée en
interprétant un magnifique « Les oiseaux dans la charmille » tiré
des Contes d'Hoffmann. Elle ne tombe pas dans le piège tendu par
Offenbach qui a composé un aria tendu à l'extrême ; le médium et
le grave sont magnifiques quand aux aigus, ils sont éclatants. Il
nous paraît étrange, en revanche, d'avoir choisi la chanson de
Kleinsach pour introduire le ténor Avi Klemberg ; Hoffmann a
quand même des airs autrement plus consistants dans les trois actes
de l'opéra qui lui permettent de s'exprimer plus librement.
L'interprétation de Klainsach est certes de très belle tenue mais
sans les choeurs et les « complices » d'Hoffmann, cette chanson de
Kleinsach ne ressemble plus à grand chose. Fort heureusement nous
avons d'autres sujets de satisfactions dans la suite du concert pour
ne pas bouder notre plaisir. A commencer par l'air de Vertigo extrait
du très rare Pépito ; l'excellent baryton Olivier Grand
prend un réel plaisir à jouer la comédie, chantant à l'occasion,
et avec la complicité du chef quelques notes de Largo al factotum
(Le barbier de Séville (Gioachino Rossini [1797-1868]). Dans les
duos sélectionnés on notera le « Je suis alsacienne, je suis
alsacien » extrait de Lischen et Fritzschen tout aussi rare que
Pépito et tout aussi pétillant. L'on apprécie aussi de voir
ressortir des placards Pomme d'api (le délicieux trio du grill est
interprété avec une fraîcheur rafraichissante par Boisvert,
Klemberg et Grand) et Tromb-al-ca-zar (avec son très drôle trio du
jambon de bayonne). Le duo de la mouche (Orphée aux enfers) et le
galop « ce bal est original » terminent un concert haut en
couleurs.
Si
on peut regretter des tempi parfois un peu rapides et des nuances pas
toujours au rendez-vous, du coup les chanteurs sont parfois couverts,
nous avons assisté à un concert de très belle tenue avec quatre
solistes dotés de fort belles voix. Laurent Campellone a aussi eu
l'excellente idée de ressortir des placards des raretés que nous
espérons enfin voir montées sur scène.
Compte
rendu concert. Poitiers. Auditorium, le 10 octobre 2019. Jacques
Offenbach (1819-1880) : Les contes d'Hoffmann : Les
oiseaux dans la charmille (Olympia), la chanson de Kleinsach
(Hoffmann), barcarolle (Giulietta/Nicklauss) ; La grande duchesse
de Gerolstein : Dites lui qu'on l'a remarqué (la grande
duchesse) ; Pépito : A tous les métiers, moi j'excelle
(Vertigo) ; Lischen et Fritzschen :
Je suis alsacienne, je suis alsacien ; Pomme d'api :
trio du grill ; La gaité parisienne : extraits
musicaux (arrangements de Manuel Rosenhal) ; La périchole :
Ah quel dîner je viens de faire (Périchole) ; Tromb-al-ca-zar :
trio du jambon de Bayonne ; Les brigands : trio des marmitons
; Orphée aux enfers : duo de la mouche ; Galop « Ce bal est
original » . Mélanie Boisvert, soprano ; Delphine Haïdan, mezzo
soprano ; Avi Klemberg, ténor ; Olivier Grand, baryton. Orchestre de
Chambre Nouvelle Aquitaine. Laurent Campellone, direction.
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