Un récital exceptionnel en plein air : Le violoniste Renaud Capuçon enflamme le festival de Rocamadour
Poursuivant
notre périple lotois, nous posons nos valises pour quelques jours à
Rocamadour, dont le festival de musique sacrée prend une importance
grandissante. Pour le premier concert de notre séjour amadourien,
nous assistons à un concert d'autant plus exceptionnel que le
soliste invité n'est autre que le célèbre violoniste Renaud
Capuçon. Après quelques inquiétudes au sujet de la météo, car la
soirée se déroulait en plein air, nous nous installons dans la
prairie ou sont installés deux mille sièges et le plateau ; la
popularité de Renaud Capuçon est telle que la totalité des sièges
était occupée. Au programme, deux compositeurs très importants
dans l'histoire de la musique : Jean Sébastien Bach (1685-1750),
dont on connaît au moins deux cent cantates, composées pour les
offices religieux et Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893). En ce
jeudi soir, ce sont trois concertos pour violon de Bach et la
sérénade en UT majeur de Tchaïkovski qui ont été présentés au
public. A l'époque de Bach, le concerto était encore à ses débuts
et la forme n'était pas celle que nous connaissons actuellement,
mais il a contribué à en poser les bases.
Malgré
le froid, nous avons le privilège d'assister à un concert
remarquable. D'emblée, nous notons que Renaud Capuçon joue son
violon avec une souplesse et une fluidité inégalables ; l'archet
vole sur l'instrument sans efforts produisant un son aérien qui
envahit le site du concert. La première partie du concert est
consacrée à Jean Sébastien Bach. Si le kantor de Leipzig est
surtout connu pour sa musique sacrée (plus de quatre cent cantates
dont la moitié nous est parvenue, deux passions … ) il a aussi
composé de la musique pour violon. Si les concertos brandebourgeois
sont les plus connus, il a laissé d'autres œuvres tout aussi
charmantes et pleines de vie. Pour accompagner Renaud Capuçon, c'est
l'ensemble Lausanne Soloists qui a été invité ; c'est aussi
l'occasion pour le violoniste de diriger un très bel orchestre pour
cordes. On ne peut que saluer une très belle performance tant comme
chef d'orchestre que comme violoniste ; Bach a trouvé un ambassadeur
d'exception. Capuçon fait ressortir avec talent et grâce les
couleurs de chacun des trois concertos composés au même moment que
les brandebourgeois mais « indépendants » les uns des autres. On
peut regretter que, pour le BWV 1043, Capuçon ait eu une partenaire
certes douée mais moins élégante et plus axée sur la technique.
Au
retour de la pause, Renaud Capuçon et Les Lausanne Soloists nous
emmènent dans la Russie du XIXe siècle. Pour la très belle
sérénade en UT majeur pour cordes de Piotr Illitch Tchaïkovski,
Renaud Capuçon prend la place de 1er violon et s'installe au milieu
des autres instrumentistes ; et c'est de sa nouvelle place qu'il
dirige l'orchestre. La musique de Tchaïkovski est charmante, vive et
pleine de thèmes typiquement russes, même si c'est surtout le
dernier mouvement – le quatrième – qui est intitulé « thème
russe » . L'interprétation de Capuçon et de son orchestre d'un
soir est dynamique, vive, élégante ; nous apprécions d'entendre
des nuances ciselées avec un art consommé.
Nous
avons assisté à un concert de toute beauté mené de main de maître
par un Renaud Caapuçon en grande forme. Si le programme fait un
grand écart, il permet à Renaud Capuçon, survolté par le défi
que constitue toujours un peu l'installation d'une salle en plein
air. Le défi a d'ailleurs été relevé avec panache tant par
Capuçon que par les Lausanne Soloists.
Compte
rendu, concert. Rocamadour. Vallée de l'Alzou, le 15 août 2019.
Jean Sébastien Bach (1685-1750) : concerto pour violon BWV
1041, concerto pour violon BWV 1042, concerto pour violon BWV 1043 ;
Piotr Illitch Tchaïkoski (1840-1893) : sérénade pour cordes
en UT majeur op.48 . Lausanne Soloists ; Renaud Capuçon, violon et
direction.
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